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JTI, Meta, Netflix... L'actu médias et réseaux sociaux (23-30 avril)

Publié par Alexandre Lecouvé le

Chaque semaine, la rédaction vous propose une plongée dans l'actualité bouillonnante des réseaux sociaux et des médias. Au menu : alliance de la presse internationale pour une information de qualité, Zuckerberg annonce la mort du réseau social, et Netflix veut enterrer le cinéma

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Liberté de la presse : 190 médias s'unissent autour du label Journalism Trust Initiative (JTI)

Une coalition de 190 médias internationaux, dont l'AFP, Radio France, France Télévisions et les titres du groupe EBRA, a publié jeudi 24 avril une lettre ouverte avec Reporters sans frontières (RSF) pour interpeller les grandes plateformes numériques. Ils leur demandent d'intégrer la Journalism Trust Initiative (JTI) dans leurs algorithmes afin de promouvoir une information plus fiable et éthique. Malgré le soutien de la France dans les négociations européennes sur la liberté des médias, et l'existence de plus de 1 700 médias déjà certifiés JTI, les géants de la tech tardent à adopter cette norme.

Le label JTI, élaboré par RSF avec plus de 130 experts, s'appuie sur des critères stricts de transparence et de professionnalisme. Les médias labellisés sont audités par des tiers indépendants, ce qui doit garantir leur fiabilité. Les signataires appellent donc les plateformes à prioriser ces sources dans les résultats de recherche et les fils d'actualité, afin de contrer la désinformation et restaurer une économie durable de l'information. La lettre souligne que les outils existent, mais qu'il manque la volonté de les appliquer. Pour cette coalition, intégrer la JTI permettrait non seulement de mieux informer les citoyens, mais aussi de regagner la confiance du public, des annonceurs et des régulateurs.

Source : RSF

Devant la justice étasunienne, Zuckerberg enterre les réseaux sociaux traditionnels

Lors de son témoignage de plus de dix heures dans le procès antitrust intenté par la Federal Trade Commission (FTC) contre Meta, Mark Zuckerberg a affirmé que les réseaux sociaux, tels qu'on les connaissait, étaient dépassés. Ainsi, si Facebook est historiquement centré sur les interactions entre amis, son patron explique que le réseau social est aujourd'hui un canal de diffusion de contenus grand public, dominé par les vidéos de célébrités, les clips "culturels" et les productions générées par IA. Selon les données internes de Meta présentées à l'occasion, le contenu partagé par des "amis" a chuté de 22 % à 17 % sur Facebook et de 11 % à 7 % sur Instagram entre 2023 et 2025. Pour Zuckerberg, la mission "sociale" de son réseau s'est effondrée, au profit d'une fonction de divertissement et d'information.

Pour ce procès, la FTC accuse Meta de monopole illégal sur les "services de réseaux sociaux personnels", notamment via les rachats d'Instagram (2012) et WhatsApp (2014). Mais Meta conteste cette définition : pour l'entreprise, la notion de réseau social n'a plus de sens précis en 2025, tant les plateformes comme TikTok, YouTube ou iMessage adoptent des formats similaires. Meta argue ainsi qu'aucun acteur ne peut être accusé de dominer un marché aussi diffus. Le procès s'appuie sur des acquisitions validées il y a plus de dix ans, dans un contexte technologique totalement différent. L'accusation évoque un frein à l'innovation et à la diversité des offres, mais il est difficile de démontrer qu'un WhatsApp indépendant aurait mieux évolué. En 2014, l'application comptait 500 millions d'utilisateurs ; elle dépasse aujourd'hui les 2 milliards. Un mémo interne de Zuckerberg, daté de 2018, proposait même de scinder volontairement Instagram, anticipant d'éventuelles régulations antitrust. À l'époque, TikTok n'avait pas encore bouleversé le paysage numérique. Alors que le réseau chinois risque d'être banni aux États-Unis et qu'OpenAI développe son propre réseau social, l'affaire Meta semble ainsi s'attaquer à un modèle déjà obsolète.

Source : The New Yorker

Radio France opère un virage numérique pour compenser une baisse budgétaire de 24 millions d'euros

Face à la réduction de la dotation budgétaire de Radio France de 24 millions d'euros prévue en 2025, sa présidente Sibyle Veil a exposé lundi 28 avril, dans un entretien au Figaro, les grandes lignes de son plan de transformation. La DG vise une "bascule stratégique" vers le numérique. "Nous allons moins investir sur la FM et accélérer davantage sur les développements numériques", a-t-elle annoncé. Cette transition devrait se traduire dès l'été 2025 par l'arrêt de la diffusion en FM de Mouv', qui basculera entièrement en numérique. Seuls deux postes y seront maintenus, ceux de chef de service et de responsable de la programmation. Les 28 autres salariés titulaires se verront proposer un reclassement dans d'autres antennes du groupe.

En parallèle, Radio France devrait lancer une nouvelle radio destinée à la jeunesse, diffusée sur le DAB+, et prévoit de renforcer la présence numérique de FIP. Elle prévoit également la réorganisation des fréquences. La présidente a proposé à l'Arcom de réallouer certaines fréquences de France Musique (dont l'audience est jugée plus faible) au profit de Franceinfo et d'Ici (ex-France Bleu), dans des zones où leur couverture est insuffisante.

Des annonces qui débarquent dans un contexte général tendu pour le groupe audiovisuel public. La dotation de l'État, en baisse continue depuis dix ans, aurait atteint un seuil critique selon la direction. Les économies sur les fonctions support ont été jugées suffisantes par la Cour des comptes. Désormais, c'est l'offre de programmes et les moyens de diffusion qui sont ajustés. Pourtant, la dernière vague d'audiences, publiée mi-avril, confirme l'attractivité du groupe, même si selon sa présidente, il doit "s'adapter ou décrocher".

Source : Le Figaro

Netflix Co-CEO Ted Sarandos - Source : Reuters
© Netflix Co-CEO Ted Sarandos - Source : Reuters

Le patron de Netflix Ted Sarandos juge le cinéma "dépassé"

Lors du sommet TIME100 mercredi 23 avril à New York, Ted Sarandos, co-directeur général de Netflix, a affirmé que le cinéma traditionnel était "une idée dépassée pour la majorité des gens". Il a soutenu que Netflix "sauve Hollywood" en rendant accessibles des contenus menacés de disparition, notamment pour les spectateurs vivant en zones rurales. Sarandos a souligné le recul des entrées en salle, y voyant un message clair du public : "Les gens veulent voir des films chez eux." Il présente ainsi Netflix comme une entreprise centrée sur le consommateur, capable de livrer les programmes "de la manière dont vous voulez les regarder".

Depuis 2019, Netflix possède le dernier cinéma mono-écran de Manhattan, mais c'est avec la pandémie que la plateforme a affirmé sa domination. Malgré cela, elle n'a pas encore décroché l'Oscar du meilleur film. Le dirigeant a également salué l'ouverture culturelle des abonnés, qui consomment divers genres. Il a cité un exemple : un concert de musique de chambre inspiré de Bridgerton lors d'un événement de promotion du catch WWE.

Le même jour, Sarandos a dénoncé le traitement inéquitable de l'industrie du divertissement dans les accords commerciaux internationaux, évoquant l'exigence de quotas d'investissement spécifiques. Selon lui, le secteur est "souvent traité comme un non-véritable business". Il a enfin exprimé ses inquiétudes face aux tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine. Le pays asiatique a annoncé une nouvelle réduction du nombre de films américains autorisés sur son territoire, en réaction aux lourds tarifs douaniers imposés par Donald Trump.

Source : The Guardian

DAZN : clap de fin pour la diffusion de la Ligue 1

Le contrat entre DAZN et la Ligue de football professionnel (LFP), signé jusqu'en 2029 pour 375 millions d'euros annuels, devrait prendre fin dès la saison 2024-2025, selon les informations de L'Equipe et RMC Sport publiées mercredi 30 avril. L'accord sera présenté le 2 mai 2025 au conseil d'administration de la Ligue et DAZN devrait verser une indemnité de 100 millions d'euros pour sortir du contrat, en plus des deux dernières échéances de la saison actuelle (140 millions d'euros). Le paiement du 30 avril a été reporté de quelques jours.

Dans le même temps, la Ligue de Football Professionnelle (LFP) a annoncé vouloir lancer sa propre chaîne dédiée à la Ligue 1.... Et DAZN souhaiterait s'y associer, proposant d'investir environ 100 millions d'euros dans ce projet. En contrepartie, la Ligue renoncerait à l'indemnité de rupture. Le diffuseur britannique, qui comptait environ 700 000 abonnés en avril 2025 (loin du seuil de 1,5 million prévu pour activer une clause de sortie fin 2025-2026), plaide pour un partenariat pérenne et rejetterait ainsi l'idée d'un retrait précipité.

DAZN affirme entretenir un dialogue constructif avec Nicolas de Tavernost, nouveau directeur général de LFP Media. L'entreprise espère être retenue comme partenaire du projet de chaîne, estimant pouvoir y apporter une "valeur ajoutée". Mais la LFP pourrait aussi envisager d'autres options. Le projet de chaîne nécessitera aussi un accord avec beIN Sports, détenteur de l'affiche du samedi 17h. Le groupe qatari serait disposé à céder ce créneau, voire à participer à la conception technique de la chaîne. Dans un délai de cinq semaines, Tavernost devra consulter l'ensemble du marché, pour peut-être faire entrer la LFP dans une nouvelle ère : celle d'un championnat dont elle serait elle-même le diffuseur principal. Un pari pour le moins audacieux à trois mois du début de la saison 2025-2026.

Source : L'Equipe

Crédits : Solen Feyissa / Wikimedia Commons
© Crédits : Solen Feyissa / Wikimedia Commons

Présidentielle en Roumanie : TikTok tente de regagner la confiance de l'Europe

À l'approche de l'élection présidentielle roumaine, prévue les 4 et 18 mai 2025, TikTok a présenté le 25 avril un dispositif renforcé pour protéger l'intégrité de sa plateforme. En effet, en novembre 2024, les services de renseignement roumains avaient dénoncé une manipulation massive de l'élection, entraînant l'annulation du premier tour. Le candidat d'extrême droite prorusse Calin Georgescu, alors en tête, avait mené une campagne fulgurante sur TikTok, passée sous les radars de la modération. Sous le regard attentif de la Commission européenne, qui a ouvert une enquête formelle en décembre 2024, TikTok veut démontrer sa volonté de coopération et promet une vigilance accrue. L'exécutif européen évoquait alors "un décalage considérable" entre les déclarations de la plateforme et les constats des autorités locales.

Parmi les mesures dévoilées par TikTok figure un "Election Center" lancé fin avril. Accessible via le moteur de recherche interne et des bannières, ce centre d'information fournit des données officielles issues de l'Autorité électorale permanente roumaine. Il comprend aussi des conseils de littératie médiatique, élaborés avec l'ONG locale Funky Citizens. TikTok déploie également une campagne d'éducation aux médias, en partenariat avec plusieurs médias roumains. Des vidéos éducatives expliquent comment repérer la désinformation et redirigent les utilisateurs vers des sources fiables. Ces contenus sont visibles directement dans le Election Center. Une "Election Taskforce" dédiée, composée d'experts en cybersécurité, désinformation et intégrité électorale, pilote les opérations. L'équipe s'appuie sur des outils de modération renforcés, complétés par un réseau d'une vingtaine de partenaires de vérification des faits. TikTok collabore aussi avec des institutions locales et gouvernementales via des canaux de signalement prioritaire, dans le cadre du Code of Practice on Disinformation de l'Union européenne. La plateforme affirme avoir déjà sécurisé plus de 200 scrutins dans le monde depuis 2019, notamment en Allemagne et en Croatie.

Source : TikTok

Pexels - Julio Lopez
© Pexels - Julio Lopez

Meta ouvre Threads à la publicité mondiale

Meta Platforms a annoncé mercredi 23 avril, l'ouverture de la publicité sur son réseau social Threads à tous les annonceurs éligibles dans le monde. Une décision qui vise à diversifier les revenus du groupe, dans un contexte de tensions commerciales internationales. Depuis le début de l'année, Meta testait déjà les publicités sur Threads auprès de marques sélectionnées aux États-Unis et au Japon. La diffusion mondiale débutera dans certains marchés avant une extension progressive, et les résultats seront connus le 30 avril à la publication des résultats du 1er trimestre de la multinationale de la tech.

Lancée en juillet 2023 et fort de plus de 320 millions d'utilisateurs actifs mensuels, l'application Threads a été conçue comme une alternative au réseau X (ex-Twitter), détenu par Elon Musk. Meta, qui tire l'essentiel de ses revenus de la publicité, use notamment de ces recettes pour financer les investissements massifs du groupe dans l'IA générative. En attendant, selon les analystes de MoffettNathanson estiment que la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine pourrait coûter jusqu'à 7 milliards de dollars à Meta en 2025, en raison du retrait potentiel des annonceurs chinois.

Source : Reuters

Paris Première change de canal TNT

La chaîne Paris Première, propriété du Groupe M6, diffusera sur le canal 26 de la TNT à partir du 6 juin prochain, selon une délibération publiée au Journal officiel de la République samedi 26 avril. Elle y partagera sa fréquence avec trois autres chaînes du même groupe. Cette réaffectation fait suite au retrait de quatre chaînes du Groupe Canal+ de la TNT : Canal+, Canal+ Sport, Canal+ Cinéma et Planète+, un départ annoncé en décembre 2024. En parallèle, LCI a été déplacée vers un bloc réservé aux chaînes d'information, du canal 26 au canal 15. Ces changements laissent Paris Première seule sur son canal initial, une situation jugée économiquement non viable. Le transfert vers une fréquence partagée vise donc à assurer la pérennité de sa diffusion, même si le choix du canal 26 reste susceptible d'évoluer.

Source : Télé satellite

TikTok : l'Assemblée organise une consultation citoyenne pour évaluer son impact sur les jeunes

L'Assemblée nationale a ouvert mercredi 23 avril une consultation citoyenne dans le cadre de la commission d'enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs. Cette initiative, validée début avril en Conférence des présidents, vise à recueillir jusqu'au 31 mai les témoignages d'usagers (jeunes comme parents) sur leur expérience avec l'application. Parmi les questions posées : ont-ils visionné des contenus choquants ? Ont-ils ressenti du mal-être ou été victimes de harcèlement via la plateforme ? Avec 70 % des utilisateurs français de TikTok âgés de moins de 24 ans, cette démarche entend mieux cerner l'influence du réseau social sur les plus jeunes. Elle doit également alimenter les réflexions des députés en vue de formuler des recommandations concrètes à partir du 15 juin. Les travaux porteront notamment sur la responsabilité de la plateforme dans la diffusion de contenus sensibles.

Arthur Delaporte, président PS de la commission, a rappelé sur France Inter que cette consultation est un moyen de "montrer que l'Assemblée est connectée à la société". Des TikTokeurs identifiés comme problématiques seront auditionnés, suivis des dirigeants de la plateforme. Laure Miller, députée macroniste et rapporteure, insiste sur la nécessité pour la France d'agir, sans attendre uniquement l'Union européenne : "La France doit prendre sa part." Si un levier juridique est identifié, elle envisage de requalifier TikTok d'hébergeur à éditeur, et une proposition de loi pourrait voir le jour. À défaut, un travail de lobbying auprès de l'Europe serait engagé pour créer un encadrement adapté des réseaux sociaux, pour mieux protéger les mineurs face aux dérives de certaines plateformes.

Source : Consultation citoyenne sur TikTok : appel à témoignages

Application YouTube
© Application YouTube

YouTube teste l'intégration de l'IA dans ses résultats de recherche

YouTube a annoncé jeudi 24 avril l'expérimentation de ses AI Overviews. Ce test vise à intégrer, dans les résultats de recherche, un carrousel de clips vidéo sélectionnés par intelligence artificielle. Il vise à offrir aux utilisateurs un aperçu rapide et pertinent des contenus correspondant à leur requête. Concrètement, l'IA de YouTube analyse plusieurs vidéos et extrait les extraits jugés les plus informatifs. Ces clips apparaissent sous forme de vignettes dans les résultats de recherche. Le dispositif cible principalement les requêtes en anglais portant sur des recherches produits (ex. : "meilleur casque antibruit") ou touristiques (ex. : "musées à visiter à San Francisco").

Le test reste limité. Il ne concerne qu'un petit groupe d'abonnés YouTube Premium situés aux États-Unis. YouTube recueillera leurs retours via un système de votes (pouce levé ou baissé). Ces données guideront une éventuelle généralisation de la fonctionnalité. Ce projet soulève des questions. Depuis l'introduction des AI Overviews sur Google Search, de nombreux éditeurs constatent une baisse de trafic. Sur YouTube, ces résumés automatiques risquent-ils de détourner les vues des vidéos complètes, au détriment des créateurs et des marques ? Aucune date de déploiement plus large n'a été communiquée à ce jour.

Source : Search Engine Land

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