Accueil / Méthodologie / La boîte à outils de la Pleine conscience au travail / En pleine conscience dans ses activités / Le centre de gravité interne
La boîte à outils de la Pleine conscience au travail
Chapitre VII : En pleine conscience même en situation de stress
Fiche 03 : Les manifestations de notre insécurité interne
- Retrouvez 6 fiches outils dans ce chapitre
- Publié le 1 déc. 2017
La boîte à outils de la Pleine conscience au travail
8 chapitres / 56 fichesVoir les manifestations de notre insécurité intérieure
En résumé
Les manifestations de notre insécurité interne se sont construites depuis notre tendre enfance, lorsque nous avons composé avec le monde extérieur, cherchant à protéger notre sensibilité. Et, de fil en aiguille, en nous protégeant de peurs, blessures affectives ou souffrances, certaines manifestations de notre mental masquent notre insécurité profonde, comme : jugements, justifications, comparaisons et toutes sortes de pensées qui obstruent notre perception de l'instant présent. La pleine conscience nous apporte une sécurité interne et allège notre stress.
Pourquoi l'utiliser ?
Objectif
L'attention au moment présent, en nous permettant d'appréhender l'instant actuel tel qu'il est, nous apporte plénitude et énergie. Cependant, cet instant de pleine conscience est de courte durée, aussitôt suivi de jugements, comparaisons, justifications, évaluations du résultat... qui peuvent masquer une insécurité interne.
Contexte
Toutes les situations professionnelles (comme personnelles) où surviennent un conflit, une altercation, un agacement rompant avec la bonne harmonie régnante sont propices à l'observation sans jugement ni évaluation. Alors, il s'agit d'observer d'une part la situation en cours et d'autre part, nos pensées sur ce qui est en train de se passer : dans quelle mesure expriment-elles ou masquent-elles notre insécurité interne ?
Comment l'utiliser ?
Étapes
1.Être présent à ce qui se passe : lorsqu'on se sent en insécurité, observer la situation et ses propres réactions en pleine conscience - sa posture, ses attitudes et paroles, ses sensations, ses émotions et son discours intérieur.
2.Après coup : noter ses observations et les associations d'idées qui viennent naturellement, sans les alimenter intentionnellement. À quels jugements, réactions, avis, approbations, dénis, etc., sont liés nos états d'insécurité interne ?
3.Observer les manifestations de son insécurité interne : lesquelles reviennent le plus souvent ? Est-ce la comparaison, la justification, la recherche de résultats visibles, l'approbation, la complaisance, la critique... ? Et, par la suite, prêtez à nouveau attention aux manifestations de votre insécurité interne, mais sans les laisser polluer votre esprit.
Méthodologie et conseils
Notre mental est nourri par différentes pensées qui apparaissent automatiquement et qui concourent à un bruit permanent : comparaisons, jugements, critiques en négatif ou en positif, autosatisfaction, justification, auto-persuasion, complaisance, évaluation, auto-approbation, commentaires intérieurs permanents, croyance d'être attentif sans l'être, etc. La plupart du temps, ces pensées nous rassurent, renforcent nos certitudes ou nous permettent de nous affirmer : elles sont alors associées à un état d'insécurité qu'elles viennent masquer. Dans tous les cas, elles nous ferment à l'instant présent.
Il est reconnu que la pleine conscience ou présence attentive, par une pratique régulière, diminue le stress de la vie quotidienne et professionnelle et abaisse notre insécurité interne.
Avantages
- Les manifestations de notre insécurité interne polluent notre mental et créent du stress inutile, que l'attention au moment présent nous permet de chasser ou diminuer.
Précautions à prendre
- Souvent, les manifestations de notre insécurité interne servent à nous disculper ou à nous rassurer, ce qui rend la situation acceptable pour nous... mais pour une courte durée.
Comment être plus efficace ?
Nous observons notre insécurité interne par un discours intérieur permanent, un monologue fait de multiples facettes. Tantôt c'est une survalorisation de soi, suivie du doute ou de la comparaison, tantôt c'est une image héroïque de soi, alors même que nous venons d'essuyer un échec, tantôt c'est un jugement négatif ou positif... Sans arrêt, les manifestations de notre insécurité interne filtrent la réalité par des commentaires ou des jugements fondés sur l'expérience du passé, nous faisant percevoir la réalité sous un seul angle, d'un seul point de vue. Cette perception unilatérale s'oppose à la perception globale apportée par l'attention au moment présent. Elle nous éloigne d'une conscience objective de la réalité et, surtout, de notre être dans cette situation.
Les manifestations qui amplifient notre insécurité interne
Il est plus facile de repérer en soi les manifestations frontales de notre insécurité interne, comme :
- La censure : " Ce n'est pas pour moi ", " Même pas en rêve "...
- Le jugement négatif : " Je ne suis pas assez compétent ", " Il me faudrait encore plus d'expérience "...
- La dévalorisation : " Quel idiot, je fais ! ", " Je me suis encore une fois rendu ridicule "...
- Le doute : " Et si je m'étais égaré ? Si j'étais allé trop loin ? ", " J'aurais peut-être dû "...
- Le sentiment d'abandon : " Et puis personne pour m'aider ! "...
- Le sentiment d'être isolé : " Que je me sens seul face à ça ", " Je ne peux compter que sur moi "...
En leur portant attention, nous les laissons s'exprimer ; nous en observons le mécanisme, à quel moment elles interviennent, ce qui fait qu'elles disparaissent automatiquement. La plupart du temps, c'est quand nous les voyons et les acceptons, que nous nous en libérons et que nous agissons, détendus.
Les manifestations qui masquent notre insécurité interne
Les signes qui masquent notre insécurité interne sont bien plus nombreux et bien plus pernicieux. Ce sont des manifestations du mental, la plupart du temps, qui visent à nous satisfaire, à nous congratuler, à nous disculper :
- Le commentaire permanent : " Tiens, mon collègue a mis sa cravate ", " Le ciel est gris aujourd'hui "...
- L'auto-approbation : " Je suis content de moi ", " Je suis le plus fort ", " Je le savais, j'ai toujours raison "...
- L'évaluation : " Je me suis surpassé ", " Lui, il n'a rien compris ", " Ils sont tous nuls "...
- La justification : " Je ne pouvais pas faire autrement "...
- Le déni : " Ce n'est pas de ma faute ", " Mais pas du tout ! "...
- L'auto-persuasion : " C'était sûr que ça ne pouvait pas réussir ", " J'ai fait tout ce qu'il fallait, mais... ",
- La complaisance : " Je suis comme ça ", " C'est ma nature, je n'y peux rien "...
En leur portant attention, nous les laissons s'exprimer, nous en observons le mécanisme, quand elles apparaissent, et la façon dont nous les cultivons. En cessant de les alimenter, nous nous ouvrons à d'autres choix émotionnels et mentaux, plus prometteurs pour soi.
TÉMOIGNAGE Véronique L. R., formatrice
" Dans le cadre d'une formation fondée sur l'attention en pleine conscience, j'ai animé une session pour faciliter le retour à l'emploi de plusieurs personnes. Tout au long des séances, chacun porte attention à ce qu'il vit, à ce qu'il fait et à ce qui l'entoure, en se détendant, et en temps réel.
L'un d'entre eux est conducteur de bus. Pour retrouver un emploi au même poste, il doit passer une formation qualifiante ; et, pour lui, c'est la seule issue possible.
Il manifeste un état d'insécurité totale. Il en prend conscience par l'observation de manifestations telles que : être submergé par des craintes, ne pas se sentir en capacité d'apprendre un autre métier ou se censurer par : " Je ne sais faire que ça. " Cette prise de conscience lui permet de sortir de son enfermement et d'observer qu'il a en lui d'autres qualités, comme d'être particulièrement attentionné aux autres.
La compréhension de son insécurité interne lui a permis de s'ouvrir à d'autres possibilités pour lui, de se réorienter vers l'aide à la personne et... de retrouver rapidement un emploi. "