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Le retour du facteur H (pour humain)

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Ipsos Public Affairs prédit une année 2012 plus humaine et révèle six tendances majeures autour du thème de la «réhumanisation», en réponse à une connexion outrancière au monde extérieur.

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L'humain revient en force. Telle est la tendance-clé qu' Ipsos Public Affairs a identifiée dans de nombreux domaines et que révèle l 'édition 2011 de son Trend Observer. «Jamais la demande d'humain n'a été aussi forte que ces derniers mois au sein des sociétés développées », insiste Rémy Oudghiri, directeur du département tendances et insights. Au total, six tendances se dégagent:

- Le besoin croissant de relation humaine. Conséquence de la connexion généralisée: les ventes de tablettes et de smartphones ont dépassé celles des ordinateurs. On assiste à un phénomène de virtualisation (aux Etats-Unis, FarmVille vend des tracteurs virtuels, Facebook crée sa monnaie, etc.). Pour Lise Brunet, directrice d'études, cette révolution ne pouvait que susciter un besoin de « recréer du concret, des contacts physiques, de réhumaniser». Des exemples parmi d'autres: McDo teste en France le service à table, les joueurs de jeux vidéo on line se donnent des RV physiques via une appli. « On veut des gens derrière les machines», résume Lise Brunet. Le dernier rapport du médiateur de la République a indiqué une hausse de 7 % des réclamations à propos du manque de moyens humains. «On ne gère pas les souffrances de la société par le tout technologique», indique-t-il. Et demain? « On va peut-être vers une fusion entre l'humain et la technologie», avance Rémy Oudghiri.

Méthodologie

Chaque année depuis 1997, Trend Observer détecte, explicite et hiérarchise les tendances qui vont se développer dans le futur. L'analyse repose sur plus d'une soixantaine d'interviews conduites dans six pays (France, Grande-Bretagne, Suède, Italie, Etats-Unis, Japon) auprès de trendsetters et d'experts ainsi que sur une veille.

- Une quête de réassurance qui passe par la proximité. Face aux crises en tout genre des derniers mois (alimentaires, financières, dettes... ), la méfiance des consommateurs n'a cessé d'augmenter: tout ce qui est «global» semble échapper au contrôle des individus comme des institutions. Les consommateurs se rassurent dans le bio et le local. Les formats de proximité se multiplient... Retrouver la confiance: voilà la priorité.

- Un besoin de stabilité. Syndrome Dexia, variations climatiques... De plus en plus de personnes se disent dépassées. Au Japon, les Mori Girls, une association de «filles de la forêt» revendiquent le fait de prendre leur temps. Aux EtatsUnis, le Mariott Renaissance Hotel propose à ses clients de déposer leurs appareils technologiques à l'arrivée. Les nouvelles du monde auxquelles le citoyen-consommateur est quotidiennement exposé (variations permanentes des cours en Bourse, des matières premières...) font penser au mouvement du «yoyo». D'où l'envie de réduire sa vitesse, de reprendre le contrôle sur sa vie...

- La nostalgie des «bonnes manières». Le «manque de savoir-vivre, l'agressivité des gens» sont cités comme la première source de stress en France, en Grande-Bretagne ou en Allemagne (cités respectivement par 60 %, 59 % et 47 % des personnes interrogées) . C'est la deuxième source de stress aux Etats-Unis (50 %). La politesse, valeur désuète, réapparaît: au Japon, les agences matrimoniales misent sur cette valeur refuge. En France, la RATP invite les voyageurs à faire attention aux autres dans sa campagne contre les incivilités. Autres exemples: la sortie du Petit Eloge de la gentillesse, du film La Délicatesse... Benetton va plus loin avec sa campagne «Unhate».

- Le désir d'humaniser les progrès technologiques. La spirale de la performance a de moins en moins de sens aux yeux des individus. Ils sont ainsi 35 % en France à se sentir «de plus en plus dépassés», depuis 2005, face aux nombreuses prouesses scientifiques ou techniques, qui selon eux, n'apportent pas de bénéfices tangibles. Cette situation engendre une recherche forte de lisibilité et de sens et ce, auprès de toutes les générations.

- L'envie de retrouver des rituels de rencontre. Les individus ont de plus en plus de mal à accorder leurs emplois du temps les uns avec les autres. Ainsi, 34 % des Français ont-ils «l'impression de voir de moins en moins de gens». L'une des raisons à ce constat vient du grand nombre de projets que les individus poursuivent. On consacre moins de temps aux autres. 30 % des Français passeraient moins d'une heure par jour avec leurs enfants. Pour vivre mieux, les femmes, dans le monde, auraient besoin de 4 h 54 de plus par jour (contre 3 h 36 pour les Françaises) et les hommes de 5 h 06 (contre 4 h 24 pour les Français). En conclusion, on sera de plus en plus connecté mais l'humain sera de plus en plus fort. Et les nouveaux mots aspirationnels sont «concret», «émotion», «lien», «douceur», «empathie», «stabilité»...

 
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CATHERINE HEURTEBISE

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