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Le réseau B draine le gros des campagnes de masse

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Grâce à une meilleure signalétique par les codes-barres, le Réseau B de La Poste s'oriente vers un engagement qualité sur toute la prestation.

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La Poste exploite depuis bientôt six ans une structure de distribution particulière, baptisée Réseau B et destinée particulièrement aux grands comptes de courriers publicitaires. L'apparition de cette structure a été déterminée par une analyse de la logique du service universel. Avec une organisation unique, le même service classique de La Poste est offert partout sur le territoire national. Mais le courrier publicitaire obéit à des règles de saisonnalité, avec la concentration des campagnes massives sur certaines périodes favorables aux ventes. Ce flux variable se prête mal au traitement dans une structure uniforme. D'où la décision de créer une structure autonome, tournée vers la productivité et les grands volumes. « Nos objectifs sont d'offrir aux entreprises la performance et la sécurité grâce à un réseau industriel », affirme Christophe Lecarme, chef du projet courrier industriel à La Poste. Le réseau garantit la distribution de la totalité de la campagne dans un délai de sept jours. Depuis 2001 le Réseau B teste ces méthodes de contrôle des délais garantis, essentiellement avec les adhérents de la Fevad. Sur une centaine de campagnes en 2001, l'engagement de qualité a été contrôlé grâce à un panel de mesure composé de 5 000 personnes, inséré dans toutes les bases d'adresses. Ces personnes indiquent systématiquement, par le biais d'un serveur vocal dédié, la date de réception des courriers publicitaires. « Jusque-là, l'engagement qualité a été tenu avec 95 % de réussite », indique Christophe Lecarme. Le réseau fonctionne comme une structure d'acheminement autonome, basée sur neuf plates-formes régionales : Marseille, Bordeaux, Tours, Paris Nord, Paris Sud etc. La structure ne traite pas des courriers mais des sacs, comprenant chacun en moyenne 300 plis. Le mécanisme est basé sur un tri préalable, réalisé par l'entreprise ou bien par son prestataire, qu'il soit fabricant de courrier ou regroupeur. Suivant le volume, le tri sera effectué par département, par l'un des 112 centres de tri postal ou même par bureau distributeur (6 000 bureaux sur le territoire national). Le seuil de tri est déterminé par le volume de la cible. « Pour une campagne de 20 000 envois à destination des entreprises, le tri sera fait par département. Mais, pour une campagne d'envoi de magazines vers les cinq millions d'abonnés de Canal Plus, par exemple, les sacs seront vraisemblablement triés par bureau distributeur », explique de son côté Christophe Lecarme. L'entreprise dépose des sacs prétriés sur l'une des neuf plates-formes d'où ils seront acheminés vers les autres plates-formes du Réseau B. Le transport est assuré par les camions gros porteurs des entreprises privées spécialisées dans la messagerie. Après le tri sur la plate-forme de destination, les courriers sont réintégrés dans le circuit postal ordinaire pour la distribution aux destinataires. Les opérateurs qui se chargent du tri préalable, bénéficient alors des tarifs avantageux de la catégorie TS3 pour des envois de plus de 20 000 plis. Qui plus est, leur prestation de tri est rémunérée sur la qualité du service dans le cadre d'un contrat technique qu'ils passent avec La Poste.

Le Réseau B offre donc une option intéressante pour les opérateurs des grands volumes


Aujourd'hui, 20 millions de sacs sont véhiculés par le réseau B chaque année. La Redoute, les Trois Suisses, mais aussi Diffusion Plus, Koba, Eurodirect Marketing ou Bertelsmann comptent parmi les principaux clients de ce service. « Nous avons voulu rendre cette structure accessible aux clients mais également aux fabricants de courrier », estime Christophe Lecarme. De fait, on retrouve parmi ses utilisateurs aussi bien les Trois Suisses, dont l'atelier intégré produit quelque 300 millions de plis par an, que le même Canal Plus qui fait appel à quatre routeurs différents - mais tous passent désormais par le Réseau B. Près de soixante entreprises travaillent directement avec cette structure. Des routeurs principalement, mais aussi des regroupeurs de courrier qui permettent d'atteindre le seuil critique de 20 000 plis. Des regroupeurs comme Ditrimag génèrent jusqu'à 70 % d'envois directs en regroupant au maximum les flux qu'ils traitent. Ce qui permet de réduire les délais d'acheminement pour l'ensemble des participants. Le nombre total d'entreprises dont les courriers transitent par le réseau autonome avoisine alors les 10 000. L'initiative de faire appel au réseau alternatif n'émane pas nécessairement des grands routeurs. « Nous ne sommes pas préconisateurs pour l'utilisation du Réseau B par opposition au réseau universel, signale-t-on au service commercial d'Eurodirect Marketing. Au départ, cette structure a été créée pour les grands comptes de la VPC. Nous les avons naturellement suivis. Mais c'est le client qui décide lui-même de passer par tel réseau ou tel autre. Parmi les 450 millions de plis que nous traitons, il y a ceux qui passent par le Réseau B et ceux qui transitent par le réseau classique. » Plane derrière la création de ce réseau, l'ombre de la grande grève de La Poste de décembre 1995, qui avait fortement impacté le chiffre d'affaires des grands vépécistes français.

Un franc succès


Il n'empêche que les résultats sont au rendez-vous. La structure autonome connaît un franc succès. Sur le marché du marketing direct par courriers publicitaires, estimé à 9 milliards de francs, près de 7 milliards sont générés par des campagnes massives des grands comptes - et plus de 90 % de ce volume transite par le Réseau B. Aujourd'hui, la qualité de la prestation du Réseau B est renforcée grâce à l'utilisation des étiquettes à codes-barres. Ces étiquettes permettent le suivi précis des sacs jusqu'aux bureaux distributeurs. Une possibilité fort séduisante, puisqu'à peu près tous les grands comptes s'y sont ralliés. Quelque 62 % des clients du réseau B produisent aujourd'hui des étiquettes codes-barres pour leurs sacs d'acheminement. Et, côté Poste, on espère que ces étiquettes permettront à tous les acteurs de la chaîne, jusqu'aux bureaux distributeurs d'avoir une meilleure visibilité sur leur propre performance. L'engagement qualité déjà testé sur une centaine de campagnes cette année, pourrait alors être généralisé pour la totalité du réseau en 2002, signale-t-on chez Réseau B.

"Pourrait faire encore mieux !"


« Nous sommes assez satisfaits du fonctionnement du Réseau B, et notamment des modalités de remise contradictoire des plis, témoigne Xavier Moreau, directeur des activités marketing direct chez Bertelsmann Services. Globalement, la prise en charge se passe bien. Mais, dans le cadre d'un contrat postal, une opération de marketing direct est contractualisée par une date de dépôt. Cela signifie qu'un important volume de plis doit être acheminé et pris en charge par La Poste le même jour. Est-ce la meilleure solution ? Nous et nos clients, nous aurions de loin préféré étaler la remise et ainsi lisser le flux sur quelques jours. Pour nos clients, c'est la date de distribution au destinataire final qui compte, et non pas la date de remise dans le circuit d'acheminement. D'autant plus que, quand vous faites partir l'ensemble des plis de Paris à une date fixe, la date de distribution sera nécessairement différente suivant les régions et les bureaux de distribution. Si l'on pouvait élargir cette fenêtre de dépôt et en même temps distribuer l'ensemble des plis dans un créneau plus étroit, cela ne pourrait qu'améliorer la satisfaction des clients. Quant aux conditions de suivi des plis, aujourd'hui La Poste est en train de mettre en place le contrôle de l'acheminement, grâce aux étiquettes codes-barres. Mais la demande de nos clients va plutôt dans le sens du contrôle de distribution au destinataire final. Ils auraient préféré avoir un accès par Extranet avec une carte de France présentant la progression de la vague de distribution de leurs plis. »

"Le réseau B pourrait bientôt réduire les délais garantis ! "


« Le Réseau B de La Poste nous procure de multiples avantages, à commencer par l'enlèvement du courrier sur le site, témoigne Francis Devynck, responsable des relations postales chez Koba. Plus besoin d'aller déposer les plis, donc une économie de transports. De plus, l'accès direct à l'une des plates-formes du réseau regroupant plusieurs départements permet d'éviter le passage par un centre de tri postal. Ce qui engendre une réduction dans les délais d'acheminement. » Le seul site de Koba à Creil fait acheminer pas moins de 50 millions de plis par le Réseau B. Pour participer, Koba doit tenir des engagements stricts en matière de respect des normes postales. Et aussi veiller à regrouper tant que possible les plis par liasses ou sacs destinés à être livrés directement à des bureaux distributeurs. « Nous sommes rémunérés sur le pourcentage des sacs directs qui vont vers des bureaux, ou des liasses directes à l'intérieur d'un sac pour le même département », explique Francis Devynck. La rémunération est calculée par millier de plis. Elle peut varier entre 60 francs lorsqu'il s'agit des liasses et 170 francs pour les sacs. Et, quand l'opérateur ne parvient pas à constituer une liasse d'un poids requis, les plis sont alors mélangés à l'intérieur du sac, ce qui nécessitera un nouveau traitement dans un centre de tri postal. Dans ce dernier cas, aucune rémunération n'intervient. Autre avantage offert par le Réseau B : la signalétique et le traçage, avec l'utilisation des codes-barres. « Grâce aux étiquettes codes-barres nous pouvons suivre avec précision l'acheminement des sacs, confirme Francis Devynck. Aujourd'hui, les sacs directs passent en transit sans être ouverts par un centre de tri à l'arrivée, avant d'être dirigés vers les bureaux distributeurs. A l'avenir, grâce aux codes-barres, ils seront envoyés de la plate-forme du départ directement vers les principaux bureaux distributeurs, sans aucun détour par un centre de tri. » Cette perspective promet une nouvelle réduction dans les délais de livraison. « Nous allons obtenir des délais d'acheminement compris entre deux et quatre jours, soit proches des ceux du réseau classique, espère Francis Devynck. Et pas plus de trois jours pour la banlieue parisienne. Je pense qu'avec le développement de ces méthodes, bientôt le Réseau B pourra nous garantir des délais de cinq jours, au lieu de sept aujourd'hui ».

 
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Catherine Petit

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