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Vers une ville climatisée…

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Destiny ou pourquoi un opérateur de centre commercial prépare la première ville au monde construite sous une bulle de verre de 40 000 m2.

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En 1977, le duo Christin-Bilal publiait une BD, “La Ville qui n'existait pas” : pour se faire pardonner les dégâts sociaux engendrés par la fermeture des usines textiles contrôlées par sa famille, une riche héritière construisait une petite ville “de rêve” sous un vaste dôme de verre. Mélange de Disneyland et de village du Prisonnier, cette cité se révélait rapidement un vrai cauchemar climatisé. La force de cette BD tenait à sa dimension politique visant à enterrer cette vieille utopie urbaine, qui veut qu'une ville sans conflit et coupée du monde soit une garantie de bonheur. Une utopie qui n'a pourtant jamais complètement disparu, et notamment aux Etats-Unis où le phantasme de pouvoir créer ex nihilo des cités idylliques revient en force.

Nouveaux imaginaires


Cela a commencé avec le mouvement du new-urbanism et la construction - entre autres - de Seaside (où fut tourné Truman Show) et de la fameuse Celebration construite par Disney. Ce mouvement “revival” s'est depuis appliqué aux centres commerciaux qui tendent de plus en plus à reproduire l'image d'une petite ville piétonne. Nous avions précédemment évoqué City Place en Floride, mais l'on pourrait aussi citer Commons at Calabasas en Californie ou Philipps Place en Caroline du Nord. La seule faiblesse de ces centres étant d'être soumis aux aléas climatiques. Un investisseur américain vient de décider de créer au nord de l'Etat de New-York, entre Syracuse et le lac Michigan, une véritable ville comprenant plusieurs centres commerciaux thématiques, le tout sous une bulle de verre de 40 000 m2. Seuls le golf et la marina seront à l'air libre. Ce projet mégalomaniaque et qui répond au doux nom de Destiny USA devrait ouvrir en 2008. Avec pour vocation d'accueillir chaque année pas moins de 50 millions de visiteurs, dans ce qui se présente dès aujourd'hui comme “America new one tourist destination, the ultimate consumer experience” (en comparaison, Mall of America accueille 35 millions de visiteurs/an). Le cœur de l'offre se développera dans des quartiers directement inspirés sur le plan esthétique par des villes européennes idéalisées. On retrouve là ce syndrome du façadisme et de la fausse ville qui semble se généraliser (voir l'aéroport de Nagoya qui ouvrira en 2005). S'y ajoutent une fausse forêt et de vraies cascades, mais dix fois plus grands que dans nos Center Parcs.

Un modèle pour demain ?


Au-delà des loisirs, Destiny affiche une véritable ambition urbaine, fondée à la fois sur la création de 12 000 nouveaux emplois, et un ambitieux objectif écologique, la ville ne devant fonctionner qu'aux énergies renouvelables. Destiny marie à grande échelle shopping, entertainment, ville décor et air climatisé. Une des figures incontournables de la ville de demain ? Sans aucun doute.

 
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par François Bellanger, animateur du programme Transit-City

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