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Les Français ont-ils modifié leur rapport à l'argent?

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En quelques mois, les consommateurs américains sont passés d'une culture du crédit à une culture de l'épargne. Une réaction mécanique - et logique - face à la crise.Qu'en est-il des Français?

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Nos rapports à l'argent ont apparemment changé. Une évolution que l'on retrouve dans d'autres pays occidentaux comme la Grande-Bretagne. Qu'en est-il en France, où les consommateurs de tempérament prudent, voire méfiant, possédaient déjà une forte culture de l'épargne? Leurs attitudes face à l'argent se sont-elles modifiées en profondeur? Pour le savoir, la dernière enquête réalisée en ligne par Ipsos Marketing pour Marketing Magazine à l'été 2009, reprend une série d'indicateurs déjà mesurés par Ipsos en 2007. Un échantillon national représentatif de 500 Français a été interrogé sur le thème du rapport à l'argent afin d'identifier les principales évolutions.

Des réflexes d'autodéfense

Conséquence naturelle d'une période au cours de laquelle les principaux indicateurs financiers ont été particulièrement bousculés, les Français s'impliquent davantage dans la gestion de leur argent. Plus que jamais, la vigilance est de mise dans ce domaine. Ainsi 61% des personnes interrogées reconnaissent «passer du temps à gérer leur argent», un chiffre en augmentation de 10 points entre 2007 et 2009! Si tout le monde est concerné, cette préoccupation est maximale chez les femmes de moins de 35 ans. Sans surprise: ce sont elles qui éprouvent le plus de difficultés dans la période actuelle. 55% disent «avoir du mal à payer les factures». De fait, la progression se retrouve dans une large frange de la population. Ainsi, les Français étaient 38% en 2007 à déclarer avoir du mal à payer les factures. Ils sont 45% en 2009. Au-delà de ces réactions défensives, les fourmis françaises ne varient pas avec la crise. Au contraire, sur le plan des valeurs fondamentales, la période actuelle renforce des attitudes déjà bien ancrées. Les Français sont, par exemple, de moins en moins tolérants vis-à-vis du gaspillage de l'argent. Ils sont 89% à être agacés par ce phénomène (+ 4 points entre 2007 et 2009). Autre exemple: la réticence au crédit reste forte, et se renforce même. 87% des personnes interrogées considèrent qu'il faut «absolument éviter de vivre à crédit» (+ 2 points entre 2007 et 2009). Une attitude consensuelle qui rend difficile l'innovation à venir pour ce type de produits financiers. Les Français tirent également la leçon de la crise et veulent faire oeuvre utile et pédagogique. L'étude montre un désir croissant d'initier et de responsabiliser les jeunes générations vis-à-vis de l'argent et de sa gestion. En effet, 85% des Français pensent qu'il est «important d'ouvrir un compte en banque aux enfants afin de les éduquer aux questions d'argent». Une aspiration à rapprocher des statistiques déclinantes cette année en ce qui concerne l'argent de poche reçu par les enfants. Cette vigilance accrue chez les consommateurs devrait se traduire par une demande d'accompagnement plus forte en matière de gestion financière personnelle, et un besoin de conseil renforcé. Les banques devront aller au-devant de ces demandes. Le retour de la confiance est à ce prix.

REMY OUDGHIRI, DIRECTEUR DU DEPARTEMENT TENDANCE ET PROSPECTIVE, IPSOS MARKETING

 
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Rémy OUDGHIRI

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