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DossierLa nouvelle génération de malls à la pointe de l'innovation

Pour faire face à la révolution de l'e-commerce - notamment -, une nouvelle génération de malls à la pointe de l'innovation a vu le jour. Ces nouveaux temples de la consommation toujours plus grands (et plus chers) tendent à proposer une nouvelle façon de consommer. Plus ludique. Visite guidée.

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La nouvelle génération de malls à la pointe de l'innovation

Sommaire

1 La nouvelle génération de malls à la pointe de l'innovation

L'Atoll

Une soucoupe volante posée à Angers ? L'Atoll, le centre futuriste de la Compagnie de Phalsbourg. Une galerie de verre contenant des avions ? Aéroville, d'Unibail-Rodamco. Les deux splendides paquebots en verre et résille métallique en bordure du front de Seine? Beaugrenelle, dernier-né d'Apsys. Les foncières de centres commerciaux rivalisent d'imagination et construisent des établissements toujours pus beaux, toujours plus grands... et toujours plus chers. Beaugrenelle a ainsi coûté la bagatelle de 500 millions d'euros ! " C'est la fin du parallélépipède sans charme, confirme Éléonore Villanueva, directrice marketing et communication d'Apsys. Fini le modèle de courses synonyme de corvées le samedi avec son chariot dans des centres bondés. Aujourd'hui, nous sommes dans l'ère des nouveaux temples de la consommation plaisir que sont devenus les centres commerciaux. " De la verdure en quantité (7 000 m2 de toitures végétalisées chez Beaugrenelle), du parquet (6 000 m2 de parquet en chêne massif à Aéroville, soit neuf fois la surface de la galerie des Glaces de Versailles), des matériaux précieux (duo de marbre blanc et marbre noir à So Ouest), des façades de boutiques immenses (jusqu'à 8 mètres de hauteur à Aéroville), des verrières magistrales, des atriums gigantesques, des coupoles, bref la démesure des promoteurs s'affiche sans complexe. Même des oeuvres d'art s'installent dans les malls. " Beaugrenelle accueille le grand mobile de l'artiste Xavier Veilhan, conçu initialement pour le Grand Palais. Un ouvrage de 15 mètres de haut ", explique Manuel Tessier, directeur du centre. Côté divertissement, la créativité n'est pas en reste. Vill'up, près de la Cité des sciences et de l'industrie, est entièrement tourné vers des loisirs "détonants". " Avis aux amateurs de sensations fortes, qui pourront tester, à l'ouverture, en automne 2014, iFly, le simulateur de chute libre ", annonce Éléonore Villanueva.

2 Sensations fortes, gastronomie et oeuvres d'art pour agrémenter la visite

Mais cela ne suffit pas. Il faut donner envie aux consommateurs de rester. D'autant que selon les études menées par les foncières, 30 % des visiteurs utilisent la restauration dans les centres, alors que seulement 5 % des surfaces lui sont allouées. Fort de ce constat, le Lab d'Unibail a alors imaginé la Dining Experience, comme l'explique Christophe Cuvillier, directeur général opérations d'Unibail-Rodamco : " Nous avons inventé une nouvelle offre de gastronomie dans nos centres, associée au plaisir de passer un bon moment en famille ou entre amis, dans une ambiance conviviale. Cet investissement renforce l'attractivité de l'ensemble de l'offre de shopping des centres Unibail-Rodamco. " Les premiers résultats sont alléchants : à la Maquinista, à Barcelone, la Dining Experience a permis d'enregistrer une hausse exceptionnelle de la fréquentation de près de 9 % sur la période allant d'août à novembre, de plus de 18 % en soirée et de 23 % le dimanche.

Voilà de quoi ravir les consommateurs mais les foncières vont encore plus loin. Elles veulent séduire le chaland tout au long de son parcours, en le surprenant. Quitte à l'immerger dans le virtuel. Une petite visite s'impose alors à So Ouest, dans ses jardins enchantés. Des galeries végétales mêlent compositions florales et animations lumineuses interactives. Des végétaux virtuels poussent ou disparaissent au fur et à mesure de la progression du chaland. Dans ce même centre commercial, l'aquarium virtuel constitue aussi une expérience peu banale : une trentaine d'écrans offre une lucarne vers un espace virtuel aquatique.

3 Passer au tout virtuel ?

C'est chose faite avec Immochan. Il s'agit du premier promoteur à avoir imaginé un centre complètement digital en 3D. Le consommateur possède un avatar, qui lui ressemble et qui évolue dans un mall et en faisant les courses. Autrement dit, du shopping version Second Life. Cependant, le test a tourné court et Aushopping s'apparente désormais à une place de marché classique. Pour autant, l'idée de foncière multicanal reste dans les têtes, notamment chez Altarea, qui a racheté en 2012 Rue du Commerce. L'entreprise souhaite décliner le concept de place de marché nationale sur le plan local. Avec des services à la clé. " Un internaute niçois, par exemple, verra régulièrement s'afficher sur son iPad, son iPhone ou son ordinateur la home page de notre centre local, Cap 3000, explique Gilles Boissonnet, président d'Altarea Commerce. L'enjeu est d'offrir aux clients la possibilité de commander sur le site marchand rueducommerce.com dans le corner de marque qu'il aura choisi. On peut imaginer par la suite que ces clients auront le choix de collecter leurs achats dans les points de vente physiques de la marque en question. " Pour ce faire, la foncière multicanal cherche à capter le plus d'enseignes et de marques possible sur sa plateforme. "Nous les accueillons en respectant leur univers, par exemple sur des shop in shop. King Jouet, l'une des dernières entrées, arbore ainsi tous ses codes dédiés à l'enfant et aux jouets", complète Gilles Boissonnet.

Élodie Arcayna

Des démarches astucieuses, qui mêlent Internet marchand et commerce physique, pour répondre aux attentes du consommateur. Celui-ci passe en effet indifféremment de l'un à l'autre, et tout le travail de la foncière consiste donc à faciliter ses achats, quelle que soit la manière dont il entend procéder. Et de lui offrir un maximum de services en annexe. " Dans le même ordre d'idées, des bornes de chargement pour smartphone ou ordinateur portable ainsi que des tablettes pour lire la presse sont installées dans notre centre d'Aéroville ", explique Élodie Arcayna, directrice du centre aéroportuaire. Plus on avance dans le temps, plus les malls sont connectés aux nouvelles technologies. C'est à celui qui possédera la meilleure application iPhone, le meilleur réseau wi-fi... "Tout Beaugrenelle au bout des doigts", vantent les affiches du tout nouveau mall. " Avec une appli mobile des plus complètes : système de géolocalisation indoor, mémorisation de places de parking, actualités shopping et offres promotionnelles personnalisées... en temps réel ! En résumé, un vrai assistant shopping digital ", énumère le directeur du centre. Un label Connected Park a même été lancé par l'immobilière Frey. Son but : certifier toutes les solutions numériques (wi-fi, site web, applis, réseaux sociaux) au service du client. Ainsi, avec son appli Mygreen7, la foncière permet au consommateur de venir en magasin chercher la bonne affaire qu'il aura au préalable réservée sur son smartphone. " Un peu sur le principe du drive... mais appliqué au centre commercial. Une première en France ", déclare Mathieu Mollière, directeur de la communication de Frey. L'avantage de cette e-réservation réside aussi dans la base de données générées par l'outil, qui se révèle utile aux commerçants pour pousser des promos aux 240 000 clients mensuels.

4 Réserver ses achats sur smartphone

L'ultime étape? Ce serait peut-être la disparition du centre commercial. Pourquoi, en effet, ne pas créer des pop-up stores avec seulement un site marchand? Pour autant, le modèle du mall fonctionne toujours. Et les mètres carrés commerciaux continuent de prospérer. Près de 1,3 million de m2 a ainsi été planifié sur 2013. Preuve que le modèle fait encore recette. À titre d'exemple, Vélizy 2 réalise un chiffre d'affaires de 838 millions d'euros. Difficile de croire, dans ces conditions, qu'il peut mettre la clé sous la porte. Mais les voies du consommateur sont impénétrables.

Pour la cinquième année consécutive, la fréquentation des galeries marchandes est en baisse. En cause ? Pour partie, l'e-commerce et la révolution qu'il a provoquée dans le shopping. La solution? Moderniser les centres commerciaux pour faire revenir au plus vite le client.

5 Beaugrenelle, the place to B !

Un nouveau temple de la consommation ouvre rue Linois, dans le XVe arrondissement parisien. Une adresse raffinée, située en Front de Seine, qui fait la part belle aux flagships de marques et aux nouveaux concepts.

Une femme élégante qui déguste un cupcake, une star en train de se faire photographier à côté d'une colonne Morris vantant " l'attractive shopping ", ou encore une parisienne qui voit la Tour Eiffel s'incliner ... Vers Beaugrenelle ! Orchestrée par l'agence Matador, cette campagne aux visuels élégants, dans un Paris magnifié, annonce l'ouverture du nouveau centre commercial. Installé dans le XVe arrondissement, il constitue la nouvelle adresse du shopping parisien.

Signée Valode & Pistre, l'architecture du site met en valeur deux ilôts aux courbes arrondies qui concentrent 50 000 m2 de surface commerciale (soit 110 boutiques). Reliés par une passerelle dotée de spectaculaires résilles métalliques, ces bâtiments confèrent à l'ensemble une figure de proue, orientée vers la Seine. Pour se fondre dans le paysage des bords de Seine, l'établissement arbore aussi les plus grandes toitures végétalisés de la capitale (7.000 mètres carrés). A l'intérieur, coupoles, atriums et façades de verres donnent une sensation d'espace et de légèreté au visiteur, qui baigne en permanence dans une luminosité naturelle.

" A l'instar des grands magasins dont il empreinte les codes, Beaugrenelle offre un écrin aux plus grandes marques et ce, sur six étages ", décrit Manuel Tessier, le directeur du centre. Avec une touche Arty en plus, symbolisée notamment par le monumental mobile de 15 mètres de haut de Xavier Veilhan déjà admiré au Grand Palais. Ou encore avec le multiplexe Pathé (10 salles), dont la déco est signée Ora Ito.

Des enseignes haut de gamme comme Baccarat, Guerlain, la Pâtisserie des Rêves, Silvera, Michael Kors côtoient des marques tout public. Mais à chaque fois, le concept est unique ou, en tout cas, modelé pour Beaugrenelle, avec de nombreuses boutiques en duplex, voire plus. Le centre accueille ainsi le plus grand Zara (3200 m2), le plus grand Marks & spencer (4500 m2), le premier magasin Hollister intra-muros, le nouveau concept cross-canal de Darty, le nouveau concept G-Star dédié à la femme, les dernier-nés de Sandro, Madura, Sephora... Sans oublier une offre de restauration haut de gamme et éclectique. On y trouve en effet Eclectic, la nouvelle brasserie contemporaine imaginée par Tom Dixon, Cojean, le fameux Bermuda Onion revu et corrigé...

Objectif : capter 12 millions de visiteurs, à la fois dans l'environnement proche (3 millions de consommateurs à moins de 30 minutes) mais aussi en provenance d'ailleurs. La proximité de la Tour Eiffel, qui accueille 7 millions de touristes annuels et du Novotel le plus fréquenté d'Europe avec 1000 clients jour, font que la manne touristique apparaît réellement attrayante. "Nous ciblons clairement les touristes, souligne le directeur du centre. C'est pourquoi nous avons mis en place des services dédiés : une navette fluviale qui permet de rallier gratuitement le centre depuis la Tour Eiffel, mais aussi un accueil version conciergerie avec de nombreuses prestations, une détaxe, l'acceptation de cartes étrangères...". Au total, le centre aura nécessité un investissement de 500 millions d'euros, financé en majeure partie par Gécina et Apsys. Mais le jeu en vaut la chandelle. Beaugrenelle, the place to B !

A lire aussi : Beaugrenelle et le service "dog walking"

"À l'instar des grands magasins dont il empreinte les codes, Beaugrenelle offre un écrin aux plus grandes marques et ce, sur six étages", décrit Manuel Tessier, le directeur du centre. Des enseignes haut de gamme y côtoient des marques grand public.

6 Vélizy 2 remercie ses fans Facebook en organisant une "Very Important Party"

Pour remercier ses fans, le centre commercial Vélizy 2 a organisé une soirée en leur honneur. Le 16 janvier 2014, il a invité 200 fans Facebook, sélectionnés suite à un jeu-concours récompensant les meilleurs selfies. Au programme de cette soirée baptisée "Very Important Party" : cocktail dînatoire, DJ, photocall, distribution de cadeaux (jeu iPad, 300 euros de cartes cadeaux, sacs de shopping, goodies, etc.)

Pour Vélizy 2, cette opération s'inscrit dans la continuité de sa stratégie sur Facebook et les autres réseaux sociaux qui consiste à entretenir une proximité avec ses visteurs. Le centre commercial anime régulièrement sa page au travers de partage d'informations, d'actualités, de photos, d'événements, de jeux-concours, etc.

Le centre commercial, qui enregistre 210 000 fans sur sa page Facebook, a convié 200 personnes sélectionnées à une soirée organisée le 16 janvier dernier. Au programme : cocktail dînatoire, DJ, photocall, distribution de cadeaux.

7 Aéroville ou la promesse du "voyage shopping"

Aéroville on en parlait beaucoup et ce depuis longtemps. Neuf ans après l'appel d'offre lancé par Aéroports de Paris, le dernier né de la famille Unibail Rodamco ouvre enfin au public. 200 enseignes se partagent 84 000 m2 de surfaces de vente. C'est le plus grand centre commercial ouvert depuis 10 ans en France et 20 ans en Ile-de-France. Le design intérieur signé Saguez & Partners s'inspire des codes du voyage. Cinq ambiances (cinq continents) jalonnent le parcours : Tropical dans l'espace restauration, Nordic Chic, Tokyo Mix, Africa Lodge et Bali Market.

A côté des enseignes désormais "incontournables" comme H&M, Sephora, Marks&Spencer, C&A, Yves rocher ou encore Nature&Découvertes (l'ensemble des enseignes à découvrir ici) on trouvera quelques surprises comme le premier magasin Vans en centre commercial, le plus grand Nike Store de France et pour la première fois l'enseigne israélienne de cosmétique Sabon, l'américaine Skechers (chaussures), les italiennes Piquadro (chaussures) et David Naman. Zara, H&M, Pull&Bear se déploient d'ailleurs dans de nouveaux concepts.

Aéroville en quelques chiffres

  • 9 ans d'attente
  • Pôle d'attractivité international : 60 millions de passagers par an à Roissy Charles-de-Gaulle - 120 000 actifs
  • 84 000 m2 de commerces soit 200 boutiques
  • 12 millions de visiteurs attendus par an
  • 1,8 million d'habitants à moins de 30 minutes
  • Label 4 étoiles pour la qualité des services : services, accueil, personnal shopper, wifi gratuit, consigne, billetterie, voiturier, crèches etc..
  • 1 hypermarché Auchan
  • 30 restaurants
  • Un multiplex Europacorps Cinéma (Luc Besson) de 12 salles
  • 355 M€ d'investissements
  • Ouvert 7 jours/7
  • Unibail Rodamco est le premier groupe coté de l'immobilier commercial en Europe

Aéroville a ouvert ses portes en octobre 2013. Ce mall à la française attend 12 millions de visiteurs par an. Unibail Rodamco promet un "voyage shopping"

8 Jean-Michel Silberstein (CNCC) : "Mall 2.0 : loisirs et shopping, la nouvelle formule du commerce de demain"

9 Marketing Magazine : Un atelier culinaire à Aéroville, un chef étoilé en gare Saint-Lazare, un défilé de mode à la Part-Dieu, haute voltige et zumba à Évry 2... On a du mal à croire que nous sommes encore dans des temples de la consommation. Que s'est-il passé ?

Jean-Michel Silberstein : L'e-commerce a entraîné une mutation du comportement du consommateur... qui peut acheter sur Internet sans se déplacer. D'où le besoin de rendre les centres commerciaux plus attractifs et plus conviviaux. Aux États-Unis, par exemple, plus d'un quart de la surface de ces établissements n'est plus consacré à des commerces. à titre indicatif, pour un hypermarché régional, cela représenterait plus de 25 000 m2 entièrement dédiés aux services, au divertissement, à des brasseries... Plus rapidement atteints par la crise, les Américains ont compris avant nous qu'ils devaient travailler l'attractivité de leurs établissements pour attirer du monde.

10 Quels sont les autres axes de développement ?

Cela passera par une ouverture plus tard le soir et pour les plus grands centres, 7 j / 7. Le CNCC milite d'ailleurs pour élargir l'ouverture dominicale, ce qui va dans le sens de l'histoire. à partir du moment ou` les promoteurs développent des lieux de divertissement, des sites d'événementiel et des espaces de restauration, les centres commerciaux devenant de vrais lieux de vie, il paraît inconcevable de ne pas être ouvert au moment ou` on peut le mieux répondre aux sollicitations des visiteurs !

11 Quid de l'apport des nouvelles technologies ? Est-ce une opportunité pour les malls ?

Les consommateurs sont de plus en plus connectés. Désormais, ils veulent du high-tech pour renouveler leur expérience de consommation. Ainsi, un centre doit pouvoir s'interfacer avec ces nouveaux outils que sont les smartphones, les tablettes... de manière à interagir avec les clients.

12 Quel est, selon vous, l'exemple de centre le plus probant en la matière ?

En ce qui concerne l'Europe, sans hésiter, celui de Westfield, à Londres. Lorsque le consommateur se promène dans le mall, il est tenté et séduit en permanence. Il reçoit sur son mobile les promotions d'une enseigne qui l'a reconnu, est informé en temps réel de l'actualité du centre. Quand il souhaite retourner au parking, la géolocalisation se met en route pour lui permettre de retrouver facilement sa voiture. Bref, tout est fait pour faciliter la vie du consommateur. C'est l'exemple type de ce vers quoi il faut aller.

13 Chaque centre a désormais sa page Facebook. Est-ce un passage obligé ?

Le mall doit recruter des visiteurs et, pour ce faire, il lui faut utiliser tous les moyens à sa disposition. Sachant qu'il dispose d'une puissance de feu sans égal. Quand une boutique aura recruté 20 000 fans pour leur faire passer un message, le centre, lui, en aura plusieurs centaines de milliers !

14 En résumé, le centre commercial doit pouvoir communiquer, donc être en relation directe avec le consommateur. Autrement dit, agir comme une marque...

Tout à fait : l'idée est de professionnaliser la relation avec le visiteur. Pour cela, des fonds marketing, en accord avec les enseignes, sont graduellement mis en place dans chaque centre pour financer différentes opérations et faire des économies d'échelle. Les foncières mutent, passant ainsi d'une logique de loueur d'espaces commerciaux à un statut de partenaire privilégié des commerçants, favorisant le chiffre d'affaires.

15 Ce qui passe par un changement d'interlocuteur ?

Effectivement, les Unibail, Altarea, Klépierre et consorts interagissent désormais avec les directions marketing et les directions générales des enseignes et non plus uniquement avec les directions immobilières. Qui dit nouveaux interlocuteurs, dit nouveaux modes de fonctionnement. Les foncières possèdent désormais bon nombre d'informations sur le visitorat: nombre de visiteurs uniques, informations issues des nouvelles bases de données... Elles mettent aussi des outils de marketing direct à disposition des commerçants et communiquent les promotions des boutiques, par exemple.

16 Pas d'opposition, donc, entre les enseignes qui disposent de sites web marchands et les centres commerciaux ?

Tous les experts le savent : pour qu'une enseigne génère un bon chiffre d'affaires sur Internet, elle a besoin d'une présence physique, et le centre commercial reste l'environnement idéal pour cela. Toutefois, le commerce physique ne pourra résister, à terme, que si les prix pratiqués dans les magasins sont très proches, voire identiques, à ceux proposés sur le Web. Aux états-Unis, de plus en plus de marques, comme Staples, ont déjà aligné leurs tarifs. C'est pourquoi l'organisme que je représente, le CNCC, plaide en faveur d'une véritable équité fiscale avec l'e-commerce, seul moyen d'atteindre cet objectif.

17 Vous évoquez un turn over positif dans les centres commerciaux, mais peut-on parler d'une accélération de l'obsolescence des concepts ?

Par exemple, dans la mode, les concepts vivent au départ en surrégime, dégageant des chiffres d'affaires supérieurs à ce qu'ils devraient normalement réaliser. En ce moment, Primark, Top Shop, Forever 21 et consorts ont les faveurs du public et font le buzz. Il y a deux ans de cela, Hollister plaisait énormément en France. Il est probable qu'à terme, le soufflé retombera un peu et que cette marque continuera de s'implanter mais avec des performances plus conformes aux standards de la profession.

PARCOURS: Jean-Michel Silberstein est, depuis 1999, le délégué général du Conseil national des centres commerciaux (CNCC). Il a commencé son parcours professionnel dans l'industrie pétrolière et sidérurgique, avant de rencontrer le monde de la franchise. Il a exploité de nombreux points de vente. Jean-Michel Silberstein a exercé également des responsabilités de président d'associations de commerçants de centres commerciaux. Il a collaboré aux groupes de travail "Rénovation du parc tertiaire privé","Bailvert" du Grenelle de l'environnement et est membre permanent du conseil d'administration de l'ICSC Europe.

Les malls cubiques des années soixante-dix ont fait leur temps. L'heure est aux centres commerciaux nouvelle génération. Bienvenue dans ce nouveau monde de l'entertainment et du high-tech, décrit par Jean-Michel Silberstein, délégué général du conseil national des centres commerciaux.

18 Étude Xerfi Precepta : "Numérique, le centre commercial sera aussi un lieu de loisirs"

Depuis 2008, les centres commerciaux sont dans l'oeil du cyclone. Avec un chiffre d'affaires et une fréquentation en déclin (voir les deux tableaux plus loin), le modèle français subit à la fois l'atonie générale de la consommation mais aussi la concurrence de l'e-commerce. Pour analyser ce recul conjoncturel et structurel, Xerfi-Precepta vient de publier une étude "Les centres commerciaux face à la révolution numérique - Réinvention du modèle économique et opportunités à l'horizon 2020" (auteur : Isabelle Senand/ 250 pages).

19 L'alimentaire n'est plus une locomotive ...

Selon l'étude, l'alimentaire jouera de moins en moins son rôle de locomotive et la seule présence d'un hypermarché ne suffit (déjà) plus à attirer les consommateurs. " D'ici à 2015 aucune amélioration de l'activité et de la fréquentation n'est envisagée "...Pour autant, les experts de Xerfi-Precepta prévoit un rebond en ... 2020. L'auteure évoque la possibilité "de fantastiques opportunités tirées de la révolution numérique et de la montée en puissance du cross canal qui bouleverse l'offre et la demande de biens et de services ". L'investissement dans les technologies numériques pour se préparer au "tout connecté" sera massif.

20 Le rôle des foncières ...

Les foncières vont s'adapter et apprendre à calculer leur loyer, non pas sur le chiffre d'affaires, mais sur les niveaux de fréquentation des points de vente. L'étude pointe du doigt l'importante de la connaissance client (Big Data) pour aller au delà du simple comptage des individus (ou des véhicules dans les parking) pour analyser (notamment via les smartphones) le parcours client dans le centre. Ces données seront monétisées auprès des enseignes. Les foncières passeront d'un simple statut de bailleur à celui de prestataire de services pour les marques, les enseignes et in fine pour leurs clients finaux. Le statut de la propriété et/ou du partage des des fichiers clients (et ceux des stocks notamment) sera ainsi centrale ...

21 Et le "Retailtnaiment" ?

L'étude anticipe que " le plaisir d'acheter, en perte de vitesse, va être remplacé par le plaisir de se promener ". A moyen terme, la place des loisirs continuera à se développer dans les plus grands centres. La tendance est déjà bien amorcée avec Confluence à Lyon ou Aéroville à Roissy. Ces centres proposent des animations sportives, des ateliers de cuisines, des cours pour les enfants et ce autour très souvent d'un multiplexe. D'autres organisent des concerts gratuits ... Bref, le terme "retailtainment" (voir l'article sur "American Dream Meadowlands") devrait rentrer dans le langage courant.

Toutefois, prédit l'étude " tous les centres commerciaux ne bénéficieront pas du renouveau lié à l'intégration du cross canal et à la prestation de services à haute valeur ajoutée. In fine, le secteur de l'immobilier commercial sera un marché à deux vitesses avec les grands centres de retailtainment d'un côté et les petits centres de périphérie de l'autre, voués à un avenir incertain".

Chiffres clés sur les centres commerciaux en France
740 centres commerciaux (galeries commerciales et hypermarchés)
CA 115 milliards d'€ soit 1/4 de l'activité du commerce de détail.


Les 750 centres commerciaux français vont vivre une profonde mutation structurelle. Si une reprise de l'activité (CA et fréquentation) n'est pas à l'ordre du jour, une étude prospective, signée Xerfi Precepta, évoque cependant les pistes pour le nécessaire renouveau du format.

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