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[Tribune] Pour grandir ensemble, misons sur l'interopérabilité

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[Tribune] Pour grandir ensemble, misons sur l'interopérabilité

Avec la crise sanitaire, la fermeture des magasins et l'arrêt total de certaines activités ont éparpillé les consommateurs, redéfini leurs priorités, bouleversé leurs comportements et leurs attentes.

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Au cours de l'année écoulée, en raison des contraintes, des indisponibilités ou par conviction, beaucoup d'entre eux ont testé de nouvelles marques, sans que l'on sache s'ils leur resteront fidèles ou s'ils reviendront à leurs anciennes habitudes. Au moment où la vie retrouve partout un semblant de normalité, les entreprises font face à un océan de questions. Les consommateurs retourneront-ils dans les boutiques ? Lesquelles ? Pour y acheter quoi ? Y dépenser combien ? Comment évolueront leurs arbitrages de dépenses ? L'inconnu est tout aussi vaste dans la sphère digitale, bousculée par la fragmentation des réseaux sociaux, l'émergence de nouveaux canaux de vente comme le live shopping et les préoccupations grandissantes concernant la vie privée et le rôle des grandes plateformes. Où seront les consommateurs ? Comment les toucher, les engager, les fidéliser ?

Quelles que soient les réponses à ces interrogations, il sera à coup sûr de plus en plus difficile d'attirer le client dans un parcours prédéterminé que l'on aura choisi pour lui. Il faudra bâtir des stratégies marketing, commerciales et technologiques flexibles, pour aller le chercher là où il se trouve, sur ses réseaux sociaux ou ses plateformes d'achat de prédilection, et l'y séduire sans le brusquer. L'entreprise devra s'accommoder de l'inconstance des consommateurs, s'insérer naturellement dans des environnements qu'elle ne possèdera ni ne contrôlera, savoir s'y différencier sans y détoner, et pouvoir se reconfigurer en urgence au gré des inévitables crises qu'elle aura à affronter. Ceci nécessitera bien sûr de l'agilité - intellectuelle, organisationnelle, technique -, mais surtout une vertu qui apparaît de plus en plus déterminante : l'interopérabilité.

Dans le contexte que nous venons de décrire, les entreprises ne peuvent plus s'engager dans des corridors technologiques sans issues de secours, ni se placer en situation de dépendance vis-à-vis de fournisseurs et de solutions dont la pérennité est moins que jamais assurée. L'interopérabilité leur permet d'écarter ce double risque et de gagner en réactivité tout en sécurisant leur investissement. Interopérabilité au sein de leur propre système d'information, d'une part, afin de rapprocher et d'analyser des informations de natures et d'origines diverses pour affiner leur compréhension en temps réel du marché. Interopérabilité avec le monde extérieur, d'autre part, pour pouvoir accompagner les attentes des consommateurs, se greffer à de nouveaux environnements et s'adapter immédiatement aux évènements.

Pour les fournisseurs de technologie, cette exigence d'interopérabilité signifie la mort certaine du modèle de la " boîte noire ". Aux solutions " stand-alone ", ils doivent dorénavant substituer des composants diffus, flottants, compatibles avec le plus grand nombre, de manière à pouvoir accompagner les initiatives de leurs clients et rester pertinents quels que soient les processus ou les environnements techniques. Leur marque ne repose donc plus sur un produit, mais sur leur capacité à créer de la valeur, à produire des connaissances et à proposer en toutes circonstances une expérience de qualité. Le corollaire est qu'il leur faut accepter avec humilité de voir leur nom s'effacer derrière la plateforme ou l'application qu'ils contribuent à enrichir. En d'autres termes, un fournisseur de technologie doit désormais se mettre sans état d'âme au service d'une construction collective tout en s'attachant à démontrer sans cesse ce qu'il lui apporte.

Pour l'écosystème de la tech, ce besoin d'interopérabilité est incontestablement une opportunité. Des outils interopérables, c'est la possibilité de mieux répondre aux attentes actuelles et futures des entreprises, de leur offrir des solutions combinées, innovantes et différenciantes, d'unir ses forces pour emporter des affaires et toucher de nouveaux marchés, en particulier aux États-Unis. Travailler ensemble à l'interopérabilité ne signifie tirer un trait sur la compétition, mais choisir ses combats et ses alliés avec discernement. C'est ce que font d'ailleurs les GAFA qui, tout en étant farouchement concurrents, savent malgré tout être compatibles lorsque leurs intérêts communs sont en jeu. Il faut aujourd'hui dépasser l'attitude qui consiste à refuser des partenariats techniques avec ceux que l'on considère - souvent à tort - comme ses concurrents. L'interopérabilité est pour tous un vecteur et un multiplicateur de croissance, et davantage encore pour les acteurs de petite taille à qui elle ouvre de nouvelles portes. En misant sur l'interopérabilité, nous pouvons nous entraider, grandir ensemble et passer, pourrait-on dire, de l'interdépendance à l'intercroissance.


L'auteur : Thierry Aubert, Chief Product Officier de SKEEPERS (ex-cofondateur de mediatech.cx)

 
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