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BDD et fichiers : L'Insee fixe la norme

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En matière de base de données, la France dispose, avec le fichier de l'Insee, d'un référentiel reconnu et envié. Cependant, sur ce marché désormais mature, l'offre de fichiers et de bases de données comportementales est encore trop pauvre.

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Pour Yves Lauliac, « en France, la différence fondamentale entre le marché du B to C et celui du B to B, c'est qu'il existe un référentiel administratif universel et reconnu par tout le monde : la base de données de l'Insee. Toutes les entreprises y sont recensées avec une clé, leur numéro Siret. En B to C, il n'y a pas de référentiel hormis la base de données de France Télécom. » Pour le directeur du développement Base de données entreprises de Cegedim CD, cette spécificité française - disposer d'un organisme dont l'une des fonctions est de recenser et de mettre à jour l'ensemble des entreprises - permet de disposer d'une base de données stable, mise à jour en permanence et reconnue par tous les professionnels pour effectuer ciblages et profilages.

Numéro unique

Plus encore que l'exhaustivité de cette base, c'est le fait de disposer d'un numéro unique d'identification, le Siret, qui a séduit les professionnels. A partir de ce numéro, il devient possible de connaître les caractéristiques complètes de l'entreprise visée. « Tous les instituts de statistiques ne gèrent pas un référentiel comme nous, précise Philippe Clairet, chef de la division Grands Comptes à l'Insee. Notre cas est assez exceptionnel car, la plupart du temps, ces données sont compilées par des organismes privés. De fait, de nombreux pays de l'ex-URSS ont choisi d'adopter notre modèle. » Parmi les nombreux fichiers commercialisés par l'Insee, c'est la base “Notice” qui est la plus utilisée. Elle contient quatre grandes rubriques : “dénomination”, avec la raison sociale et l'adresse de l'entreprise ; celle donnant l'activité ou encore la tranche d'effectifs salariés ; “localisation”, montrant la région, le département et la commune ; et, enfin, la rubrique dite “de l'entreprise” qui permet de connaître la date de création, la catégorie juridique et le chiffre d'affaires. Le fichier “Sirenage”, un grand must lui aussi, autorise soit de rechercher les identifiants Siren et Siret d'un fichier client lorsque l'on connaît les raisons sociales et les adresses des entre­prises ; soit d'identifier les établissements d'un fichier ayant cessé leur activité ; soit enfin de valider les Siren d'un fichier. Le “Sirenage” certifie les données suivantes : le nom ou la raison sociale, l'adresse, le numéro Siret, le Code APE, la catégorie juridique détaillée, la tranche d'effectifs salariés et le nombre de salariés, la date de création et la date de cessation d'activité. Pratiquement tous ces fichiers sont fournis sous forme d'un abonnement hebdomadaire, mensuel, trimestriel, semestriel ou annuel. « Notre palette d'offres est complète et suffisante, précise Philippe Clairet, et, si l'on cherche à démarcher des entreprises, le produit “Evénements France entière” recense, au jour le jour, les créations, les disparitions et les modifications d'entreprises. Il est disponible également sous forme d'abonnement. »

3 500 000 dirigeants

Deuxième source d'informations pour les entreprises : le fichier PagesJaunes, filiale de France Télécom, qui regroupe l'annuaire papier PagesJaunes ainsi que les annuaires en ligne PagesJaunes 3611 et pagesjaunes.fr, commercialisés par Wanadoo Data. Il bénéficie d'un taux de fidélité de ses annonceurs très élevé. Ce groupe revendique 86 % d'annonceurs fidèles. En 2004, plus de 584 000 annonceurs ont choisi au moins l'un des supports de cette société pour communiquer. Ce même groupe dispose d'une autre filiale, Kompass, une base de données B to B présente dans plus de 75 pays, regroupant 1,9 million d'établissements, soit plus de 3 500 000 dirigeants. Kompass, dont le premier métier est la vente de publicité, commercialise son offre sous la forme d'annuaires, de CD-Rom ou encore par abonnement sur Internet. « La base de données Kompass, une marque d'origine suisse qui existe depuis soixante-quinze ans, a su prendre le virage des hautes technologies. Nos produits collent aux besoins de nos clients, indique Eliette Frances, directrice adjointe Data Service. Notre spécificité, c'est la diffusion de données commerciales concernant les dirigeants, les organigrammes et les activités des entreprises. Celles-ci sont harmonisées selon une nomenclature propre qui recense 23 millions de produits et services organisés en 53 000 catégories. » Cette nomenclature, respectée par les 75 filiales du groupe dans le monde, permet de passer du local au global sans rupture. Rien qu'en France, Kompass dispose, pour mettre à jour ses données, de 70 conseillers commerciaux, d'un centre d'appels de 25 positions et envoie chaque année 80 000 questionnaires aux entreprises. Cerise sur le gâteau, un service est entièrement dédié à la gestion des NPAI et à l'analyse de la presse professionnelle.

130 à l'heure

D&B France, filiale de D&B, acquise en 2004 par Bil (Base d'informations légales et financières), fait partie du réseau mondial de D&B. Cette société a historiquement développé une offre autour du risque client, concernant la solva­bilité et les encours. « Le nouvel ensemble, Bil et D&B est cohérent, précise Thierry Asmar, directeur général de la nouvelle entité. D&B prend en charge la couverture mondiale, tandis que ses partenaires locaux, dont Bil en France, s'occupent de l'enrichissement des données en local. Entre le fichier D&B français et le fichier Bil, il existe peu de zones de recouvrement. » Les deux bases sont d'ailleurs en cours d'alignement et tous les clients de D&B France ont accès à la base de données mondiale, qui recense les 5 000 premiers groupes mondiaux et effectue quotidiennement un million de mises à jour. « En France, on trouve environ 7 millions d'établissements, mais tous ne sont pas marketables, précise Thierry Asmar. Une société civile immobilière est une société, mais est-elle vraiment marketable ? En revanche, une ONG n'est pas légalement une société, mais on peut la marketer. En définitive, il existe en France 4,2 millions d'entreprises recensées par l'Insee, qui sont susceptibles d'être approchées à profit. » Sachant qu'en France, en une heure, 130 sociétés se créent, 30 font faillite, 90 cessent leurs activités et 230 changent d'adresse, D&B estime que sa capacité à être relié aux meilleures sources (l'Insee, l'INPI, Infogreffe, le Journal Officiel…) lui permet de coller à la réalité. « Tout le monde peut commercialiser des millions d'adresses d'entreprises, relève Thierry Asmar. Mais ce qui est important, c'est de posséder la capacité de traitement de ces sources et de ces informations. » Pour ce faire, D&B dépense chaque année six millions d'euros afin de collecter des informations.

Informations financières

Même origine historique pour Cofacerating, l'entité marketing direct de Coface SCRL, à savoir les informations financières des entreprises et leur solvabilité. Les données collectées sont celles des greffes des tribunaux, la saisie des annonces légales par 22 délégations régionales, les données issues du RNCS (Registre national du commerce et des sociétés) et les bilans des sociétés. « Ces informations sont redondantes, précise Elisabeth Ambry, directrice des informations marketing, mais pas aux mêmes dates. Certaines sont officielles, d'autres officieuses, mais nous savons les “prioriser”. Pour ce faire, les mises à jour sont effectuées par Wanadoo Data, par téléphone et fax, et nous menons également nos propres enquêtes. » Cofacerating a développé une offre sur la gestion du poste client, en matière de gestion du risque et des encours, qui ne s'adresse pas qu'aux directions financières mais aussi aux directions marketing. « Nous partons de la gestion comptable pour aller au-delà de la gestion du risque, car ces informations permettent de connaître les clients et leurs comportements en enrichissant la base de données clients par ces données typologiques », poursuit Elisabeth Ambry. Cofacerating peut scorer les bases de données clients afin de filtrer celles qui pourraient avoir des défaillances. Pour prospecter, il suffira de comparer les typologies d'entreprises clientes avec la base de données Coface. « Selon les secteurs et les produits, nous pouvons connaître les probabilités de défaillances et les éviter », conclut Elisabeth Ambry. Depuis début 2005, le site cofacerating.fr est accessible par abonnement. Il permet d'utiliser les bilans des entreprises comme un critère marketing.

Solvabilité

Chez Cegedim Communication Directe, c'est le secteur de la santé qui est historiquement le cœur de l'activité du groupe. Elle diffuse deux bases de données : la Base Santé, quasi hégémonique, qui recense les médecins, les établissements hospitaliers, les pharmacies… et la Base Métiers qui, quant à elle, comptabilise les professions libérales, les laboratoires pharmaceutiques, les mairies, les élus ainsi que les hôtels et restaurants. Cegedim est, en outre, rediffuseur du fichier Insee depuis 1981. « Nos clients, déclare Yves Lauliac, peuvent avoir des informations sur la solvabilité des entreprises. Ils peuvent aussi bénéficier des mises à jour de la base Insee que nous diffusons, mais également de la méthode de profilage que nous avons mise au point en partenariat avec la société Oktos. » Fusion de deux approches, le score Cegedim d'affinité repose sur un profilage effectué sur les critères de l'Insee et sur la modélisation Oktos dite des “phases de développement et des GéoPhases”. Concrètement, il s'agit de la synthèse de l'historique de quatre années de bilans de près de 700 000 entreprises et de leur traduction en dynamique d'achats et d'investissements. Les GéoPhases sont une typologie géographique qui se rattache aux Iris - les petits quartiers, selon la nomenclature de l'Insee - et aux niveaux de revenus. « Ce score offre, selon Yves Lauliac, la mise en évidence des segments porteurs, mais il permet également de choisir le média approprié pour contacter le prospect. » Grâce à cette méthode, l'association des Orphelins d'Auteuil a communiqué avec moins d'entreprises tout en augmentant son chiffre d'affaires.

Droit de regard

Bases de données référentielles, scores d'affinité… Existe-t-il des bases de données comportementales sur le B to B, à l'instar de celles que l'on trouve en B to C ? Oui, chez Reed Exhibitions notamment, qui diffuse des fichiers issus des visites de salons professionnels tels Batimat, MDExpo ou encore le Salon du Transport et de la logistique. « Notre originalité, déclare Franck Dreyer, directeur du Département Marketing Direct, c'est d'avoir mis au point un datawarehouse homogène qui capte les adresses des visiteurs de nos salons ainsi que des informations comportementales. Nous disposons des noms, adresses, fonctions des visiteurs, mais nous connaissons aussi leur parcours dans le salon et donc leurs centres d'intérêts. » Reed Exhibitions collecte également les adresses e-mails des visiteurs et se targue de disposer de la plus grosse base en B to B. « Nous prêtons une grande attention à l'utilisation de ces adresses, précise Franck Dreyer. Nous avons un droit de regard sur les campagnes envisagées et il nous est arrivé de bloquer des opérations. » Conscient de la nécessité de ne pas surexploiter cette base de données e-mails, Reed Exhibitions a édité une charte de qualité avec les routeurs de ces e-mails. La société réfléchit à se rapprocher d'autres propriétaires de fichiers d'e-mails afin de proposer une offre commune. « Nous voulons apporter du volume à nos clients, ajoute Franck Dreyer, avec des critères de sélection liés au Siren. Les rendements baissent en e-mailing mais son utilisation reste rentable. » Même type de préoccupation chez Safig Dataway. « Notre offre de fichiers d'e-mailing se développe, déclare Thierry Nouelle, directeur commercial. L'idéal serait que nous disposions des adresses e-mails de tous les décideurs au moins pour les entreprises de plus de 50 salariés. Ainsi, comme nous disposons des adresses papier, des fax et des numéros de téléphone, nous pourrons proposer une offre multicanal. » Les entreprises sont de plus en plus friandes d'adresses e-mails qu'elles utilisent pour des relances après un mailing papier. Parallèlement, suite au rachat du broker DPV, Safig Dataway propose également des fichiers comportementaux afin d'attaquer certaines niches avec des bases de données très pointues. Ainsi, Cibl' Cadeaux recense les décisionnaires en achat de cadeaux d'affaires, de promotion et de stimulation.

Asile-facture

Chez Mediaprisme, l'approche B to B est différente. « Sachant que certains annonceurs B to C ciblent également le B to B - les TPE et PME notamment -, nous nous sommes rendu compte que certains messages typiquement B to C obtenaient aussi de très bons taux de retour avec des fichiers B to B. La frontière entre le B to C et le B to B n'est pas claire. » Frédérique Agnes, P-dg de Mediaprisme, constate que les acteurs du B to B sont matures, mais que l'offre de données est un peu pauvre, outre les bases “socles” de l'Insee et du Bodac (Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales). « Les annonceurs, depuis deux ou trois ans, veulent du retour sur investissement, précise-t-elle. Le grand avantage du monde professionnel, c'est que, si la segmentation est bonne, la cible est très réactive. » Elle voit également une tendance de fond dans le multicanal. On pense à l'e-mailing, au télémarketing, mais il existe aussi des médias très porteurs : l'asile-colis, dont le constructeur informatique Dell est friand, et même l'asile-facture, utilisé notamment par JPG. Reste que les mouvements sont très fréquents en entreprise. « Il faut des outils pour scorer et mettre à jour les bases de données. Tant en matière de RFM que de comportement d'achat à distance », conclut-t-elle.

Maturité

Certaines sociétés de services développent une offre B to B à l'international. C'est le cas de AID, dirigée par Andrea Micheaux. « Si, en France, nous disposons d'un référentiel reconnu par tout le monde avec le fichier Insee, il n'en est pas de même à l'international, précise-t-elle. Il existe quelques bases commerciales, telles celles de D&B ou de Harte Hanks, ou encore des bases locales. Le problème, c'est leur hétérogénéité. Nous savons les traiter en amont pour mesurer la qualité des sources. Notre but, c'est, à partir de ces données hétérogènes, de créer une base de données globale. » C'est Hocine Abda, directeur de clientèle B to B, qui est chargé de cette tâche. Il confirme la difficulté à obtenir des référentiels du type Insee pour couvrir environ seize pays d'Europe. « Nous benchmarkons les données sur les fichiers disponibles, déclare-t-il. Mais il faut, auparavant, bien savoir quelles informations on recherche, car certains secteurs sont mieux couverts que d'autres. Il y a une certaine disparité en termes de fraîcheur et de couverture suivant que l'on recherche des adresses papier ou e-mails. La Grande-Bretagne a une très bonne couverture, les pays du Nord de l'Europe également. C'est dû à la maturité du marché. » Dans le domaine des bases de données sur les nouvelles technologies, AID fait appel à Harte Hanks ou à la société française Comm'Back.

Format

Historiquement, Comm'Back commercialise deux bases de données françaises sur les nouvelles technologies. La Base End User recense les utilisateurs finaux de l'informatique, à savoir les entreprises françaises de plus de 50 salariés et leurs équipements informatiques. Et la Base Pro, celle des acteurs du marché IT : constructeurs, grossistes, opérateurs télécom, SSII… Depuis un an, elle met au point une base de données européenne. Celle-ci est réalisée au sein d'un GIE, EMIG - European Marketing Intelligence Group -, qui réunit les principaux acteurs locaux dans le domaine des bases de données End User dans onze pays d'Europe. « Toutes ces sociétés avaient fait la même démarche dans chaque pays. Nous avons décidé de regrouper ces données en les mettant au même format, en employant les mêmes méthodes de mise à jour. », déclare Alain Perez, P-dg de Comm'Back. Chaque pays mène des campagnes de mises à jour permanentes par téléphone. En France, 10 % de la base est appelé tous les mois au niveau des directions informatiques. Si 95 % des annonceurs de Comm' ­Back appartiennent au domaine des nouvelles technologies, certains sortent de ce secteur. Le groupe Les Echos utilise la base sur les fonctions financières, certains groupes automobiles aussi, pour les données sur les cadres. « Le“hors IT” ne représente que 3 % de notre chiffre d'affaires, précise Alain Perez, mais c'est un axe de développement important. » Le marché de l'informatique a subi de grandes concentrations, mais de nouveaux entrants pallient ce problème : compagnies de télécom, fournisseurs bureautiques et même constructeurs de vidéoprojecteurs.

Démarche pragmatique

Certaines sociétés se sont spécialisées dans le B to B en prenant le parti d'une démarche de service global et qualitatif. C'est le cas d'Histoire d'adresses, créée en juillet 2004 par trois associées possédant une forte expérience dans le marketing direct (cf. MD n° 95, p. 10). « De par notre premier métier de courtier en fichiers de marketing direct, nous nous sommes aperçus que nos annonceurs ne connaissaient pas assez bien leur clientèle, raconte Patricia Deudon, une des trois fondatrices. C'est pourquoi nous leur avons proposé une démarche d'accompagnement en procédant en amont, tout d'abord en diagnostiquant leur fichier clients/prospects. » Chaque fichier est d'abord passé à la moulinette “RNVP” en le comparant au Bodac, aux fichiers de l'INPI, de l'Insee et de France Télécom. Cela autorise, outre le fait de disposer d'un fichier aux normes et enrichi, d'appréhender les spécificités de chacun. « Cette démarche pragmatique nous a permis, notamment, d'être retenu par EDF pour la Siretisation de leur base clients. Notre fonction permet de mettre une distance entre le client et le prestataire », précise Marlène Berger, cofondatrice de la société. Cette démarche qualitative est corroborée par la mise au point d'un diagnostic de la qualité des fichiers (voir encadré, p. 33). Outre le diagnostic et le conseil pour l'optimisation des fichiers marketing, Histoire d'adresses prend en charge l'encadrement des campagnes marketing. En utilisant des fichiers de comportement, issus de la presse ou de la VPC, elle arrive à détecter des segments que l'annonceur n'aurait pas imaginés. Après chaque mailing, les retours sont analysés, ce qui permet de trouver des pépites inexploitées. « Le cœur de cible, tout le monde le connaît, précise Patricia Deudon, mais on connaît moins les clients qui viennent par l'Internet, les salons ou encore le télémarketing. Un de nos clients n'avait jamais prospecté les TPE, elles étaient venues toutes seules et représentaient 10 % de son chiffre d'affaires. » Histoire d'adresses mise également sur la mutualisation des ressources et a créé un pack “Créateur d'Entreprises”. Utilisant le fichier du Journal des Annonces légales, elle a monté une opération réunissant trois annonceurs ayant une cible similaire, mais non concurrents, en l'occurrence EBP pour un logiciel de gestion, Ipso Presto pour les fournitures de bureau et Secap pour une machine à affranchir. La formule semble gagnante, puisqu'une nouvelle édition devrait suivre en janvier 2006. En B to B comme en B to C, l'inventivité créative n'a pas de limite.

Le diagnostic HDA de la qualité d'une BDD

Histoire d'adresses, société de conseil spécialisée dans le marketing direct B to B, a mis au point une métho­dologie appelée “HDA”, permettant d'évaluer la qualité d'une base de données B to B. Ce diagnostic repose sur un processus d'analyse combinant des constats, des évaluations, puis des recommandations. Deux types de constats coexistent : - Le constat binaire, dont la réponse est oui/non, présent/absent ; la déclaration Cnil, par exemple, ou la normalisation postale. - Le constat quantitatif, qui concerne un format de champ ou le taux et la fréquence d'un élément ; le volume d'enregistrements, la présence d'une catégorie de données dans un champ ou encore le nombre et le taux de doublons. Les évaluations, qui englobent toutes les phases d'analyses qualitatives des items ayant fait l'objet d'un constat, s'organisent en deux caté­gories : - L'évaluation référentielle contrôle la conformité de la donnée, telle la raison sociale, l'adresse ou encore les formes juridiques ; elle valide ces données en fonction des évolutions possibles. Deux types de validations sont prises en compte  : celles relatives à l'évolution des référentiels, ou celles relatives aux modifications propres à la vie des enregistrements. - L'évaluation qualitative valide les données présentes, non comparées ou non comparables à des référentiels, comme la raison sociale ou la nominativité, le téléphone et toutes les informations nécessaires à la prise de contact. En outre, elle procède à des contrôles de maintenance et d'intégration des données. Enfin, les recommandations concluent le dossier. Elles sont rédigées par les experts qui ont participé au diagnostic. Elles synthétisent les constats et les évaluations, puis préconisent la mise en place d'un cahier de procédures afin d'assurer le suivi des opérations de maintenance “qualité”.

E-mailing B to B : la position de la Cnil

La loi du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique (LCEN) interdit la prospection commerciale par courrier électronique “utilisant les coordonnées d'une personne physique” si cette personne physique n'a pas exprimé son consentement préalable. Une interprétation littérale de la loi conduit à considérer que cette règle du consentement préalable s'applique aux adresses professionnelles nominatives, du type : nom.prénom@nomdelasociété.fr. Il est ainsi interdit d'envoyer un message commercial à un cadre chargé des achats au sein d'une société sans avoir son accord préalable, sauf si son adresse électronique ne révèle pas son identité, comme dans service-achats@nomdelasociété.fr. Cependant, la Cnil a engagé avec les professionnels du marketing direct une concertation afin de décliner dans des codes de déontologie les modalités pratiques de la loi sur la confiance dans l'économie numérique. Il en résulte que la Cnil a décidé de revoir sa position lors de la séance du 17 février 2005. Considérant que l'esprit de la loi est de protéger la vie privée des consommateurs personnes physiques et non de freiner les échanges électroniques entre professionnels - la prospection appelée B to B -, elle estime que des personnes physiques peuvent être prospectées par courrier électronique à leur adresse électronique professionnelle et au titre de la fonction qu'elles exercent dans l'organisme privé ou public qui leur a attribué cette adresse, sans leur accord préa­lable. En conséquence, l'envoi d'un message présentant les ­mérites d'un logiciel à paul.toto@nomdelasociété.fr, directeur informatique, sans l'accord préalable de Paul Toto, est acceptable. En revanche, l'envoi d'un message vantant les charmes du tourisme aux Caraïbes en hiver est, lui, illicite. La Cnil, d'autre part, souligne que l'utilisation des adresses professionnelles nominatives demeure soumise aux règles relatives à la protection des données. Les titulaires de ces adresses doivent notamment avoir été mis en mesure, au moment de la collecte de leur adresse, de s'opposer à toute utilisation commerciale de leurs coordonnées.

Etude de cas Base de données Insee et data mining. Pour ses campagnes de conquête, Secomp a souhaité s'éloigner de la location traditionnelle d'adresses en comparant, grâce à un outil de data mining, son fichier clients avec la base de données Insee.

Secomp, distributeur informatique pour les entreprises et filiale du groupe allemand Rotronic, commercialise ses offres sous la forme d'un catalogue, envoyé quatre fois par an aux entreprises. Présente en France depuis 1998, la société envoyait aux entreprises quatre catalogues, soit quelques centaines de milliers d'envois par an. Dans un premier temps, elle louait des fichiers de prospection à des brokers, ciblant les entreprises par leurs codes Naf et le nombre de salariés. « Les limites de cette stratégie sont vite apparues, raconte Nicolas Grilly, directeur associé de Garden, cabinet spécialisé dans le conseil et les études CRM. Les fichiers s'épuisaient, les taux de retour diminuaient. »

Conquérir et fidéliser

En 2004, pour optimiser ses actions de conquête, Secomp a choisi de diversifier son ciblage dans une optique de conquête. Pour ce faire, il lui fallait déterminer les profils des entreprises les plus susceptibles de devenir clientes. Le cabinet Garden, consulté, a préconisé et mis en œuvre Kxen Analytic Framework, un outil de modélisation prédictive. Celui-ci a permis, en comparant le fichier client de Secomp et la base de données de l'Insee, de scorer les entreprises et de les segmenter en quatre catégories selon leur appétence et leur propension à commander des produits du catalogue Secomp. Avec succès, puisque, selon Pascal Debris, manager de Secomp, « les taux de réponse aux mailings ont été plus que doublés ». De fait, l'utilisation du logiciel de data mining a permis de toucher des entreprises qui n'apparaissaient pas dans les fichiers qu'elle louait auparavant. La seconde étape, qui a débuté en juin dernier, a consisté à fidéliser les clients existants. Ils ont été segmentés en quatre catégories, en fonction de leur probabilité à cesser de commander. Grâce à l'outil Kxen, six groupes de clients ont été isolés. Cela permet aux équipes marketing de Secomp de repérer les clients qui auraient tendance à cesser de commander, et, si le retour sur investissement escompté est favorable, de leur faire des propositions commerciales personnalisées et attractives. « Les premiers mailings sont partis il y a quelques semaines, précise Nicolas Grilly, dont le cabinet prend en charge leur élaboration. Ils sont envoyés au rythme de quelques centaines par semaine. » Difficile, à ce jour, de savoir quels sont les résultats de cette politique au niveau de la fidélisation, l'expérience est trop récente. Reste qu'en matière de conquête, Nicolas Grilly parle d'une progression de l'ordre de quelques dizaines de pour cent en fonction des catégories ciblées. Pascal Debris, quant à lui, réfléchit à l'élaboration de campagnes plus complexes, visant des enseignes, des SSII, des boutiques.

Quelques définitions

Entreprise : unité économique, juridiquement autonome, organisée pour produire des biens ou des services. Etablissement : unité de production localisée géographiquement, individualisée mais dépendant juridiquement d'une entreprise. Identifiant : l'Insee attribue un identifiant à toute personne juridique, physique ou morale, introduite dans le répertoire Sirene. Cet identifiant est appelé Siren. Numéro Interne de Classement (NIC) : il s'agit de cinq chiffres ajoutés au numéro Siren de l'entreprise pour composer le numéro Siret d'un établissement. Siren : identifiant de neuf chiffres attribués à chaque entreprise. Les huit premiers chiffres n'ont aucune signification excepté pour les organismes publics dont le numéro Siren commence obligatoirement par 1 ou 2. Le neuvième chiffre est un chiffre de contrôle de validité du numéro. Ce numéro n'est attribué qu'une seule fois et n'est supprimé du répertoire qu'au moment de la disparition de la personne juridique. Unité Siren : chaque unité Siren identifie une unité légale : un artisan, une société commerciale, mais aussi une commune, un syndicat professionnel, une association ou encore un syndicat de copropriété ou un service de l'Etat. Siret : le numéro Siret est un identifiant de 14 chiffres composé du Siren (9 chiffres) et d'un numéro de classement de 5 chiffres (NIC) caractérisant l'établissement d'une entreprise. Il est donc modifié en particulier si l'établissement change d'adresse. Unité Siret : c'est l'établissement défini comme un lieu géographiquement distinct où s'exerce tout ou partie de l'activité d'une unité Siren. L'unité Siret est liée à la personne, au sens juridique du terme.

 
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Enquête réalisée par Olivier Brusset

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