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Présidentielle 2017 : les propositions média des candidats

Publié par Mégane Gensous le

A 50 jours de l'échéance présidentielle, l'Udecam a choisi pour la 9e édition de ses Rencontres de questionner les principaux candidats sur leurs propositions pour le monde des médias et de la communication. Retour sur les pistes envisagées par Benoît Hamon, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et François Fillon.

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© Benoît Hamon / Twitter

Benoît Hamon

Le candidat à la présidentielle de la gauche, qui s'est déplacé en personne aux 9e Rencontres de l'Udecam, a affirmé le caractère incontournable de la manifestation en raison "du poids du secteur de la communication dans l'économie" (2,1% du PIB selon l'étude UDA-Udecam) mais aussi de "la crise à la fois économique et de confiance traversée par les médias français". Pour y remédier, Benoît Hamon entend lutter contre le phénomène de "sur-concentration des médias" grâce à une loi anti-trust interdisant notamment à un investisseur de détenir plus de 40% du capital d'un média dans la limite de deux médias.

Parmi ses priorités, figure également la consolidation du service public audiovisuel via un élargissement de la redevance (...alors qu'il avoue ne consommer la télévision que par Internet) afin de tendre vers "un modèle de télévision publique à la BBC". L'un des outils utilisé à cet effet pourrait être l'assouplissement du décret Tasca qui encadre le principe d'exception culturelle dans l'audiovisuel. Concernant la publicité après 20h sur les chaînes de France Télévisions, le candidat avoue hésiter encore sur "peu ou pas de publicité du tout".

En parallèle, Benoît Hamon souhaite encourager l'aide à la création de nouveaux médias indépendants. D'une part avec la création d'une branche média à la Banque Publique d'Investissement, ainsi que par l'encouragement d'une forme d'actionnariat citoyen avec un nouveau statut de "société de médias à but non lucratif".

Enfin, l'homme politique, qui a travaillé à la direction d'Ipsos par le passé, s'attaque à "la distorsion de la concurrence initiée par Google et Facebook" en proposant d'imposer les GAFA à la fois sur leurs bénéfices et via une taxe destinée à financer la création culturelle française.

Marine Le Pen, représentée par Mikaël Sala

La président du collectif Croissance Bleu Marine, qui après une carrière de musicien a lancé sa propre agence de publicité en 1995, était présent sur la scène des Rencontres de l'Udecam pour exposer les propositions de la candidate frontiste en faveur de l'écosystème des médias et de la communication. A l'instar de Benoît Hamon, Marine Le Pen estime indispensable la création de mesures pour limiter la concentration des médias, mais va plus loin en abaissant le seuil de participation d'un investisseur à 30%. L'ambition affichée étant de garantir l'indépendance des médias, le FN estimant sa "part de voix représentée de façon minoritaire".

Pour assurer cette indépendance, le parti ambitionne de transformer le Conseil Supérieur de l'audiovisuel en l'équipant de "3 collèges composés de professionnels des médias, de représentants de l'État mais aussi de citoyens".

Fidèle au "patriotisme économique" revendiqué par le Front National, le représentant de Marine Le Pen annonce la création d'un "capital-risque et d'un capital-développement pour encourager la création d'acteurs français et faire fleurer de nouveaux Dailymotion".

Jean-Luc Mélenchon, représenté par Alexis Corbière

Le candidat de la France insoumise s'est fait remplacer aux Rencontres de l'Udecam par son porte-parole Alexis Corbière, en faisant assurer par ce dernier de son implication dans "le débat sur les médias qui concerne l'ensemble des citoyens et ne revêt pas qu'un enjeu économique".

Tout comme l'extrême-droite, Jean-Luc Mélenchon propose une réforme du CSA par la création d'une nouvelle entité: "Un Conseil Supérieur des Médias qui regrouperait le CSA et les différentes commissions et autorités de régulation de la publicité, des médias et du journalisme, et qui serait plus proche des usagers". L'objectif: "Constitutionnaliser l'indépendance des médias", Alexis Corbières qualifiant d'"oligarchie" le paysage médiatique français dans lequel "9 individus possèdent 80% des médias". De même, il appelle à ce que "la nomination des présidents de l'audiovisuel public devienne en enjeu citoyen", en d'autres termes : le CSA ne devrait plus avoir la charge seule de la désignation des présidents de France Télévisions, Radio France et France Médias Monde.

Dans la même veine que Benoît Hamon, le candidat de l'extrême-gauche prévoit, lui, d'aller vers la suppression du décret Tasca afin que l'audiovisuel public puisse produire ses contenus en interne. Et Alexis Corbière de mettre en garde: "L'audiovisuel, comme l'éducation, ne doit pas devenir un marché". Il soulève également la question de la répartition des aides à la presse, jugée opaque et peu cohérente, tout en réaffirmant la nécessité d'une presse plurielle: "Le jour où la presse écrite dans sa diversité disparaîtra la société démocratique se portera mal".

François Fillon, représenté par Nathalie Kosciusko-Morizet

Absent, le candidat de l'union de la droite et du centre a laissé à Nathalie Kosciusko-Morizet le soin de présenter son appréhension des problématiques média françaises. Cette dernière dresse un parallèle entre le monde de la communication et des médias et la grande distribution : "C'est celui qui est le plus proche de l'utilisateur final qui capte la marge". La représentante de François Fillon annonce donc que "le combat du prochain quinquennat sera de lutter contre la captation des contenus par les GAFA". Elle reconnait cependant que "le monde politique est resté médusé trop longtemps devant le développement du numérique" et ambitionne de faire du numérique la prochaine priorité de l'Union Européenne.

Consommatrice elle aussi de télévision uniquement sous forme délinéarisée, Nathalie Kosciusko-Morizet expose la volonté de François Fillon d'étendre la redevance à tous les supports de diffusion de la télévision. Concernant la nouvelle réglementation européenne sur les données personnelles qui entrera en vigueur en mai 2018, la droite privilégie l'éducation du consommateur aux risques et avantages des cookies... bien que la suppression de ces derniers donnerait une toute puissance aux GAFA qui, eux, n'en ont pas besoin.

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