Aurélie Saint-Martin (Evaneos) : « Nous sommes une alternative concrète au surtourisme »
Crée en 2009 par deux visionnaires, Evaneos propose de voyager autrement. Loin du tourisme de masse, en soutenant la vie locale et en respectant l'environnement. Le point sur les ambitions de cet acteur en quête de notoriété avec la directrice de la marque.

Comment se porte le secteur du tourisme en ce début d'été ?
Nous sommes plutôt satisfaits comparé à d'autres qui sont un peu plus à la peine. Evaneos, enregistre une croissance à deux chiffres, portée par les marchés internationaux. Plus d'un million de voyageurs ont choisi Evaneos depuis sa création en 2009 ce qui représente un milliard d'euros de ventes.
Quel est le positionnement d'Evaneos sur le marché ?
Nous sommes une alternative concrète au surtourisme. En effet, pas moins de 95 % des flux touristiques se concentrent sur seulement 5 % de la planète et on sait que le nombre de voyageurs va doubler d'ici 20 ans. Chez Evaneos, c'est un phénomène que l'on observe depuis 15 ans déjà, et sur lequel on essaie d'agir depuis nos débuts. Et notre mission, c'est de permettre aux personnes de continuer à voyager, mais de voyager autrement. Et donc concrètement, nous proposons une plateforme digitale qui met en relation directe les voyageurs avec plus de 160 agences locales dans le monde en entier. Notre parti pris, est de se dire que ce sont ces experts locaux qui connaissent le mieux leur territoire, leur destination. Étant sur place, ils savent exactement ce qui se passe et on construit les offres touristiques avec eux. Ce sont des voyages sur mesure qui sont plus responsables, plus authentiques et surtout hors des sentiers battus.
C'est ce qui se cache derrière votre promesse de marque baptisée « Better trips » ?
En fait, nous appliquons un principe de réciprocité. Nous pensons vraiment que le tourisme peut apporter de la valeur aux personnes sur place, à l'économie locale mais aussi aux voyageurs en proposant les meilleures expériences possibles. Avec notre modèle, au moins 85 % du montant de chaque voyage reste à destination. Cela sert à rémunérer les agences à destination qui elles-mêmes sont investies dans des projets comme, au Maroc, la maison de la femme qui vient en aide à toutes les nomades...
Avez-vous le sentiment d'accompagner l'évolution du comportement des touristes ?
J'ai le sentiment qu'Evaneos a été en avance puisqu'il y a 15 ans les voyageurs étaient moins regardants sur leur impact écologique, sur l'empreinte carbone... Aujourd'hui, les mentalités ont changé, les gens font attention à ne plus autant prendre l'avion. Aussi, j'ai la sensation qu'on fait notre maximum pour éduquer, expliquer, mais notre conviction, c'est vraiment qu'on ne va pas arrêter de voyager. Ce n'est pas ça le sujet. La question, c'est comment on va le faire. Par exemple, cela implique que si l'on prend des avions pour traverser la planète et aller loin, c'est mieux de rester plus longtemps sur place. Ou encore de consommer local, pour être plus respectueux. C'est notre vision du tourisme et nos clients s'en rapprochent, donc c'est plutôt positif.
Dans une nouvelle campagne créative signée par l'agence Socialclub, Evaneos s'attaque aux effets du surtourisme. Comment entendez-vous agir contre ce phénomène en tant qu'agence de voyages ?
Chez Evaneos, nous ne vendons pas juste un voyage, mais une autre façon de regarder le monde. À travers cette campagne, nous sommes allés un cran plus loin. L'idée était de faire émerger la question du surtourisme dans l'espace public en sensibilisant, mais sans moraliser. On voulait interpeller largement, mais avec une petite pointe quand même d'humour et de second degré. Et le point de départ, c'est un insight universel et d'ailleurs assez français sur le fait de râler, partir loin pour se détendre et se retrouver à râler dans une file d'attente ou au milieu d'une foule. On a tous connu ce moment d'évasion où, finalement, on est assez frustré de l'expérience réelle vécue. Nous avons voulu illustrer ce paradoxe du tourisme de masse : chercher l'évasion et tomber dans la saturation en détournant des scènes du quotidien qui font sourire. Le message est le suivant, il n'y a pas de mauvaise destination mais juste des mauvais moments pour y aller. On ne veut pas du tout stigmatiser Santorin et Mykonos, mais nous faisons le choix de ne plus les proposer en été. Il fait avoir ce courage pour le bien-être de nos clients. D'ailleurs, nous avons lancé un index du surtourisme.
Quels sont les engagements d'Evaneos en matière de respect de l'environnement ?
Nous faisons attention évidemment à l'empreinte carbone. Evaneos est B Corp et dans son impact report, l'entreprise est très transparente. Nous calculons les émissions des avions, du transport, là où d'autres agences de voyages le retirent. En termes d'engagement, nous travaillons avec Planeterra, une ONG internationale qui aide les communautés locales à tirer parti du tourisme.
Quelle est votre stratégie marketing pour émerger dans ce secteur concurrentiel ?
Cela commence par le SEO évidemment. Mais au-delà du digital et du SEO, la stratégie marketing, doit servir l'ambition de la marque, c'est-à-dire faire émerger une autre façon de voyager qui est plus humaine, plus responsable, plus immersive. Concrètement, cela implique d'adapter chaque action sur chaque marché. Là, en France, on a lancé la campagne sur le surtourisme à Paris. En Allemagne, le mois dernier, on a organisé un événement d'influence à Berlin avec des profils qui étaient très engagés. En Italie, c'était au mois de mars, on a utilisé des campagnes télé et on a fait du DOOH pour faire émerger la marque. Nous avons eu des super scores de notoriété avec plus 5 points sur les 35-74 CSP+, et plus 8 points sur les familles. Et d'une manière générale, on essaie aussi de penser chaque activation avec une logique 360°. Nous avons un partenariat avec « The Social Food » que l'on a envoyé en Corée. Le premier guide papier sortira à la rentrée, où l'on pourra retrouver des adresses de leur voyage. Et on essaie de créer une narration qui dépasse le simple voyage. Nous cherchons à créer des récits qui ont du sens et qui s'inscrivent dans le temps. L'ambition est de nourrir l'image de marque.
Quels sont vos objectifs pour 2025-2026 ?
Outre le travail sur la notoriété, le prochain combat, c'est de construire une communauté (aujourd'hui 450 000 abonnés sur Instagram, Facebook et les newsletters). Car une fois que les voyageurs ont testé Evaneos, ils sont convaincus et deviennent les meilleurs prescripteurs. Je suis convaincue qu'une communauté, c'est plus fort que tout, parce que ça partage des valeurs, c'est au-delà de l'expression même de la marque. Et je pense que si on va chercher cette communauté, on aura fait un grand pas.
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