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X, Meta, Google... L'actu médias et réseaux sociaux (2-9 avril)

Publié par Alexandre Lecouvé le

Chaque semaine, la rédaction vous propose une plongée dans l'actualité bouillonnante des réseaux sociaux et des médias. Au menu : L'UE, X et l'amende qui vallait un milliard, les médias français en veulent à Meta, Google a trouvé une excuse pour ne pas payer la presse et Zuckerberg nous vend un autre lama.

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DSA : la Commission européenne menace X d'une amende de plus d'un milliard de dollars

Selon les informations du New York Times publiées le 3 avril, la plateforme X, propriété d'Elon Musk, serait sous la menace d'une amende inédite de plus d'un milliard de dollars de la part de la Commission européenne pour des violations présumées du règlement sur les services numériques (DSA). Envisagée pour l'été, cette sanction serait également assortie d'exigences contraignantes pour modifier le fonctionnement du réseau social. Il s'agirait ainsi de la toute première application concrète du DSA, entré en vigueur le 17 février, et qui vise à forcer les grandes plateformes à mieux lutter contre les contenus illégaux, la désinformation et le manque de transparence algorithmique.

Parmi les reproches de la Commission, on compte un refus de coopération avec les chercheurs externes, une opacité sur les annonceurs, un manque de clarté sur la vérification des comptes payants et une modération jugée trop laxiste, laissant proliférer discours haineux et fausses informations. Toutefois, lors d'une conférence de presse le 4 avril, la Commission a démenti toute décision déjà prise sur le montant de l'amende. La sanction pourrait être calculée, de manière inédite, à partir du chiffre d'affaires global des autres entreprises détenues par Elon Musk, comme SpaceX, en vertu d'une clause du DSA. X, de son côté, se dit prêt à contester fermement toute tentative de sanction. Le sénateur républicain Mike Lee a d'ailleurs fait une déclaration provocatrice le 4 avril, affirmant que les États-Unis pourraient envisager de quitter l'OTAN si l'amende était confirmée. Le vice-président JD Vance, de son côté, a comparé la régulation européenne à une "censure numérique".

Source : New York Times

Publicité ciblée : les médias français attaquent Meta pour concurrence déloyale

Une coalition inédite de plus d'une centaine de titres de presse, de télévision et de radio s'apprête à assigner Meta en justice pour concurrence déloyale, a annoncé vendredi 4 avril le média La Lettre, une information confirmée par le Figaro. Parmi les plaignants figurent Le Figaro, Les Échos-Le Parisien, TF1, Radio France, France Télévisions, CMI, CMA Médias ou encore Prisma Media. Ensemble, ils pèsent plus de 70 % du marché publicitaire des médias français.

L'assignation au tribunal des activités économiques de Paris, inspirés par une action similaire lancée fin 2023 par 80 médias espagnols, s'appuie notamment sur une décision de la Data Protection Commission (la Cnil irlandaise) de décembre 2022. Celle-ci avait condamné Meta pour violation du RGPD, le règlement européen sur la protection des données, en vigueur depuis 2018, actant que l'entreprise américaine n'avait pas respecté l'obligation d'obtenir le "consentement libre et éclairé" de ses utilisateurs pour la collecte de données personnelles à des fins publicitaires.

Les médias, tenus de se conformer à ces règles, dénoncent une distorsion de concurrence : alors qu'ils investissent dans des outils respectueux du RGPD, Meta capte une part importante du marché sans respecter les mêmes contraintes légales. Une situation qui aurait généré un manque à gagner de plusieurs centaines de millions d'euros.

Source : La Lettre

Réserve nationale du Masaï Mara, Kenya. © Richard Du Toit - Minden Pictures - Biosphoto
© Réserve nationale du Masaï Mara, Kenya. © Richard Du Toit - Minden Pictures - Biosphoto

USA : Amazon et Walmart se signalent pour la reprise de TikTok

Les enseignes Amazon et Walmart se seraient manifestées dans l'optique de racheter le capital du réseau social chinois TikTok aux États-Unis, selon les informations du New York Times et d'ABS News. Ainsi, par une lettre envoyée au vice-président JD Vance ainsi qu'au secrétaire au Commerce Howard Lutnick, Amazon aurait proposé d'acquérir l'intégralité des activités de TikTok sur le territoire étasunien. De son côté, Walmart aurait envisagé de rejoindre un groupe d'investisseurs pour acheter l'application, une information néanmoins démentie vendredi 4 avril par l'entreprise. En 2020, la marque s'était associée à Microsoft pour proposer une offre commune, sans résultat.

Ces offres de reprise ont été formulées peu avant le 5 avril, l'ancienne échéance fixée par la loi sur le changement de gouvernance de l'application chinoise. Une date de nouveau repoussée de soixante-quinze jours (jusqu'au 19 juin) par Donald Trump vendredi. Ce dernier a accusé dimanche 6 avril la Chine d'avoir fait capoter la vente, dans le contexte de la hausse des droits de douane.

Le "Protecting Americans from Foreign Adversary Controlled Applications Act", promulgué en 2024 par Joe Biden, oblige le réseau social à revendre au moins 50 % de son capital à un actionnaire américain, et ainsi quitter le giron de son propriétaire chinois ByteDance, sous peine d'interdiction aux États-Unis. Initialement, elle imposait une cession avant le 19 janvier. Mais Donald Trump, qui clame vouloir "sauver" la plateforme (qui compte environ 170 millions d'utilisateurs dans le pays de l'oncle Sam), avait une première fois reporté l'échéance. Pour s'éviter une vente directe, la Maison Blanche pencherait pour une restructuration du capital autour d'investisseurs américains comme Oracle ou Blackstone.

Source : New York Times et ABS News

Meta lance Llama 4, son nouveau modèle d'IA multimodale

Meta a lancé lundi 7 avril la nouvelle version de son IA maison, Llama 4. Il n'est pour l'instant disponible que dans 40 pays hors Union européenne, en raison de contraintes réglementaires liées au futur AI Act européen. Aucune date de lancement en UE n'a encore été donnée.

Trois versions, de la plus légère à la plus lourdes, sont accessibles : Scout, Maverick (17 milliards de paramètres chacun) et Behemoth (228 milliards de paramètres). Scout et Maverick sont déjà intégrés à WhatsApp, Instagram, Facebook et Messenger. Ces modèles, nativement multimodaux (texte, image, vidéo, audio), intègrent pour la première fois chez Meta une architecture "Mixture-of-Experts (MoE)", déjà exploitée par des concurrents comme Mistral AI et DeepSeek, et qui permet d'activer des modules spécialisés à la demande, rendant l'ensemble plus flexible et économe en ressources. Avec Behemoth, encore en développement, Meta serait par ailleurs capable de surpasser les performances de GPT-4.5, Claude Sonnet 3.7 et Gemini 2.0 Pro.

Llama 4 se distinguerait aussi par une meilleure gestion des sujets controversés, avec seulement 2 % de refus de réponse sur les questions politiques et sociales, contre 7 % pour Llama 3.3. Les modèles sont accessibles en open source (via la licence Llama 4 Community License Agreement) sur Hugging Face et llama.com. Cette annonce intervient alors que Meta est sous pression face aux progrès rapides de ses concurrents, notamment OpenAI, Google (Gemma), Mistral, DeepSeek et Microsoft. Retardé pour des raisons de performance, le lancement de Llama 4, profiterait de l'investissement massif de 65 milliards de dollars que Meta prévoit pour renforcer son infrastructure IA.

Source : Meta

Nicolas de Tavernost devrait prendre la tête de LFP Media

Le quotidien sportif L'Équipe a confirmé lundi 7 avril que l'ancien président de M6 et directeur général par intérim de RMC BFM allait probablement devenir le directeur général de LFP Media, la filiale commerciale de la Ligue de football professionnel (LFP). Déjà présenté au bureau de la ligue mercredi dernier, il devrait prendre ses fonctions "dans les jours qui viennent", une fois qu'il aura achevé sa mission auprès de Rodolphe Saadé comme vice-président de CMA Média (BFMTV, RMC, La Tribune).

Âgé de 74 ans, il succède à Benjamin Morel, parti fin février, et hérite d'un contexte sensible. La LFP est actuellement en médiation avec son principal diffuseur, DAZN, qui réclame une renégociation du contrat. L'ancien propriétaire des Girondins de Bordeaux (1999-2018) peut néanmoins compter sur son expérience et son réseau parmi les présidents de clubs de Ligue 1. Sa nomination est également soutenue par CVC, le fonds d'investissement qui a injecté 1,5 milliard d'euros contre 13 % des revenus de LFP Media.

Source : L'Équipe

Droits voisins : selon Google, la presse ne lui rapporte rien

Dans le cadre du débat sur les droits voisins, Google a mené une "expérience publique" dans huit pays européens (hors France et Allemagne) pour évaluer l'impact de la suppression des contenus d'actualité sur son moteur de recherche. Résultat affiché : aucun effet notable sur les revenus publicitaires.

L'étude, réalisée entre novembre 2024 et janvier 2025 auprès de 1 % des utilisateurs de pays représentant 35 % du marché publicitaire européen, montre une baisse marginale de l'usage de 0,8 %, jugée négligeable. Les revenus publicitaires sur Google Search sont restés stables, ce qui, selon la firme étasunienne, prouve que les contenus de presse ne génèrent pas de valeur mesurable. Avec cette expérience, Google veut montrer que la presse ne pèse plus qu'un poids stratégique marginal dans son modèle.

Cependant, l'étude est critiquée pour son périmètre limité et son opportunisme méthodologique. En France, le syndicat des éditeurs de la presse magazine (SEPM) a obtenu l'interdiction de cette expérimentation, la qualifiant de tentative de déréférencement partiel contraire aux engagements de Google. François Claverie, président du SEPM, dénonce un "cas d'école de biais de confirmation". De plus, la démonstration survient au moment où les usagers sont de plus en plus redirigés vers les IA conversationnelles, et de moins en moins vers des résultats "classiques". Entre mai 2024 et février 2025, le trafic issu des moteurs de recherche a ainsi chuté de 64 millions de visites pour les grands médias américains.

Source : France info

TV segmentée : TF1 Pub et Reworld Media renforcent leur alliance sur la data

TF1 Pub et Reworld Media ont annoncé lundi 7 avril l'intégration des données de Reworld Media à l'offre de TV segmentée de TF1 Pub. Une "data collaboration" qui permet aux annonceurs d'activer leurs propres données CRM et de les croiser avec celles de TF1 Pub et de Reworld Media, pour bénéficier de plus de précision dans leur ciblage publicitaire, aussi bien en streaming (via TF1+) qu'en télévision linéaire. Il s'agit de la prolongation et de l'amplification du partenariat initié en 2018 et renforcé en 2023 autour de la data, et qui permettait déjà au reste des offres digitales de TF1 Pub de bénéficier de cette intégration.

Pour rappel, la TV segmentée - qui touche aujourd'hui 20,4 millions d'individus en France - permet de diffuser des publicités personnalisées en télévision linéaire traditionnelle, en fonction des profils des foyers (comportements, centres d'intérêt, données sociodémographiques), à l'image de ce qui se fait déjà dans le digital. Grâce à ce partenariat renforcé qui s'inscrit dans sa stratégie "One Data", TF1 Pub peut désormais utiliser les segments issus des données des 81 marques de l'écosystème de Reworld Media (plus de 33 millions de visiteurs uniques mensuels sur Marmiton, Doctissimo, Les Numériques, Auto Plus ou Sciences & Vie).

Philippe Boscher, Directeur Marketing adjoint de TF1 Pub, a précisé être "ravi de renforcer notre partenariat avec Reworld Media pour proposer toujours plus de capacités de ciblage à nos annonceurs, sur tous nos environnements, linéaire et streaming, sur tous les écrans et en particulier en CTV. En intégrant leurs segments exclusifs dans notre offre de TV segmentée, nous harmonisons nos offres streaming et TV segmentée, pour proposer des dispositifs unifiés puissants maximisant ainsi l'impact des campagnes publicitaires."

Marion Collombat, Directrice Data chez Reworld Media, a ajouté : "Chez Reworld Media, nous avons construit un écosystème data puissant et sans limites, couvrant de nombreuses verticales stratégiques. L'intégration de nos segments exclusifs dans l'offre de TV segmentée de TF1 PUB marque une avancée majeure : elle permet à tous les annonceurs, quels que soient leurs objectifs, d'exploiter la portée et la diversité de notre data sur un levier aussi puissant que la télévision."

Source : Reworld Media

Le média spécialisé Contexte publie ses comptes 2024, entre "croissance et rentabilité"

Le média spécialisé dans les politiques publiques françaises et européennes Contexte a diffusé vendredi 4 avril son bilan comptable pour 2024. Un exercice de transparence, où l'on constate que l'année dernière a été marquée une phase de "consolidation" après plusieurs années de forte croissance. Le média compte 14 000 lecteurs payants, répartis dans 1 600 organisations, dont deux tiers issus du secteur privé. L'effectif est resté stable à 100 personnes (dont 56 journalistes), permettant à l'entreprise de se structurer en vue de ses projets 2025 (nouvelle offre et internationalisation). Les subventions perçues en 2024 s'élèvent à 422 000 euros, dont 289 000 euros du fonds pour le pluralisme de la presse en ligne, 5 000 euros pour un audit cybersécurité, 8 000 euros pour l'embauche d'apprentis, et 120 000 euros de crédit d'impôt innovation pour les outils de veille.

Côté rentabilité, les investissements passés ont porté leurs fruits. Le chiffre d'affaires est en hausse de 32 %, les revenus annuels récurrents (ARR) en croissance de 23 %, et enfin, Contexte retrouve une rentabilité opérationnelle, avec un million d'euros de cash-flow généré en 2024. L'entreprise amorce ainsi son développement à l'international sur une base solide. Autre avancée : un résultat net hors subventions presque à l'équilibre, à moins 26 000 euros. Une absence de dépendance excessive aux aides publiques qui confirme le média dans son modèle économique.

Source : Contexte

Deloitte Digital Media Trends, 19th edition (march 2025)
© Deloitte Digital Media Trends, 19th edition (march 2025)

Consommation des médias : les réseaux sociaux mettent en difficulté la SVOD, selon un rapport

Le rapport 2025 du réseau de cabinets d'audit Deloitte sur les tendances des médias numériques, publié le 25 mars, souligne les transformations des habitudes de consommation des médias (vidéo, audio, réseaux), notamment au sein de la "GenZ" (né entre 1997 et 2012). Cette tranche d'âge consacre désormais 54 % de temps en plus aux plateformes comme TikTok, YouTube et Instagram par rapport aux années précédentes, soit près de 50 minutes supplémentaires par jour. Parallèlement, le temps dédié à la télévision et aux médias traditionnels a diminué de 43 minutes.

Plus accessible, systématiquement gratuite, pléthorique et personnalisée, l'offre sur les réseaux s'avère plus captivante que la télévision et les services de streaming payants. Les contenus ciblés des réseaux pénalisent les services de streaming vidéo à la demande (SVOD), 48 % des abonnés de ces derniers déclarant se sentir dépassés par le volume de contenus disponibles, tandis que 57 % affirment prendre trop de temps à trouver quelque chose à regarder. Résultat, 45 % des abonnés aux services de streaming âgés de 14 à 25 ans ont annulé au moins un abonnement dans l'année.

Source : Rapport Deloitte mars 2025

TikTok étend les tests de "TikTok for Artists"

L'application chinoise TikTok a lancé début avril dans plusieurs pays sa nouvelle plateforme, "TikTok for Artists", destinée à accompagner les musiciens dans la promotion de leur travail, l'analyse de leurs performances et l'interaction avec leur communauté. Actuellement en phase de test en Australie, Nouvelle-Zélande, Japon, Corée du Sud et Indonésie, le service doit concurrencer les outils gratuits proposés par Spotify ou SoundCloud.

Selon le site officiel, cette plateforme permet aux artistes de "créer des campagnes pour leurs prochaines sorties", de mettre en place des actions de pré-enregistrement sur Spotify ou Apple Music, ou encore de proposer des produits dérivés en édition limitée. TikTok précise que les artistes pourront accéder à "des données de performance", incluant des informations sur les pays d'origine de leurs auditeurs. Il sera aussi possible de mettre en avant des vidéos de fans dans une section dédiée nommée "Music Tab Fan Spotlight".

Un compte d'artiste certifié est nécessaire pour accéder à la plateforme, mais la page d'inscription est d'ores et déjà disponible à tous, même hors des cinq pays concernés par le lancement. Les équipes des artistes peuvent également consulter les données via des comptes MediaMatch. Un porte-parole de TikTok a confirmé le 3 avril à Music Ally que l'outil est en test depuis un certain temps et que "d'autres marchés suivront bientôt". L'entreprise prévoit de communiquer davantage d'informations dans les semaines à venir.

Source : TikTok et Music Ally

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