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L'e-réputation et le droit à l'oubli

Publié par La rédaction le

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Nathalie Kosciusko-Morizet, alors chargée de la Prospective et du Développement de l'économie numérique, avait annoncé en octobre 2010 la signature d'une charte visant à rendre effectif le «droit à l'oubli» sur les sites collaboratifs et les moteurs de recherche. Quel sera l'impact réel de cette charte, alors que Google et Facebook ne font pas partie des signataires?

Consciente des limites actuelles de la charte sur le droit à l'oubli numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet a tenu à préciser qu'elle « constituait un point de départ ». Ce texte demande aux signataires de mettre en oeuvre des actions pédagogiques, dans le but d'avertir les utilisateurs des risques inhérents à la publication de données personnelles ou concernant des tiers. Il vise aussi à faciliter le droit d'opposition prévu par la Cnil.

Une telle approche, bonne dans son intention, n'en est pas moins limitée. Une raison simple à cela: aujourd'hui, l'initiative ne peut avoir d'influence que sur des acteurs français. Citons quelques signataires: Viadeo, Skyrock, Trombi.com, Benchmark Group (éditeur de Copains d'avant) et Microsoft France. Il semble en effet peu probable que les plates-formes étrangères, génératrices de la plus grande audience et non concernées par la législation française, acceptent de participer à cette initiative. On est donc en droit de s'interroger sur l'avenir d'une telle mesure. Dans ce cas, plutôt que d'espérer la mise à disposition de moyens correctifs par les diverses plates-formes, il vaudrait mieux miser sur le préventif, en sensibilisant et en «éduquant» les utilisateurs dès le plus jeune âge. L'apprentissage et l'acquisition des règles d'utilisation des outils de communication actuels pourraient trouver leur place à l'école. La pédagogie est primordiale, encore faut-il qu'elle soit utilisée au bon moment. Demander aux plates-formes de prendre des mesures de cet ordre envers leurs utilisateurs est peut-être aussi vain que d'inscrire sur un paquet de cigarettes «Fumer tue». Il est fort probable que l'internaute ne tiendra pas compte des alertes d'une plate-forme au moment de publier sur le Web, s'il n'a pas été sensibilisé aux risques éventuels bien en amont.

Le secrétariat d'Etat chargé de la Prospective et du Développement de l'économie numérique collabore-t-il avec le ministère de l'Education nationale, pour intégrer dans les programmes une sensibilisation à l'utilisation raisonnée de la communication numérique? N'est-il pas étonnant que la plupart des grandes écoles ne proposent pas à leurs étudiants des modules de formation au personal branding afin de leur donner les clés permettant de gérer au mieux leur e-réputation? Apprendre à effectuer une veille sur sa «marque personnelle» et prendre conscience des conséquences de ses publications est indispensable pour un futur demandeur d'emploi. Bien sûr, les étudiants utilisent Facebook, mais ont-ils conscience de l'impact de ce qu'ils peuvent y publier, savent-ils se positionner et exploiter des réseaux sociaux à but professionnel comme Viadeo ou LinkedIn? Rien n'est moins sûr. Certaines écoles de commerce dispensent quelques heures en fin de cycle pour sensibiliser leurs étudiants à l'intérêt de veiller sur leur e-réputation et favoriser ainsi leurs chances vis-à-vis des recruteurs, qui ne manqueront pas de «googliser» chaque candidat. Les traces laissées sur Internet, et si elles ne sont pas indélébiles, peuvent être très difficiles à faire disparaître.

La mise en place d'une charte sur le droit à l'oubli est peut-être nécessaire, mais certainement pas suffisante. Internet fait maintenant partie de notre existence et plus encore de celle de nos enfants, qui ne peuvent pas concevoir leur existence sans ce média. Il sera donc capital de bien penser à intégrer cela dans nos règles d'éducation, au même titre que d'autres principes. L'e-réputation se bâtira bientôt de plus en plus tôt et se construira tout au long de notre vie.

Frédéric Foschiani est le fondateur de QSN-DigiTal, spécialiste de la valorisation de l'e-réputation et de la stratégie de positionnement sur les réseaux sociaux. Consultant et formateur, expert du marketing digital et des réseaux sociaux, il intervient lors de conférences. Il dispense aussi des cours relatifs à l'e-réputation et au personal branding au sein d'écoles de commerce.


Blog: http:// blog-ereputation.com

 
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