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"La plus forte augmentation de salaire se trouve sur les métiers du trafic"

Publié par Salomé Kourdouli le - mis à jour à

Martin Villelongue, directeur exécutif de Michael Page, révèle les métiers les plus rémunérateurs dans le secteur du marketing et de la communication.

Quelles sont les tendances de recrutement dans le secteur du marketing ?

Nous notons deux grandes tendances :

-Une tendance conjoncturelle : les métiers du marketing et de la communication sont des métiers dépendants des perspectives économiques. En effet, lorsqu'elles sont mauvaises, les entreprises investissent dans des fonctions qui leur semblent prioritaires, soit les fonctions opérationnelles, commerciales ou plus fonctionnelles comme la finance, la comptabilité, et investissent moins dans le marketing et la communication. Depuis un an ou deux, les perspectives sont meilleures donc nous observons de nombreux recrutements. Le marché n'a pas été aussi favorable depuis un certain temps pour le secteur du marketing et de la communication, et cela devrait se poursuivre en 2020.

-Une tendance structurelle : la digitalisation des métiers. Il y a cinq ans, les unités digitales se développaient à côté des services marketing et communication classiques. Aujourd'hui, le digital s'est diffusé dans toutes les entreprises et dans tous les métiers, et plus particulièrement dans le marketing et la communication. Désormais, il n'y a plus de division entre l'online et l'offline, les métiers du marketing se sont fortement digitalisés, et nous ne pouvons plus recruter un directeur marketing classique sans que ce poste ait une composante digitale.

Quelle évolution avez-vous observée en termes de recrutement entre 2018 et 2019 ?

Nous avons constaté une vraie différence entre 2018 et 2019, non seulement sur le volume de recrutement, mais aussi sur le niveau des postes. Cette année nous voyons se développer des volumes de recrutement plus conséquents sur des postes plus équilibrés de directeurs marketing, direction digitale ou de responsables, avec des profils de managers ou directeurs.

Quels métiers connaissent un engouement particulier en 2019 ?

L'ensemble des métiers se portent bien. Si on analyse de manière plus fine, ce sont bien les métiers à forte composante digitale qui portent cette accélération des recrutements. Je parlerai de familles de métiers, avec d'abord tous les métiers liés à l'acquisition. Beaucoup d'entreprises ont compris que le canal d'acquisition business en B to B et B to C est le web. Ensuite, le brand content, le social media, avec notamment l'avènement de la vidéo, se développent et justifient de nouvelles compétences, de nouveaux savoir-faire et une nouvelle logique. La troisième dimension forte est liée à la data et au CRM, qui ont développé une connaissance client de plus en plus fine.

Quelle importance ont ces métiers aujourd'hui dans la stratégie marketing ?

Les métiers liés aux leviers d'acquisition, au CRM, le social media manager, ce sont des positions qui étaient presque un luxe il y a 5 ans, tandis qu'aujourd'hui elles sont au coeur du dispositif marketing. Ces positions prennent plus de poids dans les organisations marketing et dans les budgets, que ce soit les salaires ou les budgets directement alloué à ces personnes pour mener leurs campagnes.

Quelles compétences valorisent un profil marketing ?

Nous recherchons toujours autant de compétences techniques, voire des compétences techniques plus fines. Nos clients recherchent d'une part des candidats plus experts, et d'autre part un plus grand savoir-faire fonctionnel, une culture business plus développée. C'est-à-dire que nos clients recherchent des gens non pas enfermés dans leur ligne métier et dans leur savoir-faire spécifique, mais qu'ils soient capables d'appréhender les enjeux business pour mettre ce savoir-faire au service du client, de s'inscrire dans des rôles et dans des organisations qui soient beaucoup plus transversales. Depuis un an ou deux de nombreuses entreprises passent sur des notes de management plus matricielles, des organisations plus plates, des collaborations entre des pays, etc. Ces experts du marketing doivent dont être capables de collaborer de manière beaucoup plus étroite, fonctionnelle et efficace avec tous les services internes de l'entreprises en mode projet.

Quel est le profil marketing d'aujourd'hui ?

La filière marketing traditionnellement favorisait la qualité des diplômes, mais l'arrivée du digital a un peu cassé les codes. Nos clients sont désormais plus ouverts sur les profils, sur donc la variété des expériences et la variété des formations. Nous avons des candidats avec des formations techniques qui se dirigent vers du marketing, des profils business, des profils marketings plus classiques, etc. Les parcours sont plus hétéroclites, plus complets, et plus ouverts.

Quels métiers sont les plus rémunérateurs ?

La plus forte augmentation de salaire se trouve sur les métiers du trafic, par exemple là où le trafic manager se valorisait sur le marché entre 35k et 40k euros bruts par an, aujourd'hui il peut assez facilement aller sur du 45k, 55k euros bruts par an. Les entreprises sont prêtes à payer pour avoir des experts qui vont développer leur trafic, leur visibilité et donc leurs revenus.

De même, les métiers du social media, du brand content, sont des métiers qui peuvent facilement tourner autour de 50k euros bruts par an, quand ils restaient plutôt autour de 40k euros bruts par an il y a un ou deux ans. Le contenu des postes s'est amplifié, s'est diversifié, ils ont plus de budget à gérer, etc.

Plus généralement, les métiers les plus rémunérateurs sont toujours plus ou moins les mêmes : les directeurs marketing, directeurs e-commerce. Même ces métiers ont été valorisés en termes de salaire, car les équipes sont plus nombreuses, les budgets qu'ils gèrent sont plus importants, et les entreprises investissent davantage dans ces fonctions.

Où en est l'engouement pour les métiers de la data ?

Avec la transformation digitale et à l'ère du big data, les entreprises se retrouvent avec des multitudes de données à exploiter. En effet, que ces données concernent les clients, les produits, les comportements utilisateurs, la concurrence, elles représentent une mine d'or pour les entreprises qui sauront les exploiter. Les stratégies menées sont alors dites " data-driven " et permettent aux directions métiers d'orienter les décisions stratégiques dans un objectif business. L'analyse de la donnée est donc le nerf de la guerre pour les entreprises, avec de forts enjeux business, qui justifient des embauches qui ne cessent de croître dans ce domaine.

Ces métiers liés à la data se sont transformés ces dernières années avec notamment les nouvelles lois RGPD, et des postes comme le DPO (data privacy officer) ont émergé. D'autres postes directement liés au business comme le data analyst, ou le marketing intelligence manager sont très recherchés par les entreprises. Ces profils sont en général issus d'école d'ingénieur ou de commerce avec une forte dominante statistiques et sont capables de traiter et faire parler les données à des fins commerciales. Ces profils qui peuvent également avoir des compétences techniques fortes (machine learning, maitrise des logiciels et outils Data) peuvent espérer après 2/3 ans d'expérience professionnelle prétendre à des salaires aux alentours des 45 K€.

Quelles modalités d'embauche sont favorisées ?

Nous avons encore une fois deux tendances. Le CDI continue à très bien se porter, ce qui est lié à la conjoncture, et se portera ainsi pendant quelques temps. C'est aussi lié au fait que les entreprises dans le secteur du digital cherchent des profils de managers ou directeurs. La deuxième tendance est la flexibilisation du travail : le travail en mission se développe fortement, via des freelances, via du management de transition. La plus forte croissance que l'on observe est sur le management de transition, c'est-à-dire sur le fait de mettre à disposition de nos clients des experts, pour travailler 6, 9, 12 mois, ou 18 mois en mode projet et en mission de conseil pour, par exemple, la refonte d'une marque, la digitalisation d'une entreprise, de la réorganisation, etc. Le travail en mission et la collaboration plus flexible via du consulting, du freelance, de l'intérim management, se multiplie ces dernières années. Ce sont des missions courtes mais pas de court terme. Nos clients cherchent des compétences un peu surdimensionnées par rapport au poste pour installer de nouveaux dispositifs, de nouvelles stratégies, qui seront ensuite conduits par des cadres intermédiaires.

Qu'en est-il de la délocalisation du travail ?

Le télétravail est quelque chose qui se développe énormément, et qui devient même un levier d'attractivité pour les recruteurs. Une entreprise qui ne proposerait pas à ses cadres, particulièrement dans les métiers du marketing et de la communication, de pouvoir travailler de manière plus flexible avec du télétravail, impacterait son attractivité.



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