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Baby boomers : Eldorado ou marché incertain ?

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Alors que certains continuent de parler de “poules aux œufs d'or” en qualifiant les seniors, des spécialistes commencent à tirer la sonnette d'alarme. Les revenus des baby boomers ne seraient pas aussi élevés qu'on pourrait le penser.

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Tous les experts l'expliquent : le vieillissement de la population est une opportunité unique pour les entreprises qui veulent trouver des relais de croissance pour les décennies à venir. Et pour cause, les plus de 50 ans sont actuellement 20 millions en France et devraient être plus de 28 millions en 2030. Leur pouvoir d'achat est estimé à 132 milliards d'euros en 2003. Et les revenus des seniors incluant le patrimoine sont supérieurs de 31 % à la moyenne de l'ensemble des actifs. Mais est-ce pour autant l'Eldorado annoncé ? En 2001, les dépenses de retraite des pays de l'OCDE représentaient en moyenne 7,5 % du PIB. Une étude de novembre 2003, lancée par l'association des retraités américains (AARP) vient confirmer une étude française de Senior Stratégic (réalisée avant l'annonce du Perp, Plan d'épargne retraite populaire, et la possibilité de racheter des années de cotisation) et confirme qu'une grande partie des baby boomers n'ont pas assez économisé pour leur retraite. Déjà en Allemagne, 2004 verra le pouvoir d'achat des retraités diminuer. L'augmentation des pensions prévue au 1er juillet 2004 a été supprimée dans le cadre du plan d'urgence de réforme du système des retraites. En Grande-Bretagne, certains salariés voient leur niveau de revenus diminuer de plus de 40 % entre le montant de leur pension et de leur dernier salaire (source Millenium).

Une génération habituée à “beaucoup” consommer


L'attitude de la génération des baby-boomers est incertaine. Cette génération qui est aussi la plus aisée et la plus nombreuse a été habituée à “beaucoup” consommer. On a tendance à penser qu'elle ne changera pas ses habitudes, qu'elle va révolutionner la retraite. Pourtant, de plus en plus de signaux d'alerte, annoncent un autre scénario. Et évoquent les risques possibles d'une chute de la consommation dans les années à venir parce que la génération des baby-boomers commencerait à épargner plus que prévu. Dans beaucoup de pays, nous nous orientons vers des baisses significatives des pensions de retraite dans les années à venir. La France va progressivement augmenter le nombre d'années de cotisation nécessaires pour percevoir une retraite pleine. A cause du chômage et des difficultés que rencontrent sur le marché de l'emploi les salariés seniors (les baby-boomers), une partie importante des plus de 45 ans va voir son niveau de pension fortement diminuer. Aux Etats-Unis, huit personnes de 50 ans sur dix déclarent envisager de travailler pendant leur retraite pour compléter leur pension. L'un des pires scénarios serait donc que les baby-boomers, prenant brutalement conscience de l'ampleur des effets des réformes des retraites sur leur futur niveau de vie, se mettent à réduire leur consommation et à économiser. Ce scénario engendrerait une baisse de la consommation qui pourrait être brutale, si on considère le nombre important de baby-boomers. Les scénarios les plus optimistes prévoient que les baby-boomers vont, au contraire, continuer de dépenser, que l'activité économique va redémarrer. Ce qui devrait permettre de maintenir le fonctionnement des systèmes de retraite. Reste que leur pouvoir d'achat devrait rester plus élevé que ceux des seniors actuels. C'est plus une redistribution des dépenses qu'il faut prévoir, avec une hausse de la consommation dans certains domaines tels que la santé, les loisirs, la dépendance, les assurances, et une baisse dans d'autres. Ces prévisions doivent elles-mêmes être relativisées. La baisse de consommation et les changements éventuels dans la structure de la consommation pourraient se faire en plusieurs étapes. Dans un premier temps, les baby-boomers continueraient de consommer. Et ce ne serait que dans un deuxième temps, lorsque la peur d'un manque de revenus serait plus forte, qu'ils pourraient réduire leur consommation. Certains avaient promis “l'explosion” du marché de l'optique avec l'arrivée des baby boomers à l'âge de la presbytie. Cela n'a pas été le cas. Le marché des seniors est complexe, alors tordons le cou aux recettes miracles.

 
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Frédéric Serrière

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