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Blockchain, metaverse, morphing et voyage spatial... Les tops et les flops techno de 2021

Publié par Clément Fages le

De l'enthousiasme démesuré aux déceptions légitimes... Selon le principe de la courbe d'adoption, les nouvelles technologies mettent souvent des années à être acceptées. Seul le temps peut alors nous permettre de distinguer le buzzword sans fondement de l'innovation disruptive capable de se propulser " to the moon " !

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Top : Le QR code

Il semblait définitivement oublié... Il aura fallu une crise sanitaire pour rendre son utilisation incontournable. Oui, au rang des grands gagnants " technologiques " de 2021 (et en mettant volontairement de côté l'ARN Messager), on aurait pu citer le développement massif de l'e-commerce, l'arrivée du quick commerce, la généralisation du paiement sans contact, mais c'est sans doute l'accélération de l'usage du QR code qui aura été la plus massive. Incarnation du pass sanitaire, fonctionnalité phare de TousAntiCovid, le QR code s'est généralisé sur les tables des restaurants, permettant à une solution comme Sunday de bousculer l'expérience en CHR. Entre avril et octobre 2021, plus d'un million de personnes auront payé par ce biais dans l'un des 1 500 restaurants équipés. Mais les QR codes s'affichent aussi sur les pavés, sur des biscuits, dans le ciel grâce à des drones, lors des écrans publicitaires en TV... Le tout pour nous permettre de découvrir des communiqués de presse, des offres ou de bénéficier de coupons de réduction dématérialisés, de mesurer les performances de nos campagnes ou encore pour échanger plus facilement des cryptomonnaies !

Top : La blockchain

Vingt ans après la bulle Internet, sommes-nous en train de vivre une bulle des cryptomonnaies ? Ou les prémices d'une adoption massive, qui va rendre la blockchain aussi incontournable que ne l'est Internet aujourd'hui ? À moins que cette technologie ne soit le futur d'Internet ? Difficile d'avoir des certitudes. Le fait est que la valorisation du marché crypto a dépassé les 3 000 milliards de dollars mi-novembre, soit le triple de sa valeur début 2021. De quoi doper les investissements des acteurs du secteur, comme en témoigne l'arrivée fracassante de nombreux nouveaux sponsors, à l'instar de Crypto.com au PSG. Le tout, en enrichissant considérablement les early-adopters. Des rentiers qui peuvent s'inscrire dans la génération " FIRE " et qui n'hésitent pas à dépenser des millions pour s'offrir des NFT, à la grande joie des artistes numériques et des marketeurs. Derrière les nombreuses, et souvent inutiles, " opés " incorporant ce concept de Tokens Non Fongibles, on retiendra l'utilisation des NFT pour inscrire dans la blockchain une partie de l'histoire d'une entreprise (le premier tweet de Jack Dorsey) ou d'un sport (la plateforme NBA Top Shot), ou encore acheter un produit (RTFKT Sneakers, racheté par Nike) ou même un terrain dans un univers virtuel (sur Decentraland ou The Sandbox). Mais là encore, difficile de dire si ces usages perdureront.

Top : Le metaverse

Apéros, concerts, réunions et conférences... Le confinement aura digitalisé de nombreuses pratiques, qui semblent pourtant naturelles aux jeunes générations et aux habitués du gaming. Depuis près de quinze ans, des millions de joueurs échangent ainsi régulièrement entre eux sous la forme d'avatars dans un monde virtuel comme celui de World of Warcraft. Et cela est valable pour la conversation - des amitiés et des histoires d'amour se sont nouées en ligne - comme des objets, certains dépensant sans compter pour s'offrir des tenues, des armes, etc. On pourrait aussi parler de Second Life, de Habbo, de GTA online... Ou encore de Roblox, utilisé quotidiennement par un jeune Américain sur deux. Lancée il y a plus de quinze ans, la plateforme ne cesse de croître, tout comme son cours de bourse et l'intérêt des professionnels du marketing. Ainsi, si la réalité qui désigne la notion de metaverse existe peut-être depuis l'invention d'Internet, il aura fallu attendre quelques opérations de marques sur Roblox ou les mondes virtuels de Decentraland et de The Sandbox, et bien sûr l'annonce fracassante fin octobre de Facebook, qui se renomme Meta, pour que le terme metaverse soit dans tous les esprits en quelques semaines. Au risque de devenir un flop en 2022 ?

Flop : Le morphing

En 2021, on aurait préféré voir mieux, en matière de morphing, soit la possibilité de reproduire les traits d'un visage ou le son d'une voix grâce à l'IA, que Reface App ou C'est Canteloup. Il faudra en effet attendre 2022 et l'émission Hôtel du Temps pour voir Thierry Ardisson interviewer sur France 3 des personnalités ressuscitées grâce à cette technologie. Mais pour 2021, on devra se contenter de l'initiative de la marque Mountain Dew, qui nous a proposé, en mars dernier, de prendre un cours de peinture avec le peintre Bob Ross, décédé en 1995, ou la vidéo d'un faux Tom Cruise, diffusée en février sur TikTok et dans laquelle on nous mettait en garde contre les dangers du " deep fake ", le pendant malhonnête du morphing. Mais il faut revenir en 2019 pour trouver la trace, dans nos colonnes, d'une opération utilisant le deep fake avec l'ambition de faire autre chose qu'une fake news ou du fake porn : Solidarité Sida détournait alors un discours de Donald Trump pour lui faire dire qu'il avait fait le nécessaire pour stopper l'épidémie de sida. À l'heure où les placements de produits deviennent possibles a posteriori grâce au CGI (computer generated imagery), on peut supposer que le morphing sera utilisé à l'avenir pour que les égéries puissent représenter leurs marques dans le metaverse.

Flop : Clubhouse

Avant les cryptos, les NFT ou le metaverse, le premier buzz de 2021 se nommait Clubhouse. Le réseau social dédié à la voix et au live a bénéficié de son aspect select - accessible sur invitation et utilisé par des " VIP " comme Elon Musk - pour enflammer l'Apple Store, avec 8,1 millions de téléchargements au 16 février 2021. De quoi pousser la concurrence à réagir en copiant Clubhouse, dont la croissance a commencé alors à patiner: en avril, le nombre de téléchargements de l'application a baissé de 72%. Depuis, le réseau social a levé des fonds et ajouté de nouvelles fonctionnalités, notamment pour séduire les marques désireuses d'investir sa plateforme : on retiendra, par exemple, l'étonnante collaboration entre E.l.f. Cosmetics et Chipotle pour créer une table ronde sur le sujet du maquillage, des burritos et des droits des femmes, ou encore Open Kitchen, l'exercice de transparence réalisé par Burger King à l'occasion de la publication des résultats annuels de l'entreprise. Mais comme l'explique Anthony Bourbon, CEO de Feed et pionnier français de Clubhouse, l'offre de contenu sur la plateforme était trop faible pour créer une récurrence dans l'utilisation. En lançant, début novembre, la possibilité d'écouter les conférences audio en replay, Clubhouse réussira peut-être à changer la donne !

Flop : Le voyage spatial

Si l'on ne devait retenir qu'un nom de 2021, serait-ce celui d'Elon Musk ? Sans doute l'une des personnes les plus influentes de Twitter, capable de faire bondir le cours du Bitcoin en annonçant que Tesla l'accepte et en possède. Le patron du constructeur automobile a également occupé, à tour de rôle avec Bernard Arnault et Jeff Bezos, la place d'homme le plus riche du monde. Elon Musk mérite amplement sa place dans le top " influence ". Mais alors qu'il a promis d'envoyer le Doge " to the moon ", pour reprendre une expression courante dans la cryptosphère, en finançant notamment une mission de Space X vers la Lune grâce à cette cryptomonnaie parodique, c'est pour ses autres ambitions spatiales qu'il figure, au même titre que Jeff Bezos ou Richard Branson, parmi notre sélection de flops technologiques. Même si l'approche de Space X se distingue particulièrement de celle de Blue Origin ou de Virgin Galactic et qu'Elon Musk ne s'est jamais envoyé en l'air pour son plaisir personnel, est-ce bien sérieux, à l'heure où certains meurent déjà du bouleversement climatique, de faire la promotion du tourisme spatial ? Faut-il vraiment faire de l'espace un nouveau terrain de jeu du marketing, sous le prétexte de financer la recherche ? Et que dire des discours paradoxaux de ces entrepreneurs qui veulent améliorer le monde, mais qui ne font rien pour ?

Journaliste tout terrain, je couvre tous les aspects du marketing et plus particulièrement les stratégies des marques. J’aime aussi l’Histoire. [...]...

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