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Weddings on the Web

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La France, n° 1 de la natalité en Europe l'année dernière et en pleine recrudescence de mariages, enregistre néanmoins une hausse du nombre de célibataires. Pour eux, le site Meetic veut rompre avec l'image peu crédible des services de rencontres et entamer une structuration du marché.

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«Il y a 14 millions de célibataires en France, et il n'y a guère que Findus et sa portion individuelle qui ait essayé de les approcher. » Sur la base de ce raccourci éclairant, Marc Simoncini, ancien P-dg et fondateur du groupe i(france), ouvre ces jours-ci www.meetic.fr, un site de rencontres dont la vocation est de permettre aux internautes de trouver l'âme soeur. Si le Web a préempté le marché aux Etats-Unis, avec des sites comme match.com, udate ou matchmaker, qui enregistrent depuis le 11 septembre des fréquentations record, le marché français, lui, reste très peu structuré, tant off line que on line. Au nom du vieux cliché d'une France "pays de l'amour", l'Hexagone persiste à bouder la rencontre provoquée. Pour les célibataires de longue durée, que reste-t-il ? Les petites annonces du Chasseur Français et du Nouvel Obs, avec la difficulté de faire mouche en quelques mots ; le Minitel et l'Audiotel, où le sulfureux le dispute vite au porno ; les agences matrimoniales (700 en France) et leur empirisme. « On part d'une image négative, explique Christophe Salanon, directeur marketing de Meetic. Le Minitel et ses arnaques, les agences, chères (1 500 E en moyenne) et pas toujours compétentes... En même temps, les gens sont aujourd'hui plus ouverts à ce type de démarche. Ils sont prêts à le dire, et à assumer d'être en quête de quelqu'un. » Côté agences matrimoniales, on ne croit pas qu'un outil chassera l'autre. Comme l'explique Monsieur Andréa, président du syndicat des agences, « les êtres humains sont complexes, on ne peut pas les mettre en adéquation avec des petites cases à cocher, ça ne marche pas... ».

Paiement au contact


Meetic s'est tout d'abord concentré sur un outil de "double matching" qui permet d'approcher la perle rare. Le site, dont la création a coûté 2 millions d'E, calcule les compatibilités entre les personnes. On se décrit selon une quarantaine de critères, on se présente en photo, en vidéo et en audio, mais aussi en entrant de nombreuses données sur la personne recherchée. On pourra donc choisir de rencontrer une fleuriste, blonde, de 30 à 35 ans, aimant le nougat et utilisant le RER pour se rendre à sa salle de gym ! Le système peut sembler irréaliste. Il n'est pas si absurde si l'on en juge par les exigences croissantes des célibataires endurci(e)s, dont les "cahiers des charges", relatifs au conjoint idéal, finissent par être le premier frein à toute possibilité de rencontre. Chez les filles en tout cas. Marc Simoncini a également beaucoup planché sur le modèle économique de son site. Il a choisi de le rendre payant. Mais seulement pour les garçons. Pour s'assurer que ces derniers auront des démarches décentes et sincères vis-à-vis des demoiselles, les créateurs du site estimant que les messages salaces sont essentiellement masculins. Par ailleurs, la faible présence des femmes sur le Web (15 % seulement) ne doit pas nuire au site. On consulte les offres gratuitement, seul le contact est payant. Trente centimes d'euros pour répondre à une annonce, et jusqu'à 91 euros environ pour s'abonner pour un an. Meetic s'est doté de toutes les technologies évoluées de l'Internet, paiement par carte bancaire, mais aussi monnaie virtuelle sous forme de crédits rechargeables via le site ou le téléphone. Les contacts seront multiaccès : Web, SMS, Wap, PDA et Audiotel. Tout est paramétrable : alertes mails, mais aussi black-lists pour éviter les raseurs. Via une campagne on line, un concours et quelques acquisitions de fichiers, le site ouvre avec près de 100 000 abonnés. Reste à éviter les dérapages du Minitel. Pour cela, Meetic promet une modération (contrôle des messages par le propriétaire du site) très stricte des textes et images. Toute information salace vaudra l'exclusion. Mais le fait que le site soit payant devrait limiter ce genre de pratiques. Bien sûr, rien n'est garanti. « Comme dans une boîte de nuit, on peut filtrer l'entrée, mais après, ce que les gens se disent à l'intérieur... », note Marc Simoncini. Quant aux célibataires, il attend les résultats de Meetic pour leur proposer un magazine papier et pourquoi pas une chaîne câblée... Car, si la difficulté de rencontrer chaussure à son pied lui semble être un phénomène durable, le célibataire reste un client transitoire : « C'est le seul business où le client satisfait est un client perdu. »

 
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Valérie Mitteaux

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