King Jouet invente un Jouet Score pour inviter la filière à se transformer

King Jouet a imaginé il y a quelques semaines un Jouet Score visant à valoriser les produits écoresponsables que l'entreprise iséroise met en vente. Une note que le commerçant affiche à l'approche des fêtes de fin d'année dans ses 380 magasins et sur sa plateforme digitale. L'opération, si elle a été annoncée cet automne, sera déployée au fur et à mesure. Pour l'heure, seuls les produits du catalogue de Noël ont été notés par King Jouet, soit 1 600 produits sur environ 10 000 références. On y retrouve tant les jouets que l'entreprise fabrique sous sa propre marque que ceux des fournisseurs classiques tels que Lego, Playmobil ou Mattel, également en rayon. Lors du prochain référencement au début de l'année 2024, de nouvelles notes apparaîtront.

Les critères de notation

Pour déterminer le score - de 0 à 5 - des produits scrutés, l'organisation s'est appuyée sur plusieurs critères. D'abord, le lieu de production, encore en grande majorité l'Asie. Or, tout fabricant gagne des points s'il propose des biens made in France. Il en va de même s'il se mobilise pour réduire la taille de l'emballage. En cas de suppression du packaging, celui-ci s'assure également une bonne note, précise Coralie Gueydon, responsable RSE de l'enseigne en charge du dossier.

« Nous nous sommes appuyés sur Écomaison, l'organisme mandaté par l'État pour s'occuper de la filière de recyclage du jouet notamment, pour établir cette notation. Nous valorisons, ajoute-t-elle, en particulier ce qui est conçu en bois FSC, les produits à partir de matériaux recyclés ou ceux qui en réduisent le nombre notamment. » Typiquement, en haut du classement, on découvre par exemple les jeux de société Bioviva ou les jouets Wood'n Play, marque appartenant à King Jouet, dont certains produits sont conçus dans l'Hexagone. Car l'entreprise en a profité pour passer au crible ses propres marques et gammes selon les mêmes critères.

« Comment avoir plus de points ? »

Pour l'heure, d'après Coralie Gueydon, dans les points de vente, les potentiels acheteurs ne demandent pas encore à voir les produits primés en rayon, et l'entreprise dit ne « pas spécialement s'attendre » à un pic d'achats en raison de cette opération avant le 31 décembre. Mais il y a un autre objectif. À travers le projet, l'enseigne entend inciter les fabricants de jouets à... progresser. Ce sont eux qui, ces derniers mois, ont fourni aux équipes les données leur permettant de déterminer un score pour chaque produit. « Certains fournisseurs ont pu être surpris en se demandant si ce nouvel indicateur allait impacter leurs produits. Mais la grande majorité, explique Coralie Gueydon, ont accepté de jouer le jeu en partageant les éléments. » Pour elle, l'initiative a été « reçue positivement parce que les acteurs ont conscience que la filière a besoin d'être tirée vers le haut ».

Pour autant, la marque ne veut pas pointer du doigt les « mauvais élèves » ou les pénaliser. Or, il se trouve que la majorité des références, y compris celles des marques de King Jouet, ont obtenu une note inférieure à 2 sur 5. Ainsi, l'entreprise a choisi de n'afficher que les produits ayant plus. Soit 400 références, sur 1 600. « C'est une goutte d'eau, bien sûr. Cela démontre que le secteur n'est pas encore mature. » Pour autant, estime-t-elle, « même si c'est lent, certains acteurs prennent les devants afin de proposer davantage d'éco-conception ». Elle en convient, les fabricants évoluent également sous la pression réglementaire et citoyenne. En tout cas, ça bouge, et pour elle c'est l'essentiel : « Depuis le lancement du Jouet Score, des fournisseurs ont frappé à notre porte, ils veulent savoir comment avoir plus de points... » Et ainsi être plus visibles.