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Google, Meta, NYT... L'actu médias et réseaux sociaux (28 mai - 4 juin)

Publié par Alexandre Lecouvé le

Chaque semaine, la rédaction vous propose une plongée dans l'actualité bouillonnante des réseaux sociaux et des médias. Au menu : l'IA de Google brise le trafic, celle de Meta atteint le milliard, et le New York Times s'associe avec celle d'Amazon...

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Trafic en chute libre : les médias menacés par l'IA de Google

Depuis le déploiement des AI Overviews, les éditeurs de presse constatent une baisse marquée du trafic web. Lancés par Google, ces encadrés d'IA répondent directement aux requêtes, sans clic vers les sites. Début 2025, AI Overviews revendique 1,5 milliard d'utilisateurs mensuels. Un nouveau "mode IA" est aussi en test. Il fractionne une requête en sous-questions, puis affiche des liens sous forme de "notes de bas de page". Sundar Pichai, PDG de Google, se veut rassurant : "Nous faisons de l'envoi de trafic vers le web une priorité. Personne ne le fait à l'échelle où nous le faisons."

Les éditeurs, eux, démentent. Selon Bloomberg, certains médias indépendants perdent "70 % ou plus" de leur audience. Certains ont fermé. Business Insider a licencié 21 % de son personnel. La News Media Alliance dénonce : "Google prend le contenu de force [...] sans retour économique. C'est la définition du vol." Certains voient une opportunité dans d'autres IA. Selon Digiday, ChatGPT a envoyé 83 % de ses liens sortants vers des sites médias en avril 2025, contre 64 % en janvier. La BBC a observé une hausse de trafic de 188 % via ChatGPT. L'Informé note une progression mensuelle de 40 à 50 % du trafic depuis ces IA, avec un taux de conversion 6 fois supérieur à celui de Google. Mais les volumes restent faibles. Un cadre de ChatGPT résume : "Le trafic IA a augmenté de plus de 1 000 %, mais reste d'un impact négligeable." Google contrôle toujours plus de 90 % du marché de la recherche. Pour les éditeurs, le pacte entre contenu et visibilité semble rompu.

Source : New York Mag et Bloomberg

Sora
© Sora

Meta AI franchit le cap du milliard d'utilisateurs mensuels

Mark Zuckerberg a annoncé mercredi 28 mai, lors de l'assemblée annuelle des actionnaires de Meta, que Meta AI comptait désormais un milliard d'utilisateurs actifs mensuels. L'assistant IA est intégré à l'ensemble des applications du groupe, dont Facebook, Instagram et WhatsApp. Ce seuil a été atteint un mois après le lancement, en avril, d'une application autonome dédiée à Meta AI. "Le focus pour cette année est [...] de faire de Meta AI l'IA personnelle de référence", a déclaré Zuckerberg, qui vise en priorité l'amélioration de la personnalisation, de la voix et de l'aspect divertissement.

Meta prévoit ainsi de continuer à développer l'outil avant d'en tirer un modèle économique. Zuckerberg envisage "d'insérer des recommandations payantes" ou de proposer "un abonnement pour utiliser plus de puissance de calcul". En février, CNBC rapportait déjà que Meta prévoyait une offre payante similaire à ChatGPT. Zuckerberg a admis : "Il peut sembler étrange qu'un milliard d'actifs mensuels ne soit pas à l'échelle pour nous, mais c'est là où nous en sommes." L'assemblée a aussi vu le vote de 14 résolutions. Neuf étaient des propositions d'actionnaires sur la modération des contenus, les émissions de gaz à effet de serre ou encore l'utilisation du bitcoin. La plupart de ces initiatives, non soutenues par la direction, devraient être rejetées. Les résultats finaux seront publiés dans un délai de quatre jours sur le site de Meta et auprès de l'US Securities and Exchange Commission (la SEC), l'organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers.

Source : CNBC

Creative Commons - Montage A. L.
© Creative Commons - Montage A. L.

Réseaux sociaux : des étudiants internationaux portent plainte contre les pratiques de surveillances de l'administration Trump

Quinze étudiants et chercheurs iraniens ont intenté jeudi 29 mai un recours contre l'administration Trump. Ils mettent en cause l'arrêt des entretiens de visas étudiants, sur fond de projet de surveillance des réseaux sociaux. La plainte vise Marco Rubio, secrétaire d'État, et a été déposée devant un tribunal fédéral de Virginie. Elle s'appuie sur l'Administrative Procedures Act, qui interdit les décisions arbitraires. Selon leurs avocats, les étudiants avaient déjà passé un entretien consulaire, mais leurs demandes seraient bloquées depuis, soumises à une "vérification de sécurité nationale". Certains attendraient ainsi une décision depuis plus d'un an.

Depuis 2019, les demandeurs doivent fournir leurs identifiants de réseaux sociaux. "Les candidats iraniens sont déjà soumis à une vérification étendue", rappelle l'avocat Hamdi Masri. Il estime que Donald Trump souhaite "s'assurer que les étudiants entrant partagent ses valeurs politiques". Les plaignants, étudiants en informatique, en ingénierie, ou en finance, ont été admis dans des universités comme Yale, Ohio State ou South Florida. La mesure s'inscrit dans une offensive plus large contre le monde universitaire étasunien. Le 22 mai, le Département de la Sécurité intérieure (DHS) a temporairement retiré à Harvard l'accès à une base de données fédérale, menaçant 6 800 étudiants étrangers d'expulsion, avant qu'un juge fédéral n'intervienne. Rubio a aussi suspendu les visas d'étudiants ayant participé à des manifestations pro-palestiniennes. Il prévoit par ailleurs de "révoquer agressivement" les visas d'étudiants chinois liés au Parti communiste.

Source : The Verge

Le New York Times signe un accord de licence IA avec Amazon

Le New York Times a annoncé, jeudi 30 mai, un accord de licence pluriannuel avec Amazon afin de rendre accessible ses ressources à l'intelligence artificielle de la multinationale. Il s'agit du premier contrat de ce type pour le journal. L'accord couvre le contenu éditorial du NYT, de son application de cuisine et de son site sportif The Athletic. Ces contenus seront utilisés à travers les services d'Amazon, notamment l'assistant vocal Alexa.

Amazon pourra exploiter des résumés ou extraits d'articles pour répondre en temps réel aux requêtes des utilisateurs. Le contrat prévoit aussi l'accès aux données du Times pour l'entraînement des modèles de langage d'Amazon. Wirecutter, le site de recommandations du Times, est exclu de l'accord. Un porte-parole a expliqué qu'"Amazon et Wirecutter ont une relation de longue date".

Le New York Times est parallèlement engagé dans une action en justice contre OpenAI et Microsoft pour violation de droits d'auteur. Il accuse ces entreprises d'avoir utilisé ses contenus sans autorisation pour entraîner leurs modèles. D'autres médias adoptent une stratégie hybride. News Corp. a signé un accord avec OpenAI, puis a poursuivi Perplexity. The Atlantic, Condé Nast et Politico ont passé des contrats commerciaux avec OpenAI, tout en attaquant Cohere en justice.

Source : Axios

Instagram
© Instagram

Instagram adopte le format photo 3:4

Instagram a annoncé jeudi 29 mai par la voix de son patron Adam Mosseri que sa plateforme allait désormais prendre en charge les photos au format 3:4. Ce nouveau format s'ajoute à ceux déjà disponibles, dont les traditionnels carrés (1:1) et rectangulaires verticaux (4:5). Le 3:4 permet d'afficher les images "juste exactement comme vous les avez prises", précise Mosseri sur Threads. Ce changement s'applique aux publications individuelles et aux carrousels. Instagram cherche ainsi à éviter que les photos soient recadrées aux extrémités. Le format 3:4 correspond par ailleurs au réglage par défaut de "presque tous les appareils photo de téléphone", rappelle Mosseri.

Cette évolution suit une autre modification apportée en janvier, où Instagram avait remplacé les aperçus carrés des grilles de profil par des rectangles. "À ce stade, la plupart des contenus, photos comme vidéos, sont en orientation verticale", déclarait alors Mosseri. Instagram cherche ainsi à adapter progressivement son interface aux formats de capture les plus courants, sans abandonner les anciens, les utilisateurs pouvant évidemment toujours publier en 1:1 ou 4:5.

Spotify
© Spotify

Spotify réorganise ses podcasts avec un fil "Abonnements"

Spotify a annoncé mercredi 28 mai de nouvelles fonctionnalités pour améliorer le suivi des podcasts dans son application mobile, notamment avec l'ajout d'un fil "Abonnements" qui centralise les derniers épisodes des podcasts suivis par l'utilisateur. Jusqu'ici, retrouver les nouvelles publications "a prouvé être difficile", reconnaît Spotify dans un billet de blog. Ce fil est accessible depuis la section Podcasts de l'écran d'accueil et permet de consulter rapidement les nouveautés, sans devoir naviguer entre les profils des émissions.

En parallèle, Spotify intègre désormais des recommandations personnalisées dans le flux d'accueil qui s'affichent juste sous les raccourcis de lecture. Des fonctionnalités destinées aux créateurs sont également déployées, avec une section "dans cet épisode" qui permettra de lier du contenu évoqué dans un épisode, s'il est disponible sur Spotify. Ce module arrivera "dans les prochaines semaines". La plateforme introduit enfin des options d'interaction, comme les réponses en fil et les réactions par emoji sur les commentaires.

Source : The Verge

Sora
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Sous-traitants de l'IA chez Google : grève, licenciements et entrave syndicale

Depuis mai 2023, des centaines de contractuels travaillant sur les produits d'IA de Google via GlobalLogic, filiale d'Hitachi, tentent de se syndiquer. Ces "super raters", recrutés à 20 dollars de l'heure pour noter et corriger les réponses de l'IA Gemini, dénoncent des conditions de travail précaires. Classés comme "temporaires", privés de congés payés, ces sous-traitants employés par des agences gagnent parfois un tiers de moins que leurs collègues directs. En 2025, des centaines de licenciements ont frappé les équipes, sans préavis. Un message de connexion refusé le lundi matin signalait souvent la fin du contrat.

Le 21 janvier, après la diffusion interne d'un sondage syndical, GlobalLogic a interdit l'usage de ses canaux sociaux pendant les heures de travail. Le 5 février, Ricardo Levario, l'un des organisateurs, était licencié, tout comme Michael Bailey, un autre salarié engagé, après qu'il ait diffusé un enregistrement d'une réunion disciplinaire. La direction interdit désormais de "poser trop de questions" entre collègues, tout en exigeant 97 % de précision. Plusieurs licenciements ont visé des employés avertissant des conséquences d'une prise de responsabilités managériales sur l'adhésion syndicale.

Trois plaintes ont été déposées auprès du NLRB, paralysé depuis que Donald Trump a démis l'une de ses membres, Gwynne Wilcox. En avril, une décision de justice a annulé l'obligation pour Google de négocier avec d'autres contractuels, affaiblissant encore les recours. Google se défend en expliquant que "ces individus sont des employés d'Hitachi, pas d'Alphabet." Mais pour Shannon Wait, de l'AWU, "le modèle de travail utilisé par Google est en soi un outil antisyndical."

Source : The Nation

Contexte
© Contexte

Vers une taxe sur les écrans pour financer la santé mentale des jeunes ?

Un rapport provisoire, commandé début mars 2025 par Matignon, propose de nouvelles pistes fiscales pour réduire les dépenses de santé. Le média spécialisé dans les politiques publiques Contexte a dévoile le contenu de ce document de 400 pages, pour lequel trois instances ont été mobilisées : le Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance maladie (Hcaam), le Haut Conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge (HCFEA) et le Haut Conseil du financement de la protection sociale (HCFiPS). La version finale du rapport est attendue courant juin.

Il préconise notamment deux leviers fiscaux pour lutter contre les usages excessifs des écrans chez les mineurs. Il reprend une proposition récente du président du groupe EPR, Gabriel Attal, qui souhaite qu'une taxe de 2 % sur les revenus des plateformes numériques en France. Cette taxe viserait à financer "un fonds dédié [à] la recherche et la prise en charge de la santé mentale". L'autre piste évoquée est de taxer les revenus publicitaires des grandes plateformes. Cette idée est revenue régulièrement dans les débats publics, notamment lors des États généraux de l'information, et bénéficie d'un soutien politique croissant. Le rapport reste prudent quant au choix de la meilleure solution. Les auteurs soulignent qu'ils "ne saurai[en]t se prononcer, dans les délais, sur la bonne mesure". Ils concluent néanmoins que "ces propositions montrent que des voies sont possibles et hautement souhaitables".

Source : Contexte

Aurore Bergé le 16 fév. 2023 - Creative Commons
© Aurore Bergé le 16 fév. 2023 - Creative Commons

Modération des contenus : Aurore Bergé met la pression sur les plateformes

Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, a convoqué lundi 2 juin six grandes plateformes : Meta, YouTube, TikTok, X, Snapchat et Twitch. L'objectif était de les pousser à renforcer la modération des contenus problématiques en ligne. Elle a remis aux entreprises un livret papier recensant des exemples de contenus jugés inacceptables. Plusieurs participants ont décrit un échange "très tendu" et une réunion marquée par un "sermon" sur leurs pratiques.

Une seconde réunion est prévue "avant le 14 juillet" pour poursuivre les discussions. Aurore Bergé demande plus de transparence sur les suppressions de comptes, et une coordination entre plateformes. Dans l'émission La Maison des maternelles, le 2 juin au matin, la ministre a averti, d'un ton volontairement ferme : "Soit vous faites le ménage et vous le faites vraiment, soit on changera la loi". Certaines plateformes ont été surprises que le dossier ne soit pas conduit par Clara Chappaz, ministre déléguée chargée de l'Intelligence artificielle et du Numérique, habituellement en charge. Cette dernière était cependant présente à la réunion. Le cabinet d'Aurore Bergé assume : "La lutte contre les discriminations se fait aussi en ligne". La ministre s'est aussi appuyée sur des signalements récents, notamment celui d'un ex-candidat de téléréalité diffusant des contenus pornographiques sur TikTok, son compte ayant été banni après l'intervention de Bergé.

Source : Politico

Le Monde
© Le Monde

Médias conservateurs : la méthode de la galaxie Bolloré décryptée

Dans un article publié lundi 2 juin, la journaliste du Monde Aude Dassonville analyse les évolutions des médias du groupe dirigé par le milliardaire breton Vincent Bolloré. Ainsi, depuis mai 2024, CNews est en tête des chaînes d'info neuf fois sur douze, selon Médiamétrie, et a atteint 3,4 % de part d'audience en mai 2025, devant BFMTV. Europe 1, sa station jumelle, enregistre sa septième hausse consécutive et frôle les 5 % d'audience cumulée, un niveau inédit depuis 2021. Le Journal du dimanche (JDD), acquis fin 2023, affiche 111 496 exemplaires vendus (+7,5 % en un an). Le JDNews, lancé en septembre 2024, dépasse les 146 000 ventes moyennes, dont un tiers qui passe par les kiosques numériques. Des performances qui s'inscrivent dans un contexte électoral porteur pour l'extrême droite. Selon Jean-Yves Camus, "l'extrême droite est passée [...] à une réelle visibilité". Mais malgré l'audience, la rentabilité reste incertaine. "La question se posera un jour de savoir jusqu'où les mécènes [...] accepteront de perdre de l'argent. Mais pas avant 2027", indique une source anonyme.

Pour structurer cet écosystème, le groupe Bolloré organise la convergence entre CNews, Europe 1, le JDD et ses maisons d'édition. Lise Boëll, éditrice d'Eric Zemmour, a également pris la tête de Fayard en juin 2024. Des médias comme Boulevard Voltaire, Causeur ou Omerta apparaissent ainsi régulièrement sur CNews. Boulevard Voltaire revendique 17 000 donateurs en 2024 (+10 % par an), tandis que le média Frontières compte 480 000 abonnés sur YouTube, Néanmoins, Valeurs actuelles a perdu 20 % de diffusion en un an, tombant à 81 839 exemplaires et Sud Radio stagne à 500 000 auditeurs.. Enfin, cette galaxie touche également la formation, avec l'École supérieure de journalisme (ESJ) de Paris a été rachetée en novembre 2024 par des proches de Vincent Bolloré, et ambitionne de former une nouvelle génération alignée à droite.

Source : Le Monde

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