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[Bonnes feuilles] "Art et communication : un mariage d'amour et de raison" (3/4)

Publié par AMELLE NEBIA le | Mis à jour le
Nike Run sur un banc public
© Basse Def
Nike Run sur un banc public

"Le street art et le street marketing" est le troisième extrait des bonnes feuilles de l'ouvrage "Art et Communication : un mariage d'amour et de raison" d'Alexandre Kson paru aux éditions Kawa. Toutes les semaines retrouvez un extrait de cet ouvrage préfacé par Jacques Séguéla.

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Le street art est une forme d'art apparue assez récemment, c'est-à-dire au cours des années 60. Comment définir cette forme d'intrusion de l'art dans le quotidien, aux détours des rues, des ponts, des abris bus et des bancs publics... ? Allan Kaprow, l'un des tous premiers street artistes, parle ainsi de cette forme nouvelle de l'art : " L'art s'est déplacé de l'objet spécialisé en galerie vers l'environnement urbain réel. ". Usant et détournant les objets et les édifices du quotidien urbain, le street artiste remplit parfaitement cette mission dédiée à l'art de transfiguration du réel. La réalité en devient augmentée et trouve un sens supérieur et additionnel par ce détournement des objets du quotidien. Le spectateur est aussitôt transporté dans un ailleurs quasi magique, comme s'il s'agissait d'une illusion d'optique. Et c'est sans doute pourquoi les passionnés de street art apprécient tant cet art éphémère pour cette touche d'extraordinaire, un instant poétique, dans une routine quotidienne d'une société de consommation aseptisée.

Pour beaucoup, au contraire, tout cela relève du graffiti et de la dégradation du bien public, comme sur les murs des gares ou sur les ponts publics, entre canettes de bière et sacs plastiques. Mais il y a sans doute, autant de points communs entre la dégradation par un voyou d'un mur public et l'oeuvre d'un street artiste qu'entre la banderole bricolée par un manifestant lambda et le J'accuse de Zola.

Fort de ce pouvoir d'attraction et d'interpellation, le street art trouve une utilisation importante en marketing et plus précisément en street marketing. D'ailleurs, Banksy lui-même céda aux sirènes de la publicité et fit la promotion de l'enseigne suédoise IKEA : " People make design come to live ".

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Autre exemple : Miss.Tic. " Je suis la voyelle du mot voyou. " ; " Faire le mur. Jouer la fille de l'art " ; " Je n'attends rien de l'amour. C'est lui qui m'attend " ; " Un homme peut en cacher un autre. "... Dans l'oeuvre de Miss.Tic, les textes ou plutôt les aphorismes sont quasiment des accroches publicitaires ; ils sont aussi importants que les dessins faits au pochoir. Miss.Tic est une artiste urbaine qui depuis les années 80 bombe les rues de Paris. Son travail a très vite été reconnu et elle expose désormais dans le monde entier. En 2008, sont réunis dans un recueil Je prête à rire mais je donne à penser ses aphorismes et ses dessins les plus significatifs. Lors de la journée des femmes de 2011, La Poste reproduit sur des timbres certaines de ses oeuvres et en 2012, Agnès Varda lui consacre un portrait. Miss.Tic incarne la liberté, le refus des stéréotypes, le rejet des carcans et des prisons sociétales. A l'instar de Virginie Despentes qui introduit son ouvrage King Kong Théorie ainsi : " J'écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, les hystériques, les tarées, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf ", Miss.Tic bombe pour une certaine forme d'émancipation des femmes. Elle a notamment consacré une série de portraits au pochoir aux écrivaines qui personnifient le mieux cette liberté de choisir ce que l'on veut être : Christine Angot, " Ecrire comme on se purge " ; Françoise Sagan " Entre les lignes l'ivresse " ou encore Virginie Despentes " Rien de mâle ". Cette parole prise par l'artiste raisonne alors comme un appel contre toute forme de soumission aux rôles sociétaux attribués. Lorsque Simone de Beauvoir constate dans un salon bourgeois : " On ne naît pas femme, on le devient ", Miss.Tic est dans la rue.

Les dessins de Miss.Tic sont directs et ses textes percutants, en somme de véritables publicités. Il n'en fallait pas moins pour qu'une enseigne la remarque et lui propose de concevoir son logo et sa baseline. C'est ce que fit UCAR, société de location de véhicules, dont les camions sont recouverts d'un pochoir de Miss.Tic " Louer, c'est rester libre ".

Lire aussi : le premier extrait dédié aux liaisons entre art et commerce et le deuxième dédié à la photographie

Et "Street Art, Fines bulles et marketing" sur le cas Perrier


Bio express

Alexandre Kson est diplômé d'économie de l'université Paris X et exerce depuis 15 ans des responsabilités en marketing et communication dans de grands groupes comme PPR ou Office Dépôt. Il est aujourd'hui directeur des études pour Retif.

Ses passions : les romans de Françoise Sagan, de Jean d'Ormesson, d'Amélie Nothomb et de Marguerite Duras... Passionné d'art et de marketing, son livre " Art et Communication, un mariage d'amour et de raison " aux éditions KAWA est pour lui un pont entre deux mondes. Tout au long de son livre, il nous fait voyager dans les musées, les galeries d'art, les salles de concert et les agences de Publicité. Il nous remet en mémoire de nombreuses campagnes imaginées par des artistes ou utilisant des créations d'artistes. Les 1001 histoires de l'art dans la communication en somme. Il s'agit alors pour l'auteur d'analyser les différents usages de la culture dans le marketing - de la publicité jusqu'aux nouveaux concepts de magasins - et de proposer ce que pourrait être une nouvelle donne pour la culture dans la communication.

 
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