Les consommateurs se désintéressent de plus en plus des produits bio

C'est dans le cadre du Salon International de l'Agriculture, qui a eu lieu du samedi 25 février au dimanche 5 mars 2023, que l'agence Bio, groupement d'intérêt public en charge du développement, de la promotion et de la structuration de l'agriculture biologique française, a dévoilé la 20ème édition de son baromètre sur les produits biologiques, et leur perception par les Français. L'agence profite de cette édition pour lancer l'alerte sur la défiance croissante des consommateurs envers les labels alimentaires de qualité et environnementaux, et le manque d'informations des Français sur le bio. Menée par l'ObSoCo, l'étude révèle une hausse de la défiance des Français envers les labels ou démarches de qualité et de respect de l'environnement, dont les labels bio Eurofeuille et AB. Pourtant, ils restent convaincus des bienfaits de l'agriculture et l'alimentation biologiques pour préserver l'environnement et permettre une juste rémunération des agriculteurs.

95 % des Français reconnaissent et savent au moins vaguement ce que signifie le label bio AB. L'Eurofeuille affiche quant à lui une moindre notoriété (64 %, en hausse de 6 points par rapport à 2021). Mais c'est le Nutriscore qui bénéficie de la meilleure connaissance, avec 69 % de Français qui déclarent savoir précisément ce qu'il signifie (62 % pour le logo AB). Dans l'ensemble, même si elle reste élevée, l'attention des Français portée à chaque logo diminue en 2022.

L'inflation et le manque d'informations comme principaux facteurs

Cette nouvelle édition du baromètre dévoile que malgré le fait que les consommateurs aient une confiance encore élevée pour les labels publics (65 % pour le label AB), ou privés, la grande majorité d'entre eux connaissent tout de même une baisse d'intérêt en comparaison avec 2021.

Les résultats de l'édition 2022 confirment la baisse d'attractivité du bio : 60 % des Français indiquent avoir consommé des produits alimentaires biologiques au moins une fois par mois au cours des 12 derniers mois, en baisse de 16 points par rapport à 2021. La part des personnes n'ayant pas consommé de produits alimentaires biologiques sur un an a quasiment doublé depuis 2021, pour atteindre 17 % en 2022.

Malgré le fait qu'il s'agisse de la première étude réalisée en contexte d'inflation, le frein du prix des produits bio reste stable (71 %). Toutefois, il reste le 1er frein déclaré à la consommation de produits alimentaires bio.

Parmi les arguments invoqués par les non-consommateurs de bio, la remise en question de la réalité du bio arrive en 2ème position pour 57 % des répondants (+17 points par rapport à 2021). A cela s'ajoute que 44 % des répondants « n'en voient pas l'intérêt ».

Même si le prix des produits joue un rôle depuis des années sur la consommation de ces produits, le manque d'informations le talonne. En effet, 52 % des répondants estiment ne pas avoir assez d'informations sur l'origine des produits biologiques. Seulement 37 % des Français estiment avoir assez d'informations sur le contrôle des produits issus de l'agriculture bio et sa réglementation, ce qui accentue le doute sur le fait que ces produits, bien que labellisés bio, ne soient totalement bio.

Les Français semblent toujours convaincus de l'importance du bio

Même si la défiance semble être bien plus élevée que les autres années, les Français restent convaincus que l'agriculture biologique est en cohérence avec la transition alimentaire. 82 % des Français pensent que l'agriculture biologique contribue à préserver l'environnement, la qualité des sols et les ressources en eau. Près de deux tiers d'entre eux (60 %) pensent que le bio permet une juste rémunération des producteurs.

En 2022, l'Agence Bio a piloté la campagne #bioreflexe, reprise par 8 interprofessions, qui a montré son efficacité sur la connaissance, la compréhension et la confiance du citoyen/consommateurs pour le bio, puisque les ventes de produits semblent avoir augmenté de 5 % là où la campagne a été déployée.

Elle a ainsi profité du Salon International de l'Agriculture pour délivrer deux messages clés aux visiteurs : pourquoi et comment manger bio. L'objectif étant d'augmenter la consommation du bio en France qui est à environ 6 %, contre 14 % au Danemark et 11 % en Autriche.