Pour Greenweez, les marques ont à "proposer de nouveaux récits"
Durant le salon One to One Expérience Client à Biarritz, début octobre, nous avons échangé avec Romain Roy, le fondateur de la plateforme Greenweez. L'occasion de l'interroger sur le rôle des marques dans la "transformation nécessaire des mentalités" en vue de s'adapter au changement climatique.
"Comme les pouvoirs publics, les entreprises ont un rôle fondamental à jouer pour accélérer la transition écologique." Romain Roy, fondateur du site de vente en ligne dédié au bio et aux produits écoresponsables Greenweez, en est convaincu, "la solution sera collective". Et il faudra bien "compter sur l'ensemble des acteurs" économiques afin de "régénérer la planète". Romain Roy le sait, se contenter de réduire son empreinte écologique pour une entreprise ne suffit plus. Sa société, qui a fait partie de l'aventure de la Convention des entreprises pour le climat en 2022, ne cesse de chercher des astuces afin d'arrêter de mettre la pression sur les ressources naturelles. Par exemple, en essayant de faire évoluer l'offre.
Produits reconditionnés...
C'est l'idée en premier lieu de valoriser la seconde main plutôt que le neuf, coûte que coûte. Une démarche également utile en ces temps de crise sociale et d'inflation galopante. "Souvent, les personnes achètent d'occasion non pour des raisons écologiques mais en vue de réaliser une économie." Greenweez, justement, s'y est mis, en particulier pour les téléphones portables, que l'équipe a voulu "reconditionnés et remis en service en France", et non en Asie, par exemple. Pour l'heure, encore une minorité de personnes convaincues sautent le pas, mais ce type d'achats devrait progresser dans les prochaines années, à mesure que la prise de conscience écologique évolue...
Une autre option permet d'avoir un impact toujours plus positif sur son environnement. Pour le CEO, il s'agit de mettre en place des services de location, pour ne pas à avoir à fabriquer de nouveaux biens en permanence. En d'autres termes, privilégier l'usage d'un bien, non sa vente. Les marques s'engagent de plus en plus dans cette voie... à leurs risques et périls. "De bonnes initiatives sont lancées, mais elles ne trouvent pas toujours leur public."
... et économie de la fonctionnalité
Comme il le raconte depuis Biarritz, au salon One to One Expérience Client, son entreprise a souhaité justement tenter le coup et "proposer des offres de location sur les jouets". Les clients ont la possibilité d'acheter une carte ou, plus exactement, un pack leur permettant de disposer d'articles à garder ou à échanger durant trois mois (à voir ici). "Le service, je le trouve superbe, mais il n'a pas bien fonctionné", dévoile-t-il. Les gens préfèrent acheter des produits reconditionnés. Ils ne sont pas encore tous prêts à la location."
De nouveaux récits...
Mais comment avancer dans la bonne direction ? Romain Roy l'affirme, "pour obtenir des changements sociétaux, il nous faut de nouveaux récits." Si beaucoup de la jeune génération, notamment, demeure en moyenne "plus éveillée" sur la question du climat que les plus âgés, nombreux sont encore ceux à commander leurs vêtements quasi-jetables sur le site Shein.
"Il y a encore beaucoup de boulot, admet le CEO, tout le monde doit se mobiliser au niveau des changements de mentalités." Les marques n'y échappent pas, bien entendu. "La pédagogie est importante. Depuis quelques années, surtout la pandémie, il y a une prise de conscience citoyenne, mais cela ne va pas assez vite..."
... pour changer les habitudes de consommation
Greenweez dit faire sa part, en particulier en produisant vidéos et articles d'explication sur son blog. L'entreprise propose des recettes et des bons plans, met en lumière des solutions afin de consommer autrement. C'est aussi, dit-il, le rôle de son organisation, via des newsletters notamment, de "contrer les idées reçues à propos des labels". Ces derniers sont nombreux, ce qui "ne facilite pas la tâche des consommateurs".
De manière générale, "communiquer de façon transparente et sincère", sur l'état du bio en France par exemple, est important pour "entraîner les citoyens". Pour lui, une marque a tout intérêt à raconter les initiatives qu'elle prend, à rendre publics ses engagements, ses objectifs, montrer quel chemin elle a choisi d'emprunter. Il le dit d'autant plus que sa propre marque avait un peu oublié de s'y mettre, ces derniers temps : "Nous nous sommes rendu compte au plus fort de la pandémie que nous faisions beaucoup, mais sans toujours l'expliquer." Alors, les équipes ont été invitées à prendre la plume. En essayant de ne pas se vanter, évidemment. "Nous ne sommes pas parfaits, nous n'avons pas de leçons à donner."
Sur le même thème
Voir tous les articles RSE