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Facebook et Instagram : les prémices d'une nouvelle bulle internet ?

Publié par François Deschamps le - mis à jour à
Mike Krieger et Kevin Systrom, fondateurs d'Instagram
© Portrait photographique de Cody Pickens
Mike Krieger et Kevin Systrom, fondateurs d'Instagram

Le réseau social aux 850 millions d'utilisateurs a annoncé le rachat d'Instagram pour un milliard de dollars. La nature et le montant de cette opération ne sont pas sans rappeler certains symptômes de la bulle internet des années 2000.

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Si tout se passe comme prévu, Facebook devrait entrer en bourse dès le mois de mai prochain. Cette introduction sur le marché du Nasdaq pourrait valoriser le réseau social à plus de 100 milliards de dollars, tandis que la société affiche un chiffre d'affaires de 3,71 milliards de dollars. C'est dans ce contexte un peu particulier que le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, a annoncé lundi le rachat de l'application de photographies à partager sur les réseaux sociaux, Instagram. Montant de l'opération : 1 milliard de dollars, en actions et en numéraire. "Des millions de personnes à travers le monde aiment l'application Instagram et la marque qui lui est associée, a déclaré Mark Zuckerberg dans un communiqué annonçant le rachat. Notre objectif est de contribuer à diffuser cette application auprès d'encore plus d'individus."

Comme une impression de déjà-vu

Sur la page Facebook de Mark Zuckerberg, plus de 130 000 personnes ont "liké" le communiqué annonçant le rachat d'Instagram. Certains fans ne se privent pas de commenter le montant de l'opération :

- Laurence (Université d'Harvard) : "Tu sais ce qui est cool ? Un milliard de dollars !"

- Patrick (Université de Genève ) : "Excellent commentaire, mais tu sais ce qui serait vraiment cool ? Cent milliards de dollars."

Pour l'heure, difficile de dire si dépenser 1 milliard de dollars pour une société d'à peine deux ans d'existence, et composée d'une dizaine de salariés, est une opération "cool" ou non, mais une chose est sûre, c'est un montant colossal. Il n'est d'ailleurs pas sans rappeler l'excitation des spéculateurs boursiers sur les sociétés de la Net économie des années 1995-2000, qui a débouché sur l'explosion de la bulle internet. Le navigateur web Netscape avait ainsi été valorisé à 2 milliards de dollars à la fin de sa première journée de cotation en bourse, en 1995, pour définitivement disparaître de la webosphère en 2008.

C'est bien là où le bât blesse. Instagram ne possède pour l'heure aucun modèle économique, et donc aucune source de revenus. Jusqu'ici, l'entreprise de San Francisco a vécu grâce à deux importantes levées de fonds, de plusieurs dizaines de millions de dollars. Néanmoins, l'application Instagram compterait déjà plus de 30 millions d'utilisateurs fidèles, via les smartphones équipés de l'iOS et d'Android. Et la stratégie de Mark Zuckerberg concernant Instagram est plutôt claire : "continuer de développer la société et son application indépendamment de Facebook". Mais ce n'est pas tout. Citant l'analyste spécialiste des médias sociaux Lou Kerner, le site internet du Nouvel Observateur -dont la source est l'AFP-, souligne que "les photos sont l'application la plus utilisée sur Facebook, elles sont essentielles (...) et Facebook ne voulait pas perdre sa domination dans ce domaine". Il remarque, en outre, que Facebook héberge "environ 5 % de toutes les photos qui ont jamais été prises dans le monde depuis le début de l'histoire de la photographie". 

Ce ne serait pas la première fois que la valeur d'une société du Web serait surestimée. Alors, pourquoi s'alarmer ? Pour la simple et bonne raison que 2011 a marqué une accélération des introductions boursières démesurées de géants du Web, à coup de millions, voire de milliards de dollars. Ainsi, en mai 2011, le réseau social professionnel LinkedIn était valorisé à 8,9 milliards de dollars au soir de son introduction boursière, soit près de 37 fois son chiffre d'affaires de 2010. Plus récemment, en novembre 2011, le géant des deals quotidiens Groupon réussit à lever plus de 700 millions de dollars grâce à son entrée en Bourse, une action de la société valant alors plus de 26 dollars. Chahutée en bourse, une action vaut aujourd'hui à peine 14 dollars. Autre exemple, en décembre 2011, l'éditeur de jeux sociaux Zynga (auteur entre autres de CityVille et FarmVille), lève un milliard de dollars grâce à son introduction sur le Nasdaq. Des entrées en Bourse qui, indéniablement, constituent des records depuis celle de Google... en 2004.

Infographie présentant l'évolution d'Instagram depuis sa création, réalisée par Visual.ly :

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