"Profitons-en pour ré-imaginer notre métier": Alexandre Drouillard (ici Barbès)
Enthousiasmante. C'est ainsi qu'il faut voir, selon Alexandre Drouillard, directeur de la création de ici Barbès et membre de l'AACC, "l'apocalypse" provoquée par le Covid-19. Ainsi se présente une opportunité pour réinventer le métier des agences, si souvent mal perçu.
- Quelles sont vos principales préoccupations professionnelles ?
La première des préoccupations est de garder le fil avec son équipe. Le management n'est pas toujours une chose aisée en temps normal, le management à distance l'est encore plus. Pourtant, chez ici Barbès, nous sommes très au point sur la télé travail depuis longtemps. Mais, malgré la technologie, les plateformes de visio-conférences, à mon sens, rien ne remplacera un " Tiens, tu devrais plutôt faire comme ça " en passant derrière l'écran d'un de ses créatifs pour être efficace.
D'autant que les créatifs sont des êtres sociaux par essence. Les idées naissent du partage, de discussions, de débats... être isolé pour un créatif, c'est un comble!
L'autre préoccupation est d'assurer la continuité de l'activité de l'agence. Limiter au maximum la casse en terme économique. Pour cela, il faut bien travailler avec nos clients, trouver le ton juste pour communiquer dans le contexte. Et puis il faut assurer le gain des appels d'offres qui continuent malgré la crise.
- Comment organisez-vous vos journées pendant le confinement ?
J'organise mes journées à peu près comme d'habitude. Je débute le travail plus tôt. L'avantage, c'est que je suis à 3 minutes de l'agence! Je fais tous les matins un petit mot à mon équipe sur Whatsapp pour demander des nouvelles, donner des instructions. Ensuite, j'oscille entre les conf-call, les points créa avec mon équipe et les e-mails pour la gestion de projets avec les consultants de l'agence. Je commence ou je termine la journée par une séance de sport à la maison. Le confinement peut affecter le moral, le sport permet de canaliser les pensées négatives.
Et puis il faut aussi accorder du temps pour s'occuper des enfants qui vivent une situation complètement inédite.
"Dans une journée, je suis directeur de création, cuisinier en chef, professeur des écoles, moniteur de colo"
En gros, en ce moment, dans une journée, je suis directeur de création, cuisinier en chef, professeur des écoles, moniteur de colo. Cela fait de bonnes journées.
- Arrivez-vous déjà à penser à l'après-crise ? Si oui, comment vous y préparez-vous ?
Je pense foncièrement qu'on ne va pas pouvoir tout recommencer comme avant. Je lisais hier un article de presse du sociologie Bruno Latour qui disait "L'apocalypse, c'est enthousiasmant". Pour lui, cette "apocalypse" que nous vivons est positive. Elle va permettre de recommencer une autre histoire, nous faire constater qu'il y a de nombreuses marges de manoeuvre, d'innovations à imaginer. Je partage cette idée. Et je pense que c'est valable pour notre métier qui parfois provoque chez les gens un rejet épidermique. L'humain est tel qu'il change lorsqu'il est au pied du mur. Profitons-en pour ré-imaginer ce métier qu'on aime tant.
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