Google, France TV, Meta... L'actu médias et réseaux sociaux (16-23 avril)
Chaque semaine, la rédaction vous propose une plongée dans l'actualité bouillonnante des réseaux sociaux et des médias. Au menu : Google a un problème de moteur, France Télévisions en quête d'une nouvelle tête, et Meta accusé de toxicité.
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Antitrust : Google pourrait perdre Chrome
Le géant californien est au coeur d'un procès antitrust majeur aux États-Unis. Accusée par le ministère de la Justice de bloquer l'innovation et la concurrence grâce à des accords exclusifs (notamment avec Apple), la multinationale a été reconnue coupable en août 2024 d'avoir maintenu illégalement sa position dominante dans la recherche en ligne. Depuis mardi 22 avril, une série d'audiences s'est ouverte à Washington pour déterminer les sanctions à appliquer à l'entreprise. Parmi les pistes envisagées : l'interdiction de contrats d'exclusivité, l'obligation de partager certaines données de recherche, l'extension des restrictions à l'intelligence artificielle... Et surtout la revente du navigateur Chrome. Le ministère considère que ces mesures permettraient de réduire l'emprise de Google, qui contrôle près de 88 % du marché des moteurs de recherche aux États-Unis.
En défense, Google rejette ces mesures "extrêmes", et affirme que sa domination s'explique par la qualité de ses services et non par des pratiques abusives. L'entreprise invoque également un risque pour la sécurité des données et une hausse des prix pour les consommateurs. Elle propose des alternatives plus souples : raccourcir la durée de ses accords par défaut ou les rendre moins exclusifs. Ce procès s'inscrit dans une vague plus large d'actions antitrust menées contre les géants de la tech. Quelques jours plus tôt, Meta faisait face à des accusations similaires. Malgré ses liens récents avec Donald Trump, Google n'échappe pas à la pression judiciaire, ni aux attaques de ses concurrents, comme DuckDuckGo ou Perplexity AI. La décision du juge Amit Mehta est attendue d'ici la fin de l'été. Et quel que soit le verdict, Google prévoit déjà de faire appel.
Source : Libération

Présidence de France TV : six candidats, Delphine Ernotte en pôle
La campagne pour la tête de l'audiovisuel public entre dans sa dernière ligne droite. Les dépôts de candidatures auprès de l'Arcom sont clos depuis vendredi 18 avril, et six candidats sont désormais officiellement en lice pour prendre la présidence de France Télévisions à partir du 22 août. Delphine Ernotte-Cunci, en poste depuis 2015, a confirmé sa candidature à un troisième mandat la veille de la clôture, dans une lettre adressée aux salariés, mettant fin à plusieurs semaines de faux suspense. L'ancienne DG d'Orange défend un projet intitulé "Réconcilier", et soutient le projet de holding de l'audiovisuel public voulue par la ministre de la Culture, Rachida Dati.
Face à elle, cinq autres profils ont présenté leur projet stratégique à l'Arcom. On retrouve d'abord le journaliste maison Serge Cimino, chroniqueur politique sur la matinale de Franceinfo, et déjà candidat en 2015 et 2020. Est également en lice la productrice Frédérique Dumas, ancienne députée En Marche puis UDI (et également passée par Orange), mais aussi le journaliste Michel Goldstein, qui se présente pour la seconde fois, et le producteur Jean-Philippe Lefevre. Enfin et surtout : Irène Grenet, ex-patronne de la régie publicitaire de France Télévisions, propose un programme articulé autour de "60 propositions" pour renforcer la marque "France". Trois des six prétendants (Cimino, Dumas et Goldstein) atteindront toutefois l'âge limite de 65 ans pendant leur mandat. Or, même si la limite peut être repoussée par décret, le ministère de la Culture n'envisagerait pas de dérogerà cette règle, selon Le Parisien. D'autres noms avaient circulé dans la presse, comme Sandrine Roustan (ex-France 4) ou Céline Pigalle (Radio France), sans confirmation. Thierry Thuillier (TF1) avait, lui, exclu toute participation.
Pour la suite du calendrier, la liste des candidatures recevables sera publiée d'ici le 5 mai par l'Arcom, les auditions débuteront le 12, et la nomination devrait intervenir avant le 22 mai. Sauf que... Sa mission pourrait être radicalement écourtée. En cas d'adoption de la réforme de l'audiovisuel public avant fin 2025, la création d'une holding au 1er janvier 2026 mettrait automatiquement fin au mandat à peine entamé. Dans ce contexte incertain, la CGT de France Télévisions a publié jeudi 17 avril ses "15 priorités" pour la prochaine présidence. Le syndicat majoritaire défend une trajectoire budgétaire pluriannuelle, un plan de reconversion pour les métiers du numérique, et une refonte du dialogue social. Il conteste également la procédure mise en place par l'Arcom et demande que les auditions soient accessibles en direct aux journalistes, alors que le régulateur prévoit une diffusion en différé.

L'UE frappe fort et inflige 500 et 200 millions d'euros d'amende à Apple et Meta
La Commission européenne a infligé, mercredi 23 avril, les premières sanctions majeures dans le cadre du nouveau règlement sur les marchés numériques (DMA), visant à limiter l'influence des grandes plateformes technologiques. Apple et Meta écopent respectivement de 500 et 200 millions d'euros d'amende pour pratiques anticoncurrentielles et atteintes à la vie privée. Apple est accusé d'avoir restreint les développeurs d'applications de proposer des offres ou tarifs alternatifs à ceux de l'App Store, ce qui nuit à la concurrence et au pouvoir de choix des consommateurs. De son côté, Meta est sanctionné pour avoir combiné les données personnelles de ses utilisateurs sur ses plateformes (Facebook, Instagram) sans consentement explicite, une pratique interdite par le DMA.
Malgré les sommes en jeu, les montants restent symboliques pour ces géants qui ont généré des bénéfices record en 2024 : 93,7 milliards de dollars pour Apple, 62,4 pour Meta. Bruxelles insiste sur le caractère dissuasif, non punitif, du règlement, tout en précisant que les entreprises disposent de 60 jours pour se conformer, sous peine de sanctions journalières. Apple a annoncé dans la foulée vouloir faire appel, dénonçant une décision injuste. Meta, plus virulent, accuse l'UE de favoriser les entreprises locales et chinoises. Une proposition de mise en conformité a toutefois été déposée par Meta, potentiellement de nature à clore la procédure.
Source : AFP

Le Mouv' s'arrête sur les ondes mais devrait continuer en numérique
Selon plusieurs sources, la direction de Radio France aurait fait savoir aux équipes du Mouv' que la radio dédiée au jeune public pourrait cesser d'émettre sur la bande FM avant d'être transformée en une radio exclusivement numérique. Le projet, présenté aux syndicats jeudi 17 avril, inclurait la suppression de chroniques et d'émissions, et serait motivé à la fois par des raisons budgétaires et par une volonté d'adaptation aux nouveaux usages d'écoute, notamment chez les jeunes, de plus en plus tournés vers les plateformes de streaming.
Ainsi, selon Mathieu Marmouget, directeur de Mouv', ce changement ne constitue pas à proprement parler une fermeture, mais une restructuration du modèle de diffusion. Il intervient alors que la radio enregistre une audience modeste de 276 000 auditeurs quotidiens (0,5 % d'audience cumulée), tout en rencontrant un succès croissant sur le web avec ses contenus vidéo. La direction assure à cette heure qu'aucun plan social n'est prévu pour la quarantaine d'employés concernés. Toutefois, des reclassements internes au sein des autres antennes de Radio France sont envisagés, dans un contexte général de recherche d'économies pour le groupe public. Le projet doit être présenté officiellement aux représentants du personnel les 24 et 25 avril.
Source : Les Inrocks

Meta ciblé par une plainte pour ses recommandations toxiques sur Facebook et Instagram
Une coalition d'organisations de défense des libertés numériques a déposé une plainte mardi 15 avril contre Meta auprès de la "Coimisiún na Meán", le régulateur irlandais des services numériques. On compte parmi elles le groupe European Digital Rights (EDRi) ou encore trois ONG, dont la Société pour les droits civils allemande GFFL. Elles mettent en cause les flux d'actualités sur Facebook et Instagram, jugés contraires au Règlement européen sur les services numériques (DSA). C'est la première plainte de ce genre émanant de représentants de la "société civile", qui ont volontairement ciblé un volet du DSA supervisé par le régulateur irlandais, moins engorgé que la Commission européenne.
Meta n'a pas commenté la plainte. Tenue de proposer une alternative aux flux basés sur le profilage à comptée de l'entrée en vigueur du DSA en février 2024, l'entreprise étasunienne avait anticipé et mis en place une fonctionnalité "sans profilage" en 2023 pour se conformer à la réglementation. Mais pour les plaignants, ce n'est qu'une façade : la conception même de l'interface pousse les utilisateurs à rester dans un flux algorithmique, au bénéfice financier de Meta. Ils dénoncent une mise en oeuvre opaque et inefficace, l'option permettant d'accéder à un fil "sans profilage" étant difficile à localiser, et les préférences n'étant pas conservées lors de la réouverture des applications. Ces pratiques contrediraient ainsi l'esprit du DSA, censé offrir aux utilisateurs plus de contrôle sur leur expérience en ligne et les protéger des contenus sensationnalistes générés par les algorithmes de recommandation.
Source : EDRi

TF1 : La maison mère de M6 aurait relancé le projet de fusion
Dans une interview donnée au Financial Times mardi 22 avril, Thomas Rabe, PDG du groupe allemand Bertelsmann, maison mère de M6, a exprimé sa volonté de réétudier la possibilité d'un rapprochement entre TF1 et M6, estimant que le contexte européen en matière de régulation pourrait désormais être plus favorable. La fusion avait été initialement stoppée en 2022 par les demandes de l'Autorité française de la concurrence, qui souhaitait la cession d'une des deux chaînes pour éviter une concentration excessive sur le marché publicitaire. Des conditions alors jugées trop contraignantes par Bertelsmann et Bouygues (propriétaire de TF1).
Mais désormais, la Commission européenne, dans la lignée d'un rapport de Mario Draghi, semble vouloir promouvoir des regroupements industriels stratégiques capables de rivaliser avec les géants étasuniens du streaming comme Netflix ou Apple TV+. Le projet TF1-M6, qui représenterait un chiffre d'affaires cumulé de 3,7 milliards d'euros (chiffres de 2024), pourrait ainsi renaître dans les deux à trois prochaines années. Cependant, la législation française interdit actuellement toute vente de chaînes renouvelées par l'Arcom dans les cinq années précédentes. Or, TF1 et M6 l'ont été en 2023. Une tentative de réforme législative pour raccourcir ce délai a récemment été écartée du projet de réforme de l'audiovisuel public. Par ailleurs, l'avenir de M6 pourrait aussi intéresser d'autres acteurs, comme Rodolphe Saadé (CMA CGM), qui bénéficierait de moins d'obstacles réglementaires.
Source : Les Échos

TikTok lance "Footnotes", sa propre version des Community Notes
Le réseau social chinois a annoncé mercredi 16 avril qu'il s'apprêtait à déployer une nouvelle fonctionnalité baptisée "Footnotes" ("notes de bas de page" en anglais). Inspirée du système des Community Notes popularisé par X (ex-Twitter) et récemment adopté par Meta, elle vise, tout comme ses prédécesseurs, à ajouter un contexte supplémentaire aux vidéos abordant des sujets sensibles ou controversés, en permettant aux utilisateurs de partager leur expertise via une approche collaborative. Selon Adam Presser, responsable des opérations et de la confiance chez TikTok, ces notes "offrent une nouvelle opportunité aux gens de partager leur expertise et d'ajouter une couche de contexte supplémentaire à la discussion en utilisant une approche axée sur le consensus".
Comme son équivalent sur X, cette fonctionnalité ambitionne de corriger les contenus trompeurs sans dépendre exclusivement de modérateurs internes ou d'agences de vérification externes. Prévu pour une mise en service progressive aux États-Unis dans les mois à venir, "Footnotes" sera accessible aux utilisateurs répondant à certains critères : avoir au moins 18 ans, ne pas avoir enfreint récemment les règles de TikTok, et être actif sur la plateforme depuis au moins six mois.
Source : The Wrap

Étude : 55 % des consommateurs de la GenZ sont "constamment connectés"
Publiée fin mars, l'étude "Gen Z Culture Decoded" - réalisée sur 2 000 jeunes de 16 à 27 ans aux États-Unis par l'entreprise française d'études de marché Toluna - met en lumière les pratiques numériques de la génération Z, née à l'ère numérique. Selon les données, plus de 55 % des membres de cette génération déclarent être actifs à tout moment de la journée sur au moins 7 types de contenus numériques.
Les réseaux sociaux sont devenus le coeur de la découverte de contenus pour la Gen Z : 72 % passent par TikTok, Instagram ou YouTube pour trouver de la musique, des vidéos ou des podcasts. YouTube est aussi leur plateforme n° 1 pour regarder des contenus sportifs, devant Instagram et TikTok. En parallèle, 81 % des jeunes regardent chaque semaine des vidéos en format vertical, particulièrement sur TikTok (64 %), Instagram Reels (55 %) et YouTube Shorts (54 %). Concernant leur genre de contenu préféré, la comédie arrive en tête, tous supports confondus - séries, podcasts, vidéos ou publicités. Enfin, près de 8 jeunes sur 10 déclarent qu'ils utiliseraient davantage une application de streaming si elle proposait des formats courts exclusifs, comme des extraits de spectacles comiques, des contenus de téléréalité originaux ou des temps forts sportifs.
Source : Le rapport Toluna

Spotify met un million d'euros sur la table pour produire des livres audio en Europe
Spotify a annoncé vendredi 11 avril un investissement d'un million d'euros pour produire du contenu audio original en Europe, notamment en France et aux Pays Bas. L'objectif est d'enrichir son catalogue dans des pays où le format audio reste peu développé, afin de séduire de nouveaux abonnés premium. L'investissement servira à soutenir la production de titres, en particulier en langue française, grâce à des partenariats avec une centaine d'éditeurs, dont Audiolib (Hachette et Albin Michel), Lizzie (Editis), Écoutez Lire (Madrigall), Librinova et Lettre Zola. Selon la plateforme, les oeuvres produites seront non exclusives, accessibles sur toutes les plateformes, et les revenus générés seront intégralement reversés aux ayants droit. Spotify, devenu rentable en 2024, prend à sa charge la rémunération des auteurs en fonction du temps d'écoute, sur ses propres marges.
Pour se différencier d'Audible, leader du secteur avec plus de 800 000 titres (dont 20 000 en français), Spotify mise sur la durée d'écoute plutôt que sur un abonnement à un livre par mois. Il ouvre aussi son catalogue à des productions en synthèse vocale via la société ElevenLabs, bien que les éditeurs restent libres de préférer des voix humaines. Depuis octobre 2024, les abonnés premium français ont accès à douze heures d'écoute de livres audio par mois. Avec environ 263 millions d'abonnés premium dans le monde, Spotify espère ainsi élargir son audience en France, où son implantation reste en retrait par rapport aux États-Unis ou à l'Europe du Nord.
Source : Le Figaro

Avis intégrés : TikTok défie Google Maps
TikTok a lancé en avril une phase de test pour une nouvelle fonctionnalité qui intègre des avis directement dans l'onglet commentaires de certaines vidéos. Les utilisateurs peuvent ainsi consulter des critiques, des notes et des photos liées à un lieu sans quitter l'application ni effectuer une recherche Google. Lorsqu'une vidéo mentionne un lieu (par exemple Central Park à New York) et que l'utilisateur va dans les commentaires, un espace "Avis" peut apparaître à droite. Il regroupe des évaluations sous forme d'étoiles, des commentaires écrits, des photos, et permet également de visiter le profil TikTok des auteurs de ces avis... Au risque toutefois de surcharger l'interface. À ce jour, seuls certains contenus géolocalisés en bénéficient, et l'entreprise chinoise n'a pas encore communiqué sur un déploiement global.
Cette fonctionnalité se distingue d'une précédente intégration de Google Maps, qui se limitait à une icône et redirigeait vers Google. Ici, tout reste dans l'écosystème TikTok. De quoi renforcer la rétention des utilisateurs sur l'application, déjà la principale source d'information pour une bonne partie de la GenZ. Et depuis que Google a reconnu en 2022 l'impact croissant de TikTok sur ses services de recherche et de cartographie, la plateforme multiplie les innovations. En 2024, elle a lancé la recherche par image pour faciliter les achats sur TikTok Shop, et des publicités ciblées dans les résultats de recherche via les "TikTok Search Ads Campaigns".
Source : Tech Crunch
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