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La crise amplifie les inégalités

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En juin dernier, 34 % des Français étaient très inquiets quant à l'avenir social et économique de leur pays, et 53 % plutôt inquiets. Un état d'esprit qui influence leur façon d'acheter, qu'lpsos Marketing classe en six catégories.

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La crise a incontestablement cristallisé les inégalités en France. C'est ce que révèle notamment l'Observatoire Ipsos Economie Crisis Monitor (IECM). Certes, aucune catégorie sociale ne considère que son revenu social a augmenté, cependant une cassure nette s'est formée entre les hauts revenus d'un côté, et les bas revenus et la classe moyenne de l'autre. Il en résulte des comportements d'achat différents. 47% consomment moins, 40% autant et 13% plus. Ipsos Marketing a ainsi ressorti six typologies distinctes.

Méthodologie

Lancé en décembre 2008, l'IECM est un outil opérationnel, intégrant des indicateurs du moral de l'opinion face au contexte économique, sur la stratégie de consommation et le comportement d'achat des Européens et Américains. Il s'agit d'une étude syndiquée. 500 interviews sont réalisées par pays. Recueil de données on line.

40% se déclarent peu impactés par la crise

Les «Imperturbables» représentent 23% des personnes interrogées. En majorité des hommes actifs de plus de 35 ans, ils sont plus aisés que la moyenne et pour la plupart propriétaires. 78% d'entre eux n'ont pas modifié leurs habitudes de consommation et 84% ne comptent pas en changer dans les mois à venir. Réalistes face à la crise, ils se déclarent plutôt confiants, n'ayant pour 53% pas du tout peur de perdre leur emploi, contre 29% pour l'ensemble du panel interviewé. Par conséquent, ils demeurent très attachés aux marques et à la qualité, s'inscrivent dans la tendance environnementale et continuent de se rendre au restaurant.

Les «Spectateurs de la crise» constituent, pour leur part, 17% des Français. 35% ont moins de 25 ans, et 59% moins de 35 ans. Par ailleurs, 30% vivent en Ile-de-France. N'étant pour la plupart pas encore entrés dans la vie active, ils se positionnent plutôt en tant que spectateurs et modifient peu leurs modes de consommation. Peu impliqués, ils demeurent hédonistes et insouciants. Ainsi, alors que 35% des Français achètent des produits verts, ils ne sont que 28% à le faire dans ce groupe.

Les«Ultra-fragilisés» versus les «Dopés»

15% des Français sont des «Déroutés». Ce sont majoritairement des personnes issues de la classe moyenne, des couples en construction de vie, habitant davantage en province. Pour eux, la crise met un coup d'arrêt à tous leurs projets. 57% d'entre eux ont dû réduire fortement leurs dépenses et 62% ont l'intention de continuer à les baisser. Ils fréquentent donc davantage les enseignes hard discount et se font moins plaisir. Ce sont les plus pessimistes: 72% estiment que la crise va durer plusieurs années, 55% ont peur de perdre leur emploi. Reste qu'ils espèrent que la situation actuelle va aussi permettre une prise de conscience. De fait, 42% estiment que la crise est une «opportunité pour changer de modèle social».

Avec la crise, les Français développent une consommation responsable.

@ Monkey Business / Fotolia

Avec la crise, les Français développent une consommation responsable.

Quant aux «Précautionneux» (13 %), ils ont, en majorité, plus de 45 ans et 38 % sont des retraités. Ils sont plus prudents que les autres typologies et ne prévoient pas de gros achats dans les prochains mois, préférant épargner, et faisant encore plus attention que d'habitude. 54 % sont très inquiets et 81 % se déclarent très pessimistes. Autre groupe en situation difficile: les «Ultra-fragilisés» (19%) sont des consommateurs qui étaient déjà fragiles avant la crise. Plutôt CSP -, locataires et en couple avec déjeunes enfants, ils se retrouvent dans une «logique de survie». 64% craignent de perdre leur emploi. Ils resserrent donc leurs dépenses et recherchent les promotions. A l'exact opposé, les «Dopés» (13 %) consomment davantage avec la crise, qui «réveille leur appétit de consommation». Ce sont, pour la plupart, des femmes actives vivant en couple, en quête de bonnes affaires. Elles voient la crise comme une opportunité de changer de modèle de société (83%), mais aussi de style de vie et de consommation (76 %), se dirigeant de plus en plus vers l'achat de produits verts et de nouveautés. Ce phénomène de polarisation sociale s'est donc bel et bien accentué avec la crise. Comme le relève Rémy Oudghiri, directeur du Département Tendances et Prospective d'Ipsos Marketing, un point positif émerge cependant: la consommation responsable est finalement transversale à toutes les typologies. Signe qu'elle s'enracine dans la société.

 
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Aurélie CHARPENTIER

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