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Meta, Google, UE... L'actu médias et réseaux sociaux (9-16 avril)

Publié par Alexandre Lecouvé le

Chaque semaine, la rédaction vous propose une plongée dans l'actualité bouillonnante des réseaux sociaux et des médias. Au menu : Netflix se rebiffe, Meta au coeur de l'actu, Google encore pris dans les draps voisins, et la simplification qui fait débat en Europe.

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Netflix saisit le Conseil d'État pour contester la chronologie des médias

Netflix passe à l'offensive. Faute d'accord avec les organisations du cinéma sur la chronologie des médias (la fenêtre de diffusion imposée aux diffuseurs après la sortie en salles des films), la plateforme a déposé un recours devant le Conseil d'État, contestant un système qu'elle juge injuste et déséquilibré, notamment en faveur de Disney+. Ainsi, Netflix doit aujourd'hui attendre 15 mois pour diffuser les oeuvres qu'elle cofinance en France, contre neuf mois pour son voisin aux grandes oreilles. Le géant du streaming revendique donc désormais une fenêtre réduite à 12 mois, sans pour autant augmenter ses investissements, qu'il estime déjà suffisants (environ 50 millions d'euros par an, soit 4 % de son chiffre d'affaires).

Le système actuel calcule les engagements des plateformes en pourcentage du chiffre d'affaires, et non en montants absolus - un critère que Netflix remet en cause, surtout face à des concurrents comme Disney, qui investit moins mais bénéficie d'une fenêtre plus favorable. Pour l'heure, Netflix refuse de porter ses investissements à 25 % de son chiffre d'affaires pour obtenir une meilleure position dans la chronologie, jugeant ce niveau de contribution excessif. Les représentants du cinéma français, de leur côté, restent attachés à ce système de financement de la création, qui permet de protéger l'exception culturelle et les salles françaises de la concurrence, mais se dit prêt à reprendre les discussions, entamées en parallèle du recours, l'accord actuel arrivant à échéance en janvier 2026.

Source : Le Figaro

Sarah Wynn-Williams, jure devant le Sénat avant de témoigner, le 9 avril 2025, à Washington (Photo Win McNamee/Getty Images)
© Sarah Wynn-Williams, jure devant le Sénat avant de témoigner, le 9 avril 2025, à Washington (Photo Win McNamee/Getty Images)

Meta aurait exploité la détresse émotionnelle des ados... Pour de la pub

L'ex-directrice de la politique publique de Meta, Sarah Wynn-Williams, a témoigné devant le Sénat américain le 9 avril, réitérant les accusations portées dans son livre Careless People. Elle affirme que l'entreprise étasunienne aurait sciemment exploité la détresse émotionnelle des adolescents pour optimiser ses revenus publicitaires. Meta aurait été capable de détecter le mal-être d'un jeune - par exemple après la suppression d'un selfie - et de lui proposer des publicités ciblées (produits de beauté, régimes) au moment jugé "idéal". Les 13-17 ans étaient perçus comme un segment "très rentable", sans que cela ne soulève de réels scrupules internes, dans une ambiance de cynisme assumé.

Wynn-Williams accuse également l'entreprise d'avoir collaboré avec le régime chinois pour pénétrer le marché local. Facebook aurait partagé des avancées en intelligence artificielle avec des officiels chinois, envisagé un transfert massif de données entre les États-Unis et la Chine, et même supprimé le compte d'un dissident à la demande de Pékin. Wynn-Williams décrit un géant technologique obsédé le par profit, prêt à tout pour croître, y compris à céder face à la censure d'un régime autoritaire, tout en se cachant derrière un discours public patriotique. Elle a déclaré que "le plus grand tour que Mark Zuckerberg ait jamais joué, c'est de s'envelopper dans le drapeau américain, de se proclamer patriote et d'affirmer qu'il n'offrait pas de services en Chine, alors qu'il a passé la dernière décennie à y bâtir une entreprise de 18 milliards de dollars".

Source : Le Monde

Instagram restreint les directs pour les moins de 16 ans

Peut-être en réaction aux alégations de Sarah Wynn-Williams, Meta a annoncé mardi 8 avril une nouvelle mesure de sécurité pour les adolescents. Désormais, les utilisateurs de moins de 16 ans devront obtenir une autorisation parentale pour diffuser en direct sur Instagram. Une décision dans la lignée d'une série d'ajustements amorcés en septembre dernier. Depuis, 97 % des adolescents âgés de 13 à 15 ans ont conservé les paramètres de sécurité par défaut, qui incluent notamment des comptes privés et des restrictions sur les messages entrants. De plus, les mineurs devront aussi obtenir l'autorisation de leurs parents pour désactiver le floutage automatique des images potentiellement dénudées dans les messages privés. Ces mises à jour seront déployées dans les mois à venir.

Meta étend également ses mesures à Facebook et Messenger, avec l'introduction de comptes ado incluant les mêmes garde-fous : contrôle parental renforcé, filtres anti-contenus inappropriés, et limitation des interactions avec des inconnus. Au total, Meta compte déjà plus de 54 millions de comptes adolescents. Plusieurs États et pays ont déjà adopté des lois pour encadrer l'accès aux plateformes par les mineurs.

Source : Axios

Meta va exploiter les données publiques de ses utilisateurs européens pour entraîner ses modèles d'IA

Jamais deux sans trois. Tout le contenu public (Légendes photo, commentaires...) des utilisateurs européens des plateformes de Meta (Facebook, Instagram, Messenger et WhatsApp) va désormais pouvoir être utilisé pour entraîner ses modèles d'intelligence artificielle générative, a annoncé l'entreprise étasunienne lundi 14 avril. Une annonce faite le jour de l'ouverture de son procès, la multinationale étant accusée d'avoir acheté Instagram et WhatsApp pour étouffer de potentiels concurrents.

Concrètement, l'IA de Meta pourra s'entraîner sur les publications et commentaires publics des utilisateurs (comme les légendes sous les photos publiées sur Instagram) ainsi que les requêtes et questions envoyées à Meta AI, le chatbot conversationnel disponible depuis fin mars dans l'Union européenne. Ce changement ne devrait pas concerner les moins de 18 ans, ni les messages privés des utilisateurs adultes "avec leurs amis et leur famille", a assuré le géant des réseaux sociaux.

Le lancement dans l'UE de Meta AI avait été retardé pendant plus d'un an en raison des réglementations européennes qui encadrent les nouvelles technologies, comme le règlement général sur la protection des données (RGPD) et ceux sur les marchés numériques et sur l'IA. Meta s'appuie désormais sur une décision du Comité européen de la protection des données qui a considéré en décembre que "l'intérêt légitime" pouvait constituer une base légale valable pour l'utilisation de données personnelles pour le développement et le déploiement de modèles d'IA dans l'UE.

Les utilisateurs européens des différentes plateformes du groupe recevront dans les prochains jours une notification les informant de cette nouvelle politique et le lien vers un formulaire de refus, a indiqué l'entreprise dans un communiqué. "Les personnes basées dans l'UE qui utilisent nos plateformes peuvent choisir de s'opposer à ce que leurs données soient utilisées à des fins d'entraînement", a précisé Meta.

Source : AFP

Droits voisins : la presse polonaise réclame des comptes à Google

La bataille autour des droits voisins s'intensifie en Pologne. L'association des éditeurs numériques polonais, ZPWC, accuse Google de profiter des contenus de presse sans rémunération équitable. Selon une étude commandée par l'association et publiée mardi 8 avril, les articles de presse généreraient 197 millions d'euros de valeur pour Google via son moteur de recherche en Pologne, soit près de 40 % de son chiffre d'affaires local (526 millions d'euros). Sur cette base, les éditeurs réclament 79 millions d'euros de compensation annuelle à la plateforme étasunienne.

Ce rapport arrive alors que la Pologne vient tout juste de transposer la directive européenne sur les droits voisins, en juillet 2024, ce qui ouvre enfin la voie aux négociations avec les plateformes. Google avait temporairement retiré les contenus de presse de ses services en Pologne pour minimiser leur poids dans les négociations, une stratégie déjà observée dans d'autres pays. La Pologne rejoint ainsi la France et d'autres États membres où les éditeurs de presse ont mené des études similaires pour étayer leurs revendications.

Source : l'étude de l'association des éditeurs numériques polonais ZPWC

Contexte défie Politico sur le terrain européen avec un lancement en anglais

Le média spécialisé dans les politiques publiques Contexte a lancé une version en anglais pour couvrir l'actualité de l'Union européenne, avec l'ambition de rivaliser avec Politico. Un premier vertical dédié à l'énergie sera publié en anglais le 13 mai. D'autres thématiques devraient suivre, selon les besoins des lecteurs et les moyens de l'entreprise. La rédaction bruxelloise sera renforcée, sous la direction de Jack Schickler (ex-Euronews), avec une équipe de journalistes, traducteurs et commerciaux, dont plusieurs anciens de Politico. Clémentine Soilly (ex-Glassdoor) rejoint aussi l'équipe comme directrice commerciale.

Créé en 2013, Contexte fonctionne avec un modèle sur abonnement (sans publicité ni événements sponsorisés), qui lui assure une certaine indépendance éditoriale, et une croissance continue (10,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2024, en hausse de 32 %). Le média s'adresse à 1 500 organisations (14 000 lecteurs), essentiellement du secteur privé, via des briefings, des analyses, des transcriptions de débats parlementaires assistées par IA et un service de veille automatisée. Face à des concurrents comme Politico, Euractiv ou MLex, le PDG Jean-Christophe Boulanger revendique une approche "geek", factuelle, indépendante, sans influence commerciale.

Source : PressGazette

UE : les plateformes demandent une simplification de la régulation...

Le lobby européen des grandes plateformes numériques, "DOT Europe", a publié mercredi 9 avril ses recommandations pour simplifier la régulation du numérique dans l'Union européenne. Face à un empilement de textes (DSA, directive droit d'auteur, règlement P2B...), les plateformes demandent plus de clarté et moins de redondance. Le rapport, réalisé avec le cabinet Freshfields, plaide pour un allégement de la gouvernance (via un dialogue anticipé entre États membres), une prévention des doublons d'enquêtes, une harmonisation de l'accès et du traitement des données ou encore la réduction des superpositions de règles de modération des contenus. Le lobby souhaite aussi une codification du droit du numérique pour mieux articuler les textes existants et futurs, ainsi qu'un groupe de commissaires dédié à cette tâche.

Du côté de la Commission, une évaluation du DSA est prévue pour novembre 2025. Elle envisage d'y clarifier ses interactions avec d'autres lois, en particulier celles sur la protection des mineurs et le règlement P2B, peu appliqué à ce jour. Des lignes directrices pourraient émerger pour guider les plateformes dans la jungle réglementaire. Si la Commission préfère parler de clarification, les plateformes, elles, espèrent une véritable simplification législative, alors qu'Ursula von der Leyen appelle à une meilleure structuration du droit numérique européen.

Source : Contexte

... Alors que les socialistes européens plaident pour plus de régulation et de souveraineté

À l'inverse, le groupe socialiste européen (S&D) ne veut pas entendre parler de simplification. Ses élus ont présenté jeudi 10 avril un plan de lutte contre les "oligarques de la tech", axé sur la souveraineté numérique et technologique, ainsi que la protection des utilisateurs. Au coeur de leur proposition ; la création d'un fonds européen de "souveraineté tech", financé par une nouvelle taxe sur les services numériques. Elle servirait à investir dans des infrastructures numériques "ancrées dans les valeurs européennes", comme des réseaux sociaux décentralisés ou des services cloud publics. La taxe viserait à la fois les plateformes grand public et les services B2B, en réponse aux tensions commerciales avec les États-Unis.

Les eurodéputés veulent également interdire la publicité ciblée, jugée intrusive et contrôlée par quelques géants (Google, Meta, Amazon), et réclament la mise en place d'une plateforme européenne d'actualités fiables, multilingue, adossée aux médias de service public. Fermement opposés à toute "simplification" du cadre législatif numérique, les S&D défendent l'acquis réglementaire (RGPD, DSA, règlement IA) et appellent la Commission à accélérer l'application des textes existants, plutôt que d'en réduire la portée. Le groupe souhaite même aller plus loin avec un Digital Fairness Act, ciblant les interfaces trompeuses, la conception addictive des services, les influenceurs ou encore les jeux vidéo.

Source : Contexte

13e Rue s'engage pour la création française avec un nouvel accord interprofessionnel

La chaîne thématique 13e Rue, spécialisée dans les films policiers et les thrillers, a signé son premier accord avec les professionnels de l'audiovisuel français, officialisé le lundi 14 avril. Il encadre les obligations d'investissement de son propriétaire NBC Universal dans la création sous le décret câble et satellite (CabSat), pour une durée de deux ans, jusqu'au 31 décembre 2025. Concrètement, la chaîne consacrera désormais 12,5 % de son chiffre d'affaires annuel à la création audiovisuelle française et européenne. Parmi ces investissements : 85 % seront alloués à des oeuvres d'expression originale française (EOF), 70 % à des oeuvres indépendantes, et 80 % à des oeuvres patrimoniales, contribuant ainsi au rayonnement du catalogue culturel. Le texte prévoit aussi des conditions de diffusion encadrées : 48 mois d'exploitation en TV payante, avec un holdback de 18 mois maximum avant diffusion en clair ou sur abonnement.

Les syndicats de producteurs et distributeurs (USPA, SPI, SATEV, SPECT, SEDPA, AnimFrance) ainsi que les sociétés d'auteurs SACD et SCAM ont salué cet engagement qui permet de soutenir la diversité et la vitalité de la fiction en France et en Europe. L'accord pourrait être étendu à d'autres chaînes payantes de NBC Universal actives en France, si celles-ci deviennent soumises à des obligations similaires.

Source : la Scam

Nickelodeon mise sur les podcasts pour enfants avec Starglow Media

La chaîne Nickelodeon a annoncé le 9 avril s'associer avec Starglow Media pour développer sa présence dans le monde des podcasts pour enfants. Ce partenariat, initié discrètement fin 2024, permet à la chaîne de lancer des podcasts pour ses franchises phares comme "Dora l'exploratrice", "Jeu de Bleue" et "la Pat'Patrouille", tout en ouvrant une nouvelle voie publicitaire vers les familles. Dans ce deal, Nickelodeon produit les publicités liées à ses marques, tandis que Starglow gère leur diffusion et les aspects techniques. Les campagnes publicitaires peuvent inclure des lectures par les animateurs, des épisodes sponsorisés ou des segments sur mesure, comme celui réalisé récemment par Netflix autour de Charlotte aux Fraises.

Fondée en 2023 par Jed Baker (ex-UTA), Starglow Media s'est spécialisée dans le contenu audio pour les enfants de 3 à 12 ans, avec des séries mêlant histoires du soir, éducation et divertissement, souvent basées sur des licences ou créations originales. Ce segment connaît une forte demande : plus de 70 % des enfants de 6 à 12 ans se disent intéressés par des podcasts inspirés de leurs séries ou films favoris, selon l'entreprise de recherche sur les podcasts Edison Research. Avec plus de 50 séries destribuées, Starglow atteint déjà 10 millions de téléchargements mensuels et attire des annonceurs majeurs comme LEGO, WildBrain, Netflix, Toyota ou Penguin Random House.

Source : Kidscreen

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