YouTube prend d'assaut la télévision
La plateforme de diffusion de vidéos vient d'annoncer le lancement de 13 chaînes de télévision en ligne en France. But de l'opération: attirer des budgets publicitaires et mettre un pied dans le média télé, quelques semaines après la sortie de la Google TV dans l'Hexagone.
Je m'abonne800 millions de visiteurs uniques par mois dans le monde (12 millions en France), 4 milliards de contenus visionnés par jour, 72 heures de contenus mis en ligne chaque minute… YouTube occupe une place incontournable dans le paysage web. A tel point que la plateforme de diffusions de vidéos vient concurrencer les chaînes de télévision sur Internet. C’est déjà le cas aux Etats-Unis, où plus de 100 chaînes YouTube sont diffusées depuis un an. Et c’est désormais le cas en Europe depuis début octobre. Parmi les 60 chaînes thématiques gratuites déployées sur le Vieux continent, 13 s'apprêtent à débarquer en France dans les prochaines semaines. Et pas n’importe lesquelles. Pour l’occasion, la filiale de Google a réuni la fine fleur des producteurs. A l’image d’Endemol France, avec la chaîne “It’s Big”, qui propose “une dose quotidienne d’info décalée, glamour et funky sur le grand cirque de l’entertainement et ses célébrités”. De Capa Prod, avec “Rendez-vous à Paris”, chaîne qui évoque la vie de la capitale à travers web-séries et city magazines. Ou encore de Lagardère Active qui lance “Doctissimo Play”, “la chaîne bien-être et santé de toutes les femmes”.
Parmi les autres chaînes, les internautes trouveront notamment “Au Féminin La tribu” et “Marmiton”, deux chaînes du groupe Aufeminin, “Euronews Knowledge” (Euronews), “Tarata on air” (Air Productions / Banijay Group)…
« Personnalités ou producteurs de renom, pionniers de la vidéo en ligne, les créateurs à l'origine de ces nouvelles chaînes thématiques proposeront de nouveaux contenus couvrant des domaines variés tels que la gastronomie, la santé, l'éducation, le sport, la musique, la comédie, l'animation et l'actualité, résume-t-on chez YouTube France. Ils seront disponibles sur YouTube gratuitement dans le monde entier et depuis tous les types de terminaux. »
But de l’opération pour YouTube: aider les annonceurs à affiner le plus possible leur ciblage publicitaire. « Nous allons travailler très étroitement avec les annonceurs pour la commercialisation de ces espaces et de ces audiences globales et multi-support », explique Christophe Muller, directeur des partenariats YouTube Europe du Sud, de l'Est et Moyen-Orient.
Par ailleurs, ce programme, baptisé "Original Programming", consiste également à encourager la production de contenu audiovisuel spécifiquement pour la plateforme, grâce à des incitations financières : « Les créateurs bénéficient du système d’avance sur recettes publicitaires mis en place par YouTube pour encourager la production de contenus originaux. Ils gardent par ailleurs l’entier contrôle éditorial sur le contenu de leurs chaînes, qui pourront accueillir à la fois de nouvelles créations et des vidéos déjà disponibles en ligne et sur YouTube », explique-t-on chez la filiale de Google.
Autre enjeu de taille pour la plateforme, mais cette fois inavoué: mettre un pied dans le média télé et donner du fil à retordre aux chaînes de télévision classique en montrant que le rendu peut être équivalent sur le Web. Pour autant, Christophe Muller exclut cette idée: « Ce ne sont pas des chaînes télé, ce sont des espaces thématiques YouTube. C'est pas du linéaire, c'est pas du direct (...) on est dans un modèle à la demande. Par rapport à une chaîne de télé classique, qui elle est impliquée dans l'éditorial, la programmation, nous, aujourd'hui, ce n'est pas notre métier », a-t-il ajouté.
Reste qu’entre le lancement de ses chaînes thématiques et celui de la Google TV le mois dernier, la firme de Mountain View commence sérieusement à faire trembler les chaînes traditionnelles. Sa force de frappe est disproportionnée par rapport à ces dernières. Exemple: l’an dernier, Google a seulement déboursé 100 millions de dollars pour doter YouTube de 100 chaînes thématiques, gratuites et financées par la publicité aux États-Unis. Par ailleurs, selon Le Figaro, les producteurs partenaires de ces nouvelles chaînes diffusées sur la plate-forme recevraient en moyenne un minimum de 500 000 euros pouvant aller jusqu'à un million, pour fabriquer 20 heures de programmes frais par an. Des sommes presque dérisoires par rapport à ceux du monde de la télévision.