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Aujourd'hui, le XXIe siècle ne fait plus rêver

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Recherche d'un nouvel équilibre entre vie privée et vie professionnelle, aspiration à des plaisirs simples, vivre bien avec les autres. Pour Jean-Pierre Fourcat, vice-président de Sociovision, les Français sont en quête de bonheur immédiat.

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«Nous sommes face à un vrai paradoxe : l'aspiration au bonheur n'a jamais été aussi forte alors même que monte l'incertitude. Depuis trente ans, Cofremca Sociovision mesure le “sentiment d'aise” des Français. Depuis plusieurs années, le tonus individuel progresse et se place à un niveau encore jamais atteint. Alors que les individus ont développé une certaine confiance en eux, leur confiance dans l'avenir, et le collectif d'une façon générale, est en forte baisse, d'où un sentiment de frustration affirmé notamment chez les jeunes. Le XXIe siècle ne fait plus rêver. Le futur est incertain et, en plus, ce que l'on voit n'est pas très gai (guerre, conflit géopolitique, remontée du chômage…). Parce qu'il y a frustration, l'appétit du bonheur dans l'immédiat est fort. Les petites choses sont importantes. Cela se voit, par exemple, dans les magasins où l'on redécouvre le plaisir au quotidien. Le problème, c'est que tout le monde s'est mis sur ce créneau. Je reproche aux marques et à la communication un manque de créativité. Toutes ces marques qui prétendent à m'apprendre à gérer mon bonheur… On constate le développement de la mentalité de plaisir plus que de l'effort. Ce qui pose certains problèmes, notamment sur des sujets comme le travail et l'investissement personnel.

Aujourd'hui, une nouvelle équation entre le travail et la vie personnelle est en train d'être écrite (revendication actuelles pour modifier les 35 h = gagner plus d'argent pour mieux vivre et avoir plus de loisirs). Les entreprises ont raté le plaisir au travail. Elles ne mettent en avant que les résultats financiers et cela ne touche que certaines catégories de salariés. Une grande partie du succès d'Internet a été de faire retrouver du plaisir. La première source de bonheur est l'autonomie (cf. développement du bricolage, sports de loisirs). Mais le plaisir n'est pas que sensoriel, il est dans l'imaginaire, l'émotion. En contrepartie, on constate une véritable haine du malheur, du bobo, de la douleur, du dur.

D'ailleurs, la sensation du malheur est très forte, y compris le malheur partagé : la douleur des autres est intolérable (émotion lors d'accidents d'avion, etc.). On aime expérimenter par procuration : on n'a, par exemple, jamais autant pleuré de bonheur au cinéma. On constate aussi une modification très forte de l'attitude à la consommation : l'aspiration des individus n'est pas de consommer mais de vivre bien, et vivre bien ne passe pas forcément par la consommation, mais par la relation avec les autres, les biens immatériels. Et, parce que les individus aspirent à des plaisirs simples, la consommation a changé de sens : nous ne sommes pas dans la déconsommation mais dans la consommation suspendue. Le bonheur, c'est la satisfaction, le rejet des tâches rébarbatives (cf. le besoin de prothèses comme la télécommande, les lingettes, la direction assistée en voiture). Le bonheur, c'est aussi la garantie de la réussite : la crainte de l'échec est énorme. Le bonheur, notamment pour les jeunes, c'est : “Donnez-moi les moyens de gérer ma vie dans un avenir incertain.” »

65%


65% des Français font du chômage et de l'emploi leur première préoccupation. (Source TNS Sofres. Juillet 2004)

 
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Anika Michalowska avec Rita Mazzoli

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