Relation client : où en sont les compagnies aériennes ?
Research International et Marketing Magazine se sont associés pour publier, tous les mois, les résultats de l'Observatoire de la Relation Client. Après avoir dressé l'état des lieux de la satisfaction et de la fidélité du secteur bancaire, de la téléphonie mobile, de la Grande Distribution, des Assurances et des services publics, l'Observatoire de la Relation Client (ORC) aborde ce mois-ci les mêmes thématiques appliquées à un secteur bien spécifique : celui du Transport aérien.
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Ce nouveau volet de l'ORC, réalisé en septembre et octobre derniers,
s'adressait uniquement aux personnes de l'échantillon ayant effectué au cours
des douze derniers mois, au moins un voyage en avion, que ce soit pour un motif
personnel ou professionnel. Notre échantillon comprend donc une clientèle très
diversifiée des compagnies aériennes, depuis l'interviewé n'ayant pris l'avion
qu'une seule fois dans l'année (la plupart du temps lors des dernières vacances
estivales) jusqu'aux voyageurs aériens plus réguliers (13 % de cet échantillon
a effectué au moins trois voyages en avion dans l'année). Nous avons recherché
derrière cette disparité, à trouver les éléments structurants qui caractérisent
les perceptions des clients à l'égard des compagnies aériennes, les facteurs
les plus explicatifs de la satisfaction globale et de la fidélisation, afin de
les mettre en perspective avec les fondements de la Relation Client que l'on a
analysés sur d'autres secteurs d'activité (voir les articles de synthèse parus
dans les précédents numéros de Marketing Magazine, du n° 70 au n° 74).
Une satisfaction globale "satisfaisante"
Le secteur du
Transport aérien recueille en moyenne une satisfaction globale de 7,6 sur 10,
note supérieure à celles que l'on avait observées sur tous les autres secteurs,
à l'exception des Assurances. Parmi les compétences que, d'une manière
générale, la clientèle accorde aux compagnies aériennes, figurent : le service
et la propreté à bord (respectivement notés 7,9 et 8,1), le niveau de sécurité
(8,0), la disponibilité et l'amabilité du personnel (7,9) ainsi que l'accueil
au guichet (7,8). Notons par ailleurs que la propreté de l'aéroport et
l'affichage des départs et arrivées sont, indépendamment des compagnies
aériennes, également bien jugés (en moyenne 8,0) par les voyageurs. En termes
d'image, les compagnies aériennes sont généralement considérées comme
professionnelles (7,6 sur 10) et en qui l'on peut avoir confiance (7,5). En
termes d'image toujours, les deux dimensions structurantes de la perception des
clients sont justement un axe de confiance et de proximité avec la clientèle
(18 % de la satisfaction) mais aussi un axe correspondant aux aspects
techniques et innovateurs de la compagnie (21 % de la satisfaction) - voir "Les
facteurs explicatifs de la satisfaction globale". Sur l'ensemble de ces
variables, la compagnie leader du marché recueille de la part de ses clients
des évaluations qui peuvent être même significativement supérieures, avec une
satisfaction globale élevée de 8,0.
Les variables moins bien perçues par les clients, et celles à améliorer
Comme dans beaucoup
de secteurs, ce sont les performances renvoyant à une forme
"d'individualisation du service" (attention portée aux demandes spécifiques ;
réponses à d'éventuelles réclamations ; diversité des services proposés) qui
sont moins bien perçues par la clientèle : elles obtiennent, respectivement,
les notes de 7,0, 6,9 et 6,9 sur 10, bien en retrait par rapport aux items
exprimant la "qualité du relationnel". Or, nos analyses montrent que
l'individualisation du service explique 12 % de la satisfaction déclarée (voir
"Les facteurs explicatifs de la satisfaction globale"), pratiquement à même
hauteur que la qualité du relationnel (15 %), qui est généralement acquise par
l'ensemble des compagnies. Les performances perçues en matière
d'individualisation du service apparaissent donc ici comme des valeurs à la
fois pertinentes et potentiellement très discriminantes du marché de l'aérien.
L'attente, si elle est notée de façon intermédiaire (7,4 pour l'attente au
guichet et 7,3 pour le respect des horaires de départ mais seulement 6,7 pour
les conditions d'attente avant l'embarquement), est un facteur constitutif du
Transport aérien et contribue fortement à la satisfaction de la clientèle (15 %
de contribution à lui seul). La variable prix préoccupe fortement les voyageurs
aériens quels qu'ils soient (petits ou gros). Cette préoccupation s'exprime par
leurs évaluations plutôt négatives, du rapport qualité/prix (6,9 sur 10), du
coût global du voyage (6,9) ou de la compétitivité des compagnies en général
(7,1). Elle s'exprime surtout par le fait que le prix est tout simplement la
performance qui reste la plus explicative de la satisfaction client : 19 % de
contribution. On remarquera enfin que les items d'image renvoyant aux valeurs
sociétales des compagnies aériennes, ou à ce que l'on appelle communément
"Développement Durable", tel que le respect de l'environnement ou le climat
social à l'interne, sont parmi les plus mal notés. Sur ces items, la compagnie
leader obtient les plus mauvais scores, comme si sa visibilité au sein du
marché français venait renforcer les "défauts" que la clientèle attribue de
façon générique au secteur aérien.
La satisfaction client, principal moteur de la fidélité dans le Transport aérien
L'indice
de fidélité du Transport aérien ("Si vous aviez à refaire le même voyage,
reprendriez-vous la même compagnie ?", qui prend des valeurs de 0 à 100, avec
100 représentant la fidélité absolue) est de 73, score honorable puisque
supérieur à celui des banques ou des opérateurs de téléphonie mobile, par
exemple. Ce même indice est de 79 pour la compagnie la mieux notée. 70 % de
cette fidélité s'explique par la satisfaction globale du client. Les 30 %
restants relèvent de facteurs d'inertie qui amènent à la fidélité ou à
l'infidélité, indépendamment du niveau de satisfaction déclaré. Ces facteurs
d'inertie sont : - d'un côté, la possession de points de fidélité ("mileage")
qui apparaît comme un moyen efficace de rétention de la clientèle, - de
l'autre, le comportement opportuniste de certains voyageurs qui les conduit à
saisir toute occasion, même s'ils sont contents de la compagnie aérienne
utilisée précédemment. Les clients d'Air France semblent spécifiques dans la
mesure où ils déclarent beaucoup plus que les autres : - « Je considère qu'il
n'est pas prudent de voyager avec des compagnies dont les tarifs sont très bas
.» - « Je n'ai pas confiance dans les compagnies que je ne connais pas bien.»
Ces déclarations, qui relèvent de ce que nous appelons l'inertie sectorielle
dans l'ORC (voir Glossaire du modèle), sont cohérentes avec le profil
"psychologique" de la clientèle d'Air France qui va elle-même se définir comme
moins "zappeuse" que celles des autres compagnies.
Les compagnies aériennes ont peu d'Otages
Le mapping de segmentation de la
clientèle selon un double axe Satisfaction/Fidélité fait apparaître : - 50 %
de clients "avocats", à la fois satisfaits et fidèles, - 28 % "d'opposants",
peu satisfaits et probablement infidèles ; - 14 % de clients "mercenaires",
constitués d'individus recherchant les offres les plus intéressantes, - des
clients, dans le quart Nord-Ouest du mapping, qui se considèrent "otages"
puisque leur fidélité exprimée est bien supérieure à leur satisfaction
déclarée. Dans le secteur aérien, ces "otages" ne constituent que 8 % de la
clientèle totale.
FICHE TECHNIQUE
Un échantillon de 500 personnes environ est interrogé chaque mois, en respectant strictement les quotas INSEE en termes d'âge, sexe, habitat, PCS du chef de famille, taille du foyer, région et habitat afin d'être totalement représentatif de la population française. Le questionnaire est administré en face-à-face par enquêteur au domicile de l'interviewé(e) et directement sur PC (CAPI).
GLOSSAIRE DU MODÈLE
Fidélité : selon les secteurs, elle est appréhendée sous trois aspects : inten- tion de fidélité ("remariage"), de résiliation ("divorce") et de multifidélité ("polygamie"). Inertie : c'est le degré de propension ou d'aversion au changement du consommateur. L'inertie peut être sectorielle (liée au manque d'informations, d'intérêt ou de compétence du client dans le secteur, ou bien à des barrières techniques au changement de fournisseur), mais aussi générale, c'est-à-dire au profil psychologique plus ou moins zappeur du client, quel que soit le secteur concerné. Satisfaction globale : l'ensemble des éléments qui contribuent à la valeur des produits, services et marques tels qu'ils sont perçus par les clients. Image : les variables retenues correspondent à différentes valeurs sociales, d'autorité et d'identification de la marque ou de la société. Performance : 15 items de qualité de produits et services perçus par les clients.
COMPAGNIES AÉRIENNES : LES INDICATEURS CLÉS
Indice synthétique de fidélité : 73 Compagnie ayant le meilleur indice : 79 Note de satisfaction globale : 7,6 Compagnie ayant la meilleure note : 8,0 Note de satisfaction Qualité/Prix : 7,0 Adhésion au programme de fidélité : 5 % Source : ORC, Observatoire de la Relation Client Research International
COMPAGNIES AÉRIENNES : LES FACTEURS EXPLICATIFS DE LA SATISFACTION GLOBALE
Contribution de l'image = 39 % Dont : Proximité / Confiance : 18 % Modernité/ Réputation technique : 21 % Contribution de la performance des produits et services = 61% Dont Prix : 19 % Individualisation du service : 12 % Temps d'attente : 15 % Qualité du Relationnel (disponibilité/amabilité) : 15 % Source : ORC, Observatoire de la Relation Client Research International
LES SECTEURS DÉJÀ ÉTUDIÉS PAR L'ORC
Les banques (MM n° 70) La Téléphonie mobile (MM n° 71) Les Hypermarchés (MM n° 72) Les Assurances (MM n° 73) La distribution de courrier (MM n° 74) La distribution d'électricité (MM n° 74) Le transport ferroviaire Les compagnies aériennes (MM n° 75) Contact Research International : Thierry Fabre.